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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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Bonaparte, alors âgée de dix-huit ans, épousa civilement le beau Joachim Murat, trente-trois ans, qui l’avait réveillée en pleine nuit chez Mme Campan pour lui annoncer la bonne nouvelle. Tout le clan y fut, et Joséphine dut se résigner à subir le feu des regards acérés des Bonaparte, particulièrement de Laetitia, d’Élisa et de Pauline, exaspérés par ce mariage qu’ils estimaient au-dessous de leur condition ; tout grand soldat qu’il fût, Murat n’était que le fils d’un aubergiste, et d’ailleurs Napoléon s’était d’abord opposé à l’union. Mais Joséphine, les Bonaparte le savaient, s’était entremise, dans l’espoir de gagner les bonnes grâces de la jeune fille. Et « la Vieille » avait fait mollir son époux. Ils ne lui en surent aucun gré : elle n’avait pas contribué à la dot de la mariée, constituée par Napoléon et ses deux frères, Joseph et Lucien ; elle était « une endettée », tout Paris le savait et en daubait.
    Les jeunes mariés se virent offrir l’hôtel de Brionne à Paris et un beau domaine à Neuilly.
    Surveillée, contrôlée, sans aucun pouvoir, fût-ce sur ses propres enfants, sans plus de consolations secrètes comme lui en  avaient généreusement offert le pauvre Lazare Hoche et, mieux encore, Hippolyte Charles, Joséphine se retrouva dépouillée de presque tout ce qui avait fait sa vie, à l’exception des dettes. Les seuls plaisirs de l’amour étaient ceux que lui concédait donc Bonaparte, quand il n’était pas trop fatigué ou trop bougon, et le plus souvent à sa manière expéditive, sinon militaire.
    Ne pouvant plus avoir d’amants, elle reporta sur son seul époux toute l’ardeur que la nature lui avait trop généreusement prodiguée. Elle identifia son destin à celui de Bonaparte, toute sa correspondance, et même ses lettres à ses proches et surtout à ses enfants, témoignent de sa dévotion à l’homme auquel elle était alors mariée depuis quatre ans, mais avec lequel elle n’en avait vécu qu’un en tout. Dans de telles conditions, la jalousie pointa. Joséphine organisa un système d’espionnage, sans doute avec le concours de Fouché, fût-il parcimonieux. À Sainte-Hélène, Napoléon se plaindra d’« une jalousie qui ne [lui] laissait pas de repos ».
    La sienne n’avait pas été défaillante non plus, et elle avait causé une fois un embrouillamini pénible. Surveillant toujours le courrier envoyé et reçu par Joséphine, il lui fit un jour remettre par Duroc, l’aide de camp et futur disgracié, un billet de Mme de Château-Renaud, l’ancienne amie qu’il avait bannie. Joséphine en fut stupéfaite. Elle lut le billet : l’expéditrice lui demandait s’il lui était possible de lui rembourser l’une des sommes qu’elle lui avait prêtées, car Mme de Château-Renaud, comme bien d’autres, avait été créancière de Joséphine. Sachant que sa réaction serait rapportée à Bonaparte, elle trembla une fois de plus, car elle lui cachait toujours le véritable montant de ses dettes.
    — Mme de Château-Renaud me demande un service, déclara-t-elle, voici la réponse.
    Et elle tendit une bourse à Duroc.
    — Dites-lui bien, ajouta-t-elle, que je me trouve heureuse de pouvoir l’obliger.
    C’était une lâcheté et, même, lardée de grossièreté, mais telle était la terreur que Bonaparte inspirait à Joséphine. Quand la bourse et le propos eurent été rapportés à Mme de
    Château-Renaud, la vieille amitié entre les deux femmes fut donc foulée aux pieds.
    Pour le moment, toutefois, Bonaparte avait d’autres soucis.
    Il avait été nommé Premier consul ; encore fallait-il que le peuple y crût. Un plébiscite y pourvut, adroitement manipulé par Lucien Bonaparte : il fit accroire à l’opinion qu’une large majorité, trois millions de oui sur cinq millions de votes exprimés, avait approuvé le consulat. Des calculs récents ont démontré qu’il y en avait juste la moitié, un million et demi. La majorité du pays était anti-jacobine et royaliste. Le consulat était minoritaire. Mais il en eût fallu davantage pour intimider Bonaparte.
    Il entamait son ascension et l’un des signes les plus éclatants en fut l’annonce du nouveau déménagement annoncé : le Luxembourg n’était pas à la hauteur du prestige du nouveau gouvernement, fictivement confirmé par le plébiscite. C’était aux Tuileries qu’il devait siéger ; il s’y installa donc avec

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