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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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prisonnier. Les patriotes devaient préparer l’avenir… Or la Constitution ne lui prévoyait aucun successeur.
    Toujours pressé de triompher, Lucien avança ses pions, et Joséphine apprit par Fouché l’existence d’un « parti de Lucien », qui paradoxalement comptait des partisans parmi les factions opposées, les « brumairiens mécontents », agacés par les postures impérieuses du Directoire puis du Consulat, mais aussi les opportunistes qui se prévaudraient d’avoir fait le bon choix si le Premier consul tombait sous les balles autrichiennes.
    On parla également d’un « complot d’Auteuil », dans lequel trempait Talleyrand, qui possédait une maison dans les parages, mais où Moreau et Leclerc étaient également impliqués. Le 24 juin, Lucien écrivit imprudemment à Joseph :
    Les intrigues d’Auteuil ont continué. On a beaucoup balancé entre C… et La F. […] Ce dernier m’a fait proposer sa fille en mariage. Je ne sais pas encore si le grand-prêtre se déciderait pour l’un ou pour l’autre.
    C. était Carnot et La F., La Fayette ; quant au « grand-prêtre », c’était l’ancien évêque d’Autun, le Diable boiteux en personne, Talleyrand. L’imprudence de Lucien avait été de rapporter ces menées à Joseph : à l’évidence, il ignorait que Bonaparte faisait secrètement ouvrir tout le courrier de ses proches, et, comme il se méfiait déjà de Lucien, l’intérêt de ce dernier pour ces grenouillages ne fit que l’indisposer davantage.
    Joséphine ne savait plus que penser. Elle recevait toujours des lettres enflammées de son époux, aussi bien que des reproches, parce qu’elle ne répondait pas assez souvent. Mais s’il tombait en Italie, sa destinée s’arrêterait sans doute là. Elle n’aurait plus qu’à se retirer à la Malmaison, qu’elle n’avait pas encore fini de payer…
    Le moment le plus pénible advint pour elle le 20 juin 1800. Quelques instants avant qu’elle ouvrît une réception pour le corps diplomatique et les membres du gouvernement, la rumeur courut Paris et parvint à sa porte : l’armée française avait subi un terrible désastre en Italie et Bonaparte avait été tué. Elle demeura impassible. Pas une larme, pas un mot. Le destin avait donc frappé. Elle se leva pour accueillir ses invités. Alors qu’elle pénétrait dans le grand salon du premier étage, un remous se fit à la porte. Un messager militaire s’empressa vers elle et déposa à ses pieds deux drapeaux autrichiens criblés de balles.
    Et il lui annonça la victoire de Marengo. Bonaparte était vivant.
    Elle se redressa. Son visage se métamorphosa et rayonna. Dans les heures et les jours qui suivirent, Paris, la France et puis l’Europe apprirent la victoire du Premier consul, puis celle de Moreau à Hohenlinden. Un armistice avait été signé à Steyr. L’Autriche avait renoncé à toutes ses places fortes en Italie.
    Le cauchemar était passé pour Joséphine.
    Mieux : la victoire de Marengo la fit briller d’un éclat plus vif que jamais. Elle donna le lendemain un grand dîner à la Malmaison, et chacun fut saisi par la beauté nouvelle qui l’irradiait.
    Le ciel noir s’était déchiré, le soleil étincelait de nouveau.
    Si Bonaparte avait son étoile, elle la protégeait de ses mains. C’était un amour au-delà des corps, peut-être ce fluide magnétique dont Bonaparte avait un jour supposé qu’il les unissait.
    Il rentra à Paris le 2 juillet. Une foule immense courut aux Tuileries pour l’ovationner. Il apparut au balcon et jouit longtemps des acclamations.
    Son pouvoir était désormais affirmé aux yeux de tous. Mais tout restait à faire.
    Joséphine se refusa d’abord à y penser. Ce problème de la succession de Bonaparte en évoquait fugacement un autre qu’elle ne connaissait que trop bien : elle était stérile. Elle n’aurait jamais d’autres enfants qu’Eugène et Hortense. Mais Bonaparte n’était pas monarque, et l’établissement d’une dynastie n’était pas à l’ordre du jour. Seul un adulte expérimenté pouvait succéder à un Premier consul, et l’esprit de Bonaparte était assez fertile pour imaginer une solution, sinon plusieurs, telles que la désignation de Joseph, puisque Lucien s’agitait trop pour qu’on pût lui faire confiance.
    La question ne revêtait donc aucune urgence ; mais il serait bon de dissuader Bonaparte de jamais monter sur un trône. Bourrienne, mémorialiste suspect s’il en fut

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