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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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s’installa à l’Élysée ; Napoléon avait promis de lui rendre visite plus souvent. Elle avait aussi d’autres raisons de changer de décor. Le 7, Son Altesse sérénissime le prince Eugène demanda à l’ambassadeur d’Autriche, le prince de Schwarzenberg, au nom de l’Empereur, la main de l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, la fille de l’empereur François II. Les Autrichiens s’en félicitèrent : leur désir le plus ardent était de se ménager une trêve au cours de laquelle ils pourraient reconstituer leurs forces. La main demandée fut accordée sans tarder (l’ambassadeur avait été rappelé d’une chasse et quasiment mis en demeure d’accepter la demande).
    Napoléon, exultant, dépêcha immédiatement Berthier à Vienne, en lui recommandant de ne pas s’y présenter comme prince de Wagram.
    Mais rien n’alla vraiment comme prévu.
    À Vienne, la jeune Marie-Louise, dix-neuf ans, était horrifiée. L’idée qu’elle devrait épouser l’ennemi de son pays, celui qui avait à deux reprises forcé la famille impériale à fuir de Vienne, un homme divorcé et, horribile dictu, excommunié, l’emplissait de répulsion. Cet homme-là, mais c’était un ogre ! Bien que contraint de sacrifier sa fille pour l’intérêt national, l’empereur François leva les bras au ciel : sa fille allait-elle épouser un bigame ? Et qui donc célébrerait son mariage, maintenant que le pape était assigné à résidence ? Et qui donc lèverait l’excommunication ?
    Bref, Napoléon n’était pas plus en odeur de sainteté à Vienne qu’il ne l’était à Saint-Pétersbourg.
    Il n’en savait rien et n’en avait cure : à quarante et un ans, il attendait une fiancée qu’il n’avait jamais vue avec la même impatience qu’un promis de village.
    Joséphine, informée par Eugène du peu d’enthousiasme des Autrichiens pour ce mariage, conserva sa sérénité. Elle espérait se concilier les bonnes grâces de Marie-Louise en apaisant les réticences de celle-ci à force de bonnes manières. Elle se résignait à son existence de répudiée qui n’était pas plus heureuse à l’Élysée qu’à la Malmaison. Les Bonaparte et les maréchaux donnaient bal sur bal, auxquels elle n’était jamais invitée. Elle s’enveloppa de cette indifférence qu’elle avait jadis observée chez les Noirs de la Martinique et qui faisait office d’un châle de l’âme.
    Quant à Napoléon, sa sollicitude s’affaiblissait au fur et à mesure des jours. Il avait évoqué une rencontre chez les Bessières à Grignon, il l’annula sous le prétexte qu’il était « un peu enrhumé ».
    Il demanda à Hortense de lui apprendre à danser. Autant enseigner le menuet à une vache.
    Le mariage eut d’abord lieu par procuration à Vienne, le 11 mars. Dès qu’il eut eu lieu, les préparatifs de l’arrivée en France de l’archiduchesse Marie-Louise et du mariage donnèrent la fièvre à la cour et même dans la capitale. Joséphine apprit que la presse avait reçu l’ordre de ne pas mentionner sa présence à Paris. Bref, elle était une morte vivante.
    De nouveau, elle prit son mal en patience, mais ce fut pour découvrir qu’à Paris même elle n’était plus la bienvenue. Le 12 février, Napoléon lui donna par décret le château de Navarre, près d’Évreux : « Tu pourras y aller le 27 mars pour y passer le mois d’avril », la prévint-il. Autant dire qu’il l’invitait à quitter Paris avant l’arrivée de Marie-Louise. Elle retourna à la Malmaison.
    Le 20 mars 1810, Napoléon, accompagné de Murat, partit en grande pompe au-devant de sa promise, en direction de Compiègne, dont il avait fait rénover le château de fond en comble ; car c’était là qu’il comptait célébrer ses secondes noces, exactement selon le protocole de mariage de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Là, n’y tenant plus, il se lança sur la route de Soissons. Il trouva le cortège de l’archiduchesse devant l’église de Courcelles, sous une pluie battante. Sans façons, le costume trempé, il monta dans sa voiture. L’ogre se jeta sur la brebis qu’il dévora de ses lèvres. Elle réprima sa révolte. Elle était déjà de méchante humeur depuis son départ de Vienne car Caroline, chargée d’organiser le voyage et de la conduire à bon port, avait écarté de sa suite toutes ses dames de cour et même son carlin, renvoyés à Vienne. Quel choix aussi que Caroline Murat ! Celle qui avait

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