Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Journal de Jules Renard de 1893-1898

Journal de Jules Renard de 1893-1898

Titel: Journal de Jules Renard de 1893-1898 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Renard
Vom Netzwerk:
donne pas de sous, mais on leur donne notre adresse.
Enlevé l'or des blés, il reste l'argent des éteules.
L'esprit vit aux dépens du corps : si tu te portes bien, tu penseras mal.
La rêverie est le clair de lune de la pensée.
Il faut regarder la vérité en poëte.
On aime d'abord la nature.
    Ce n'est que bien plus tard qu'on arrive à l'homme.
La foi stupide ne peut que déplaire à Dieu.
Les grands boeufs puissants qui ont l'air d'avoir été créés avant l'homme.
Quelle bonne promenade, tout à coup gâtée parce que le fermier du château ne me salue pas ! Nous lui achetons pourtant assez. Je le regarde en face. Je provoque son salut, mais il n'a qu'un regard sournois et clignotant. Il tousse et passe, feint d'arracher un chardon, de rejeter une pierre de la route dans le fossé.
Et pourquoi me saluerait-il ? Je ne dégage pas encore cette odeur de sainteté qui charme et conquiert.
Lève-toi ! Déjà la terre est peuplée de travailleurs. Le paysan coupe son blé. Les boeufs s'occupent à manger. Les voix humaines montent vers le soleil où déjà l'alouette est arrivée. Une petite fille revient de porter la soupe.
Il faut d'abord défaire ce qu'on te croit : c'est possible. Puis, tu tâcheras de montrer ce que tu es : tu n'y arriveras jamais.
Quelques gouttes de rosée sur une toile d'araignée, et voilà une rivière de diamants.
8 août.
Ils écrivent « Leconte de L'Isle », comme s'il s'appelait Rouget.
L'éclusier connaît les habitudes des perdrix. Le matin, elles viennent boire au canal.
    Elles restent dans les prés pendant la chaleur. Venu le soir, elles regagnent le plateau où elles picorent et se couchent. Les mariniers sont les meilleurs braconniers. Sur leur bateau, ils ont des perdrix comme oiseau d'agrément : par leur chant, elles attirent les autres.
Regarder les choses de tout le monde avec un éclairage personnel.
Sortir pour fumer une cigarette d'air.
Ces littérateurs sont comme les tonneaux des Danaïdes : ils laissent passer toute l'humanité.
Le large coup de dents que la faux donne aux foins.
Barrès, un grand écrivain. Il ne lui manque que de savoir être médiocre. De là, ses échecs aux élections nationales et cette fatigue que ceux qui l'aiment le mieux éprouvent à le lire.
J'aime tant mon village que je n'aime pas voir les autres s'y installer.
Je vais sacrifier à mon père quelques perdrix.
Comme Chateaubriand, je bâille ma vie.
J'écris d'humbles livres pour les servantes de mes bons maîtres.
Au théâtre, il y a toujours quelque chose de mécaniquement prévu, qui m'est insupportable.
Comme nous ne sommes pas sûrs de notre courage, nous ne voulons pas avoir l'air de douter du courage d'autrui.
L'hirondelle, le jouet préféré du vent.
    Une tempête qui nous retourne l'âme.
15 août.
Distribution des prix à Chaumot. En plein jour, ils hésitent à accepter le verre de sirop de groseille qu'on leur tend. Vienne un peu de nuit, ils prendront le vin dans la cave. Ceux qui ne résistent pas à la misère de l'enfance ont l'air d'idiots, ceux qui s'en tirent, de sauvages.
Tant qu'ils n'ont point passé la porte, il faut crier pour qu'ils entrent ; une fois entrés, ils disent : « Nous sommes chez nous. »
Marinette élève la voix pour les faire placer. Une vieille femme dit : « Entendez-vous comme elle gueule ! »
D'abord, tu sauras qu'il ne faut pas compter sur les fruits de la bonté, ensuite, même sur les fleurs.
Comme on fait circuler les verres de sirop, des paysans détournent la tête. Il faut les appeler comme s'ils étaient très loin.
Le désir de savoir la vérité oblige à se faire petit comme eux.
Restons chez nous : nous y sommes passables. Ne sortons pas : nos défauts nous attendent à la porte comme des mouches.
Bucoliques : Ici, pas de sorciers : les paysans ne croient pas aux sortilèges. Quelques figures sinistres, mais la misère enlaidit.
Cette vieille femme a le gros ventre ; rien, là, de ténébreux : ce n'est pas la faute du diable.
    La pire explication, c'est que peut-être elle cache sous son tablier des légumes volés dans les champs.
Elle dit à Ragotte :
- Tu es comme moi, tu as beau vivre dans la société des « monsieurs », tu parles aussi mal une fois qu'une autre, toujours patois.
- On ne me comprendrait plus si je parlais autrement, dit Ragotte.
Un coup de poing garni de fleurs.
Des dindes au teint d'Anglaises constipées.
Les maisons ne regardent plus dans la rue que par leurs portes ouvertes et lumineuses. Toute la

Weitere Kostenlose Bücher