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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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hardis.
    Joséphine, elle, savourait une autre vengeance.
    Depuis des mois, la rumeur parisienne se régalait des récits des exploits amoureux de Pauline Bonaparte, l’une des femmes du clan qui la détestaient le plus. Fouché les ciselait et les enrichissait de précisions supplémentaires à l’intention de
    Joséphine ; mais la prudence invitait à faire la part de ses sympathies et antipathies dans ce qu’il racontait, puisqu’il n’était plus ministre de la Police depuis septembre 1802 et qu’il était donc bien moins informé qu’avant. Quand il avait l’occasion de colporter ses ragots auprès de Bonaparte, ce dernier les écoutait d’un oeil mi-clos et la mine pincée ; il traînait déjà le boulet de l’agitation galante de Lucien, qui semblait au moins aussi échauffé que sa soeur et défrayait également la chronique par des affaires d’alcôves ; or il répugnait à faire des remontrances à sa famille.
    Pauline, cependant, avait passé les bornes. Le plus juteux des ragots sur son compte était qu’elle était restée trois jours et trois nuits dans sa chambre à coucher avec le général Alexandre MacDonald.
    Bonaparte lui ordonna d’accompagner son mari outremer. Elle se récria. Quitter Paris ! Il promit de lui faire envoyer les dernières créations des faiseuses parisiennes, car elle en était une cliente assidue. Enfin, elle dut se plier à la volonté fraternelle, mais, avant de se résoudre à rejoindre Leclerc à Toulon, où celui-ci surveillait les préparatifs de l’expédition, elle organisa une orgie mémorable : elle réunit dans sa maison cinq de ses amants qui, pendant trois jours et trois nuits – encore ! –, se partagèrent ses faveurs. « C’était la plus grande traînée imaginable, écrivit l’un d’eux, plus tard, et la plus désirable. »
    Dans ses abandons les plus effrénés aux plaisirs de la chair, Joséphine n’en avait jamais fait le cinquième. Elle et Hortense prenaient donc des airs entendus chaque fois que l’on évoquait devant elles le nom de Pauline.
    Mais enfin celle-ci partit.
    Quand elle revint, le 1 er janvier 1803, ce fut en larmes : elle était veuve et ramenait le corps de son mari. Leclerc avait succombé à la fièvre jaune. Et s’il n’y avait eu que lui ! Vingt-cinq mille soldats du corps expéditionnaire l’avaient précédé ou suivi dans la tombe. L’expédition française avait été un désastre. La garnison française de la Martinique avait dû se rendre aux Anglais et les anciens esclaves de Saint-Domingue, qu’ils appelaient de son nom africain « Haïti », avaient subi avec indignation le rétablissement de l’esclavage, aboli en 1789 ; ils ne  voulaient pas d’une domination française ; ils s’étaient donné un chef, Toussaint-Louverture, qui avait proclamé l’indépendance de l’île. Or les Français s’en étaient emparés et l’avaient expédié en France, où il était mort en prison ; mais un ancien général français, le mulâtre Jean-Jacques Dessalines, avait pris sa succession et les Américains, hostiles aux Français et liés à l’Angleterre, le soutenaient en sous-main.
    Étrange paradoxe que celui d’un État esclavagiste qui prétendait prendre la défense d’une jeune nation d’affranchis, alors qu’il se refusait farouchement à l’abolition de l’esclavage.
    Vingt-cinq mille morts aux Antilles, quinze mille en Égypte, le sang français avait décidément engraissé beaucoup de terres étrangères et les aventures exotiques ne réussissaient guère à la République.
    Ce fut alors que Bonaparte s’avisa qu’il ne pouvait mener deux guerres sur deux fronts, l’un outremer et l’autre sur le continent. Il vendit la Louisiane aux États-Unis.
    Le souvenir des Antilles battait toujours dans le coeur de Joséphine ; elle ne pouvait oublier que, dans sa jeunesse, elle avait aimé les Noirs et qu’ils le lui avaient rendu. Tout ce qui se passait là-bas était détestable, mais elle n’y pouvait rien.
    Elle avait désormais d’autres soucis : la question de la succession reparaissait, comme un spectre malin.
    Un spectre qui avait partie liée avec la guerre et les ambitions de son époux.

 
    26
 
« Tu succomberas le premier
dans l’abîme que tu creuses aujourd’hui… »
    Après Mlle Rolandeau, Mlle Duchesnois, puis Mlle George, ces deux dernières de la Comédie-Française, Bonaparte avait un faible prononcé pour les actrices. Il s’en cachait à

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