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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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conventionnels. Les muscadins, pour la plupart des royalistes, se voyaient donc condamnés à la minorité et ils en étaient furieux.
    — Viens dîner tout à l’heure, lui dit Thérésa. Barras sera là. La situation est grave.
    Ce serait donc un conseil de guerre et, de fait, la Chaumière servit de camp d’état-major.
    — Les royalistes se sont armés, annonça Barras. Ils se sont organisés par quartier et nos espions nous ont informés qu’ils comptent s’emparer des Tuileries, le siège de la Convention, abolir le Directoire et proclamer la restauration de la royauté.
    — Et qui donc voudraient-ils remettre sur le trône ? s’enquit Rose.
    — Le comte de Provence, répondit Tallien. Il se fait déjà appeler Louis XVIII.
    Après avoir penché à gauche au risque de verser dans le fossé, la France, tel un postillon ivre, menaçait de pencher à droite. L’idée vint à Rose que le pays avait surtout besoin d’être dirigé d’une main plus ferme que celles des conventionnels.
    — Ma mie, n’envisagiez-vous pas de vous rendre à Hambourg pour vos affaires ? lui demanda Barras en aparté, à la fin de la soirée. Je pense que le moment est propice. Paris pourrait devenir ces jours-ci un champ de bataille, et j’attache trop d’importance à votre sécurité.
    — Et mes enfants ?
    — Votre fils Eugène est sous la protection de Hoche, et je ne crois pas que quiconque s’en prendra à l’établissement où se trouve votre fille Hortense.
    Elle prépara donc ses bagages.
    Le lendemain de son arrivée à Hambourg, le 12 vendémiaire, c’est-à-dire le 5 octobre 1795, au terme de neuf jours de voyage, elle se rendit à la banque de MM. Matthiessen et Sissen, où le premier lui remit trois lettres de change d’une valeur totale de 1 000 livres anglaises, ce qui, au cours du jour et selon l’inflation régnant alors en France, représentait la somme mirifique de 1,8 million de francs, à valoir sur ses propriétés de la Martinique, alors sous séquestre anglais.
    Matthiessen avait épousé une nièce de Mme de Genlis, dans les salons de laquelle Alexandre de Beauharnais avait jadis emmené son épouse apprendre le grand bon genre. Car il lui avait enseigné qu’une personne se définissait selon qu’elle appartenait à l’un des quatre genres de base : le grand bon, le mauvais grand, et le petit bon, qui était à peu près équivalent du  petit mauvais. « Le plus difficile, avait-il ajouté, est le grand mauvais genre, qui ne convient qu’à des femmes libres, et qui est donc déconseillé à des épouses respectables, mais qui est irrésistible. »
    Rose se trouva donc avec le banquier en terrain de connaissance. Il se montra chaleureux et serviable.
    — Permettez-moi, madame, de vous donner un conseil : ne convertissez que le moins possible de cet argent. Les finances de la France sont, en effet, dans un état désastreux, et la valeur de ces lettres ne fera que croître.
    Les finances de Rose n’étaient guère plus vaillantes ; les biens d’Alexandre de Beauharnais étant encore sous séquestre, elle ne vivait que des avances parcimonieuses du marquis son beau-père et des libéralités de Barras. Encore étourdie par le montant de la somme annoncée, elle remercia le banquier.
    — Et laissez-moi me féliciter que vous ayez été absente de Paris ces jours derniers.
    — Pourquoi ?
    — De violents combats y ont eu lieu ces deux derniers jours, nous venons de l’apprendre ce matin par le télégraphe Chappe. Le général Barras a écrasé une insurrection royaliste qui tentait de s’emparer des Tuileries.
    Aussi Barras l’avait-il prévenue.
    Elle rentra à Paris le coeur battant sans qu’elle sût pourquoi et ne regagna sa sérénité que lorsqu’elle eut vérifié que son hôtel était intact. Elle fit prévenir Barras ; le domestique revint avec un message du général la priant le soir même à un grand dîner en l’honneur de la victoire contre les insurgés de Vendémiaire. C’était le 19 dudit mois, une semaine après la victoire contre les royalistes.
    Il y avait bien là cent personnes et l’hôtel rutilait de tous ses feux. Outre Tallien, bien sûr, Rose reconnut quelques conventionnels qu’elle avait vus à la Chaumière, Roger-Ducos, Moulin, Fouché, Rewbell, La Révellière-Lépeaux, la vieille garde, quoi, la mine plus triomphale que jamais.
    Le maître des lieux s’empressa auprès d’elle, suivi de ses courtisans – quel autre

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