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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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chassé de son trône la propre grand-tante de Marie-Louise, reine de Naples ! L’archiduchesse faillit exploser. Pas un visage connu pour la rassurer, et, comme elle avait pris froid dans les courants d’air du voyage, elle reniflait. Et pour couronner le tout, cet assaut !
    La nuit était tombée quand les deux cortèges arrivèrent à Compiègne. Une foule de courtisans et de curieux attendait le nouveau couple impérial. Entraînant Marie-Louise, égarée, Napoléon gagna le salon où l’attendaient ses fidèles, dont le cardinal Fesch, Murat, Eugène, Hortense. Après les civilités d’usage, Napoléon demanda au cardinal :
    — Suis-je marié ?
    — Civilement, oui, Sire, religieusement, non.
    Qu’à cela ne tînt. Napoléon fit servir un souper pour trois, le troisième convive étant Caroline. Sitôt le repas achevé, Marie-Louise fut conduite dans ses appartements. Napoléon lui annonça qu’il l’y rejoindrait dans l’heure.
    Chacun fut alors livré à ses propres conjectures. Le lendemain, 21 mars, tout le monde guetta l’apparition de la nouvelle impératrice. Un mot la résumait : ébaubie. Maintes années plus tard, en exil, Napoléon dirait qu’elle lui avait demandé de « le refaire ».
    Joséphine tarda, et même excessivement, à partir de Paris. Le 28, on l’informa de manière pressante que l’Empereur et la nouvelle Impératrice quitteraient bientôt Compiègne ; cela signifiait qu’elle devait déguerpir sans tarder. Le 29 mars, elle ordonna qu’on fît ses bagages avant de s’en aller pour le château de Navarre. Il était temps, le lendemain le cortège impérial s’ébranlait en direction de Saint-Cloud.
    À Évreux, les autorités de la ville vinrent présenter leurs hommages à Joséphine. Leurs mines étaient graves, comme navrées.
    — N’est-ce pas qu’ils avaient l’air de me faire des compliments de condoléances ? commenta-t-elle.

 
    38
 
Cent coups de canon
    Le château de Navarre était une bâtisse affreuse, bien qu’elle eût été construite par Mansart ; les gens du pays l’appelaient la Marmite, en raison d’un couvercle de plomb prévu pour recevoir une gigantesque statue de Turenne. La statue ne vint jamais, le couvercle resta. De surcroît, le château appartenait aux ducs de Bouillon, auxquels Napoléon l’avait confisqué, ce qui venait conforter le surnom. Les boiseries étaient pourries, les cheminées fumaient, les fenêtres ne fermaient pas et les toitures laissaient filtrer le vent et les premières pluies de printemps. Afin de satisfaire aux convenances, Napoléon en avait fait le centre d’un duché de sa confection, le duché de Navarre. Joséphine avait demandé des fonds pour le restaurer, mais les attendait encore. Ce fut là qu’Eugène et Hortense allèrent retrouver leur mère après le mariage. Ils lui racontèrent tout dans le détail.
    Le mariage civil avait été renouvelé le 1 er avril. Quant au mariage religieux, il avait été célébré dans la chapelle du Louvre.
    — C’était le même manteau que tu portais, dit Hortense. Et c’étaient Caroline, Pauline, Élisa et moi qui tenions la traîne.
    — Pourvu qu’il soit heureux, dit simplement Joséphine. Eugène raconta de son côté que Napoléon avait voulu montrer la capitale à sa nouvelle épouse, et sa nouvelle épouse à la capitale. Ainsi, le 1 er et le 2 avril, était-il passé en carrosse avec elle, mais si curieusement attifé, avec un grand col de dentelle et une toque à plumes, que les badauds s’étaient demandé qui était cette femme près de l’impératrice. Sans doute sa duègne, avaient supposé certains.
    — Et elle, comment est-elle ? avait demandé Joséphine, sans autre commentaire, car elle demeurait fidèle à l’image de son ancien époux.
    Hortense lui rapporta que l’archiduchesse n’avait pas séduit la cour : rougeaude, épaisse et gauche, elle ne pouvait, même de loin, le disputer au souvenir de celle qui l’avait précédée sur le trône.
    — Ce château est vraiment délabré, dit Eugène, pour changer de sujet. Je crois que l’Empereur accepte que tu retournes à la Malmaison.
    — Il te l’a dit ?
    — Oui, mais mieux vaut le lui faire confirmer par lettre.
    Ce 19 avril 1810, elle écrivit donc à Napoléon pour demander la permission de rentrer à la Malmaison. Une lettre étrangement cérémonieuse, presque servile et longue :
    Sire,
    Je reçois par mon fils l’assurance que Votre Majesté

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