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Journal de Jules Renard de 1893-1898

Journal de Jules Renard de 1893-1898

Titel: Journal de Jules Renard de 1893-1898 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Renard
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arts, et je tâche de me résigner à un seul.
Un pré rasé de frais.
Un vieil arbre fait d'autant de terre que de bois.
Dans la brume, du clocher on ne voit que l'ombre. La brume se dissipe, et le clocher s'achève.
Les cigognes crient comme des gamins qui sortent de classe.
Je dis : « Je vais travailler demain », et j'ai peur de travailler aujourd'hui. Je suis inquiet. Il me semble que je ne me repose pas assez.
    Mon père voit mes défauts, mais je remarque ses ridicules.
C'est le jeûne qui fait le saint, et la sobriété, l'homme de bon sens.
Donnez la raison au loup, mais ne lui laissez pas la faim.
Son fusil dans ses bras, comme un enfant terrible.
Quand elle va au cimetière, elle arrache un brin de mauvaise herbe sur la tombe de chaque mort qu'elle a connu. Elle les a tous connus.
Un salon de médecin de province où tous les fauteuils sont en chemise de nuit.
28 octobre.
On parle du pied ridiculement petit de Pierre Loti.
- Ce doit être ce qu'on appelle le pied marin, dit Bernard.
Un auteur gai disait, avant Médée :
- Depuis Cyrano, Mendès ne dort plus.
Le même auteur gai dit, après Médée :
- Mendès n'est pas près de fermer l'oeiI.
29 octobre.
Et, maintenant, je peux faire plusieurs fois le tour du cimetière sans penser à mon père.
L'absolu n'a guère plus de sens aujourd'hui que son adverbe.
31 octobre.
Il ne faut pas craindre de laisser notre esprit paître un peu, chaque jour, des herbes narcotiques dans les champs illimités du rêve.
    On n'aime pas les défauts de ses amis, mais on y tient.
- Ça paiera toujours votre tabac.
- Oui, parce que je ne fume pas.
Paul Acker faisait ses premiers vingt-huit jours au régiment où il avait déjà fait son année. On y avait lu Les Dispensés de l'article 23. Le colonel s'approcha de lui et lui dit : « Cochon ! Saligaud ! Châtré ! » Tous les officiers tournaient autour de lui en lui soufflant des insultes. On ne le punit pas.
Les sous-officiers le félicitaient d'avoir dit des vérités.
- Il faut dire des vérités, lui répétait le sergent maître d'armes. Ainsi, il faut dire que, nous autres, nous devons passer adjudants, parce que nous ne pouvons rien contre des adjudants qui ne font pas d'armes Il faut écrire ça dans La Lanterne et signer Bassou. Je lis tous les articles signés Bassou.
Jamais je n'ai éprouvé d'émotion sincère au théâtre, sauf à mes pièces.
Elle était de ces femmes à qui l'on ne peut pas dire qu'elles sont fraîches comme des roses sans qu'elles répondent : « Demi-closes. »
Cette femme mariée est si jolie que nous la mépriserions un peu si elle n'avait pas d'amants.
1er novembre.
Il aimait à dire des choses désagréables. Comme il était sourd, il croyait peut-être qu'on n'entendait pas.
    4 novembre.
Un jeune, c'est celui qui n'a pas encore menti.
Vous vous étonnez de quelques bizarreries originales, mais vous ne vous plaignez pas des médiocrités.
Une négresse, c'est une femme qui a des grains de beauté plus nombreux que les grains de sable de la mer.
Je me jette à vos pieds, madame, s'il y a un bon coussin.
L'humoriste, c'est un homme de bonne mauvaise humeur.
5 novembre.
Si je ne gagne pas d'argent, je tâcherai de tourner ça en vertu.
Je suis un libre-penseur qui voudrait bien avoir pour ami un bon curé.
C'est tout de même un peu fort, de croire que l'abondance est une qualité !
La franchise, est-ce bien une qualité ? Si oui, elle est à la portée de tout le monde ; mais peu de gens tendent la main vers elle.
Le chien garde un morceau pour la bonne gueule.
6 novembre.
De presque toute littérature on peut dire que c'est trop long.
Je veux me faire un style clair aux yeux comme une matinée de printemps.
Il gagne 5.200 francs à La Rochelle, et voudrait venir à Paris. Hébrard, du Temps, est disposé à prendre tout ce qu'il apportera. Est-ce que je n'ai pas un sujet d'article ?
    - Mon cher, dit-il, tu ne sais pas quelle boue est la politique.
Il connaît un professeur de philosophie très distingué qui dit de moi : « C'est la sérénité dans l'insignifiance. »
- Ça ne te fait rien, n'est-ce pas, que je te dise ça ?
D'ailleurs, il connaît aussi un médecin qui aime beaucoup ce que je fais.
- Personne, dit-il, ne te comprend comme moi. Je crois que ce que tu as fait de mieux, c'est Coquecigrues, ou ton premier livre.
Puis, il s'invite à déjeuner.
- Tu sais ? dit-il. Je m'invite sans façons.
Ah ! sale engeance !
7 novembre.
Baïe joue avec Fantec à s'enfoncer sous les draps du

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