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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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Joséphine le 19 février 1800.
    Il fit couper les arbres de la Liberté que le Comité de salut public avait plantés sous ses fenêtres, et effacer les bonnets phrygiens et autres symboles révolutionnaires :
    — Enlevez-moi ces saletés !
    Joséphine n’en demeura pas moins consternée du transfert. Les Tuileries, le palais où Louis XVI, Marie-Antoinette et la famille royale avaient été enfermés en octobre 1789, après avoir été ramenés de force de Versailles ? La visite des lieux ne lui laissa pas une meilleure impression que celle du Luxembourg ; elle la confia à Hortense.
    — Je ne serai pas heureuse ici, me dit-elle, j’éprouve de noirs pressentiments en y entrant.
    Mais enfin, Bonaparte régnait en maître tout-puissant sur sa vie comme sur celle de la France ; elle ne pouvait que se résigner ; dans sa course vers le pouvoir, il entraînait famille et alliés comme ces chefs d’antan qui traînaient leurs captifs ligotés derrière leur char.
    Parfois, il évoquait un esclave qui se serait affranchi et brûlerait de la volonté de revanche. Quand il l’emmena, le soir, dans la chambre à coucher, il dit à Joséphine :
    — Viens, petite créole, entre dans le lit de tes maîtres.
    Elle se rappelait parfois les prédictions de la métisse Euphémie, là-bas, dans le passé, aux Trois-Ilets. Peut-être songea-t-elle que ces prédictions mirifiques n’étaient pas des bénédictions.
    Puis le soleil se voila.

 
    22
 
Le sacrement de sang
    Bonaparte avait fait trop bon marché de la hargne tenace que la Révolution et la décapitation de Louis XVI, de Marie-Antoinette et de milliers d’innocents avaient déclenchée dans les monarchies étrangères, surtout l’autrichienne. En fait, la France était en guerre avec le monde entier, l’Angleterre, l’Autriche, la Russie et même les États-Unis.
    Au printemps, les Autrichiens, maîtres de l’Italie, tenaient Masséna assiégé dans Gênes ; de là, ils commandaient l’accès de la Provence. La République était en danger.
    Bonaparte constitua en secret une armée, qu’il appela « de réserve », mais s’empressa de la conduire à Lyon ; de là, en mai, il entra en Suisse, et franchit le col du Grand-Saint-Bernard, comme l’avait fait Hannibal vingt siècles plus tôt ; aventure risquée, car il commandait quarante mille hommes. Puis il gagna la vallée du Pô. Après une étape à Milan, il attaqua l’ennemi par l’arrière, tandis que Moreau, sur le Danube, empêchait les Autrichiens d’envoyer du renfort. Pris de court et voyant leur retraite menacée, les Autrichiens ripostèrent vigoureusement ; aussi ils étaient plus nombreux et dotés d’une artillerie plus puissante. À 14 heures, les Français étaient vaincus à Marengo, et le général autrichien Melas se retira, persuadé d’avoir gagné. Nenni : les troupes de Louis Desaix arrivèrent à la rescousse. À 17 heures, Marengo était devenu le nom d’une éclatante victoire française. En une heure, l’Italie était rendue à la France.
    Desaix n’en tira aucun profit : il mourut pendant la bataille. Mais Bonaparte y sauva son nom autant que la patrie. « Mon pouvoir dépend de ma gloire, et ma gloire, des mes victoires », avait-il dit à Bourrienne.
    Quand les nouvelles de la victoire atteignirent Paris, elles y provoquèrent une explosion de joie, la première de cette ampleur qu’on eût vue depuis bien des années.
    Entre-temps, Joséphine et le clan Bonaparte avaient vécu des heures sombres.
    Dès que Paris apprit l’absence de Bonaparte, un brouillard de rumeurs malignes et d’hypothèses séditieuses se répandit, pareilles à des vapeurs méphitiques. Les mécontents de tous bords reprirent du poil de la bête, royalistes enrageant de la pacification ignominieuse de la Vendée et brûlant d’accélérer le retour de la royauté, jacobins frustrés de la dérive de la République vers la dictature.
    Bien évidemment, ceux qui avaient été écartés du pouvoir, les Gohier, Sieyès, Lemercier, et même les ennemis intimes qu’étaient Fouché et Lucien, l’éternel frustré, soufflèrent leurs fumées sur un ciel qui leur avait jusqu’alors paru trop calme. Il était peu douteux que Joseph eût fait partie de ces conspirateurs si Bonaparte ne l’avait emmené avec lui en Italie, de même que Louis et Murat. Bonaparte, arguaient ces gens, ne pouvait être éternellement victorieux, il pouvait tomber au combat ou être fait

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