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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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de Joséphine, à lui qui n’avait cessé de la tromper ?
    Ces réflexions déchirantes, dont aucune ne pouvait soulager Joséphine ni esquisser une solution de son état, se prolongèrent durant des jours. Napoléon ne semblait pas, en effet, pressé de rentrer à Paris. Quand sa douleur se calmait, Joséphine trouvait le loisir de réfléchir aux nouvelles dont on parlait à la cour, fût-ce à mi-voix, et à la situation que Napoléon découvrirait à son retour. Une part de l’opinion, impossible à évaluer, était scandalisée par la brutalité avec laquelle l’Empereur avait traité le pape ; déjà, en février 1808, quand les troupes françaises avaient occupé les États pontificaux, le Saint-Père avait été contraint de se réfugier au Quirinal ; mais le 10 juin 1809, alors même qu’il se battait sur le Danube, Napoléon avait fait officiellement annexer l’État pontifical. Dans la nuit du 10 au 11, Pie VII, celui-là même qui l’avait pour ainsi dire couronné, avait fait afficher dans la Ville éternelle une bulle d’excommunication de l’Empereur pour « violation sacrilège ».
    Joséphine l’avait appris en termes voilés quand l’interdiction d’en informer les Français était parvenue d’Autriche.
    Excommunié ! le mot revêtait pour elle une signification épouvantable, équivalant à la damnation éternelle ! Pis : le jour même de la bataille de Wagram, le pape avait été arrêté par le général Radet.
    Napoléon était-il vraiment devenu fou ? Défiait-il Dieu, maintenant ? Le ministre de la Marine, Denis Decrès, l’avait déjà clamé :
    — L’Empereur est fou, il nous perdra tous !
    Et Metternich avait aussi noté un changement dans le comportement de Napoléon :
    — Il donne l’impression de croire qu’il a atteint un point où toute modération est inutile.
    Joséphine flairait partout des relents de désastre ; elle trembla. L’arrestation du pape lui apparaissait comme un présage sinistre.
    Le traité de Vienne semblait bien long à rédiger ; il ne fut signé que le 14 octobre. Enfin, Napoléon se mit en route et prévint Joséphine par quelques lignes ; de Munich, le 21, il écrivit :
    Je suis ici depuis hier, bien portant. Je m’arrêterai un jour à Stuttgart. Tu seras prévenue, vingt-quatre heures d’avance, de mon arrivée à Fontainebleau. Je me fais une fête de te revoir et j’attends ce moment avec impatience. Je t’embrasse. Tout à toi.
    Il arriva à Fontainebleau le 26 octobre au matin. Elle n’y fut que le soir ; aussi était-elle venue sans grand enthousiasme. Il n’alla pas l’accueillir. Quand elle gagna ses appartements, elle constata qu’ils avaient été décorés de neuf. Puis elle s’avisa que la porte de communication avec les appartements de Napoléon avait été supprimée. Lorsqu’elle s’enquit de ces changements, il lui fut répondu que les ordres en avaient été envoyés de Vienne.
    Elle en comprit le sens.
    Elle descendit saluer le maître. Assis à son bureau, il leva la tête :
    — Ah, tu es enfin là ?
    Au dîner, il ne prit la parole que pour demander à son secrétaire Constant le temps qu’il faisait et partit au bout de quelques minutes pour une entrevue avec ses ministres.
    Tout était dit.

 
    37
 
« Des compliments de condoléances »
    Il avait demandé successivement à Hortense, puis à Cambacérès, d’annoncer à Joséphine sa décision de divorcer. Ils avaient refusé. La cour se transféra à Paris. Napoléon adressa alors un télégramme Chappe à Eugène, lui ordonnant de venir immédiatement à Paris. Mais l’arrivée d’Eugène n’y changea rien : lui non plus ne voulait pas annoncer le malheur à sa mère. Tout le palais des Tuileries était informé de la situation. Les expressions du personnel changèrent, exprimant malgré elles la compassion ou le détachement. Presque chaque soir, des musiques retentissaient dans le bâtiment : Pauline, princesse Borghèse, donnait des fêtes auxquelles, évidemment, elle n’invitait pas la disgraciée.
    La situation s’éternisa de la sorte, chaque heure durant un siècle. Le maître du monde n’osait pas affronter son épouse. Il devait, comme d’un coup de sabre à la turque, couper de haut en bas le corps unique que l’amour et l’ambition avaient formé à partir de deux êtres.
    Il n’en avait pas compris l’essence tragique : ils étaient deux infirmes et, une fois qu’ils seraient séparés, il

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