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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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as fait trembler tout le monde, lui dit Joséphine en aparté. On te croira méchant.
    Le terme était alors plus fort qu’aujourd’hui. Lord Whitworth ne tarda pas à regagner l’Angleterre. Le lendemain, tout Paris était au fait de l’incident : il annonçait, rapporte Hortense, la fin de la paix. Les quelque dix mille voyageurs anglais qui  goûtaient aux délices françaises déguerpirent. La suite était prévisible : le 18 mai 1803, George III déclara la guerre à la France. Mais celle-ci continua à croire que le Premier consul avait été poussé à bout par les provocations anglaises.
    L’hostilité anglaise n’était pas un fantasme paranoïaque de Bonaparte : le gouvernement de George III observait d’un oeil inquiet les visées hégémoniques du Premier consul, dont témoignait la mainmise sur l’Italie, et la constitution d’un empire colonial qui empiétait sur ses chasses gardées. En 1800, Bonaparte avait acheté la Louisiane à l’Espagne ; puis il avait lancé une expédition sur Saint-Domingue et la Martinique, dont il avait confié la direction à son beau-frère, le général Victor Leclerc, mari de Pauline Bonaparte. Les Anglais, de plus, n’avaient pas oublié que l’expédition d’Égypte avait été destinée à leur couper la route des Indes ; ce Bonaparte n’était décidément pas de leurs amis et, s’il voulait jouer au plus fort, ils lui montreraient de quel bois ils se chauffaient.
    L’éclat de Bonaparte, qui déclencha la formation de la Troisième Coalition et aboutit douze ans plus tard à l’humiliation du traité de Vienne, était certes hors de proportion avec la répugnance des Anglais à quitter Malte. Il a été attribué par certains historiens à l’aversion que Lord Whitworth, qui dominait Bonaparte d’une tête, inspirait à ce dernier. Mais il y avait d’autres hommes grands dans l’entourage du Premier consul, tel Murat, qui ne suscitaient pas en lui d’aigreurs. L’on peut donc arguer tout au plus que la haute taille de l’Anglais fut une circonstance aggravante, mais certes pas la cause d’une déclaration de guerre. L’hostilité méprisante de l’opinion anglaise à l’égard de Bonaparte et de sa famille joua un rôle bien plus déterminant. Elle fouetta l’ambition irrépressible et bientôt démesurée de Bonaparte et sa volonté de revanche sur l’Angleterre.
    Joséphine fut certainement consciente de la métamorphose de son époux ; le goût croissant du faste et le comportement de plus en plus impérieux de celui-ci révélaient chaque jour davantage la haute idée qu’il se faisait de lui-même. On n’en trouve aucun écho direct dans la correspondance ni les propos connus de Joséphine ; qu’eut-elle pu dire, d’ailleurs, qui n’était évident ? Une seule réflexion indirecte dans les propos d’Hortense témoigne de sa résignation et de celle de sa mère :
    — Mon beau-père est une comète dont nous ne sommes que la queue ; nous devons le suivre sans savoir où il nous emmène – pour notre bonheur ou pour notre chagrin.
    La première conséquence de la déclaration de guerre anglaise fut l’embargo des côtes françaises et la saisie des navires français. Sur l’ordre de son maître, Fouché fit alors arrêter tous les Anglais qui n’étaient pas rentrés chez eux. Joséphine et Hortense le reprochèrent à Bonaparte ; sa seule réponse consista à prendre Joséphine dans ses bras et à lui répondre :
    — Vous êtes des enfants !
    Entre-temps, il ranima le projet échevelé d’envahir l’Angleterre. Ce que Hoche n’avait pu faire en 1797, il le réussirait ! Boulogne, Calais, Dunkerque renforcèrent leurs défenses, car nul n’avait oublié le bombardement de Copenhague par les Anglais en 1801. Furieux de la coalition nordique, alors formée par les Russes, les Suédois, les Danois et les Prussiens, tacitement soutenus par la France, pour protéger le commerce neutre en mer du Nord et en mer Baltique, les Anglais avaient, en effet, dépêché les amiraux Parker et Nelson pour détruire la capitale danoise.
    — Si nous dominons la Manche pendant six heures, avait clamé le Premier consul devant les amiraux de la flotte française, nous sommes les maîtres du monde !
    Indifférent à leur réserve, il avait ajouté :
    — En trois jours, dans des circonstances favorables et par temps de brouillard, je peux être maître de Londres, du Parlement et de la Banque d’Angleterre.
    Propos

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