Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
Vom Netzwerk:
cris et des vivats: «Hourra! Vive la mariée! Vive Salaberry!» On entendait même des «Vive les Voltigeurs canadiens!» La clameur était telle que le lendemain, exagérant à peine, certains diraient l’avoir entendue jusqu’au fort, de l’autre côté du bassin.
    Chambly en liesse assistait à la métamorphose de la timide demoiselle de Rouville qui, au sortir de l’église, était devenue la fière madame de Salaberry, radieuse et sereine au bras de son mari, le commandant des Voltigeurs canadiens, droit comme un i dans son uniforme de parade et saluant la foule.
    Du beau monde se pressait sur le parvis de l’église, décorée de brassées de branches de lilas, de pommiers ou de cerisiers, tout comme la salle de l’auberge où aurait lieu le repas de noces. Des messieurs arborant les habits les plus chics et des chapeaux hauts de forme, plusieurs officiers en uniforme avec bicorne sous le bras, accompagnés de dames et de demoiselles en grande toilette et coiffées de chapeaux aux rubans de couleurs pastel.
    L’allégresse fut à son comble lorsque le couple prit place dans une calèche ornée de banderoles pour se rendre à l’auberge. En guise de cortège, les invités suivaient à pied la voiture nuptiale: il fallait voir l’air réjoui de l’Honorable Melchior de Rouville, sa dame à son bras. Suivaient leur fils, promu capitaine d’une compagnie des Voltigeurs, et l’Honorable Louis de Salaberry, noble géant aux cheveux blanchis s’appuyant sur son extravagante canne.
    â€” Nous voici mariés, mon ange! glissa Charles à l’oreille de Julie en l’embrassant.
    Â«Mon ange!» Chaque fois qu’elle entendait ces mots, Julie exultait.
    â€” Quel beau mariage, dit madame Bresse aux demoiselles de Niverville qui l’attendaient avant d’entrer dans l’auberge, ces dernières habillées au goût du jour pour une fois – madame Talham ayant réussi l’exploit de retailler de vieilles robes pour en faire des neuves. Encore que je ne vois pas de généraux. C’est curieux, alors qu’on ne parle que de guerre et de régiments. Le marié est pourtant un gradé de haut rang.
    Les sœurs Niverville approuvèrent du chef, tout aussi déçues de ne pas y voir la mère du marié et les autres demoiselles de Salaberry. Elles compatissaient, bien sûr, à la douleur de la pauvre femme. Mais enfin! Aujourd’hui était une occasion de réjouissance pour ce même cœur de mère. Après tout – fallait-il le rappeler? – monsieur de Salaberry épousait la demoiselle de Rouville… Même le général de Rottenburg était absent au mariage de leur chère petite.
    â€” Où est-il, celui-là? ergota l’une des demoiselles.
    â€” Mais de qui parlez-vous? demanda Françoise Bresse.
    â€” Nous parlions de ce fameux «Rottenbourg» , bien évidemment, affirma l’autre, prononçant à la française le nom du général.
    â€” Il aurait pu se faire remplacer par le gouverneur!
    â€” Voyez-vous ça, dit monsieur Boileau, moqueur. Mais ces grands hommes sont retenus par les affaires de la guerre, chères dames.
    L’extravagant personnage salua les bessonnes avec une exagération soigneusement calculée, son nouveau chapeau de castor venu de Londres frôlant le sol, avant de se retrouver en équilibre sur la perruque fraîchement poudrée. Au bras de son époux, madame Boileau ignora totalement les demoiselles, toujours vexée des propos malveillants tenus chez Marguerite.
    Le père et la mère étaient naturellement accompagnés de leurs enfants: le notaire et ses sœurs, Emmélie, Zoé et Sophie, cette dernière au bras de son fiancé, Toussaint Drolet, qu’elle épouserait à l’automne si la guerre ne venait pas contrarier leurs projets. Ainsi entouré de sa troupe, monsieur Boileau fit son entrée dans l’auberge de monsieur Vincelet avec l’assurance d’un prince, ignorant superbement le regard courroucé de l’aubergiste qui venait au-devant de son ennemi.
    René entraîna Vincelet par le bras.
    â€” Nous sommes d’accord que les prochaines heures appartiennent à vos hôtes. Laissons là nos disputes.
    Vincelet protesta pour la forme. Commerçant

Weitere Kostenlose Bücher