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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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coin, des barils de viande salée. L’endroit était idéal. Dans le silence de la nuit, le grondement incessant des rapides de la rivière qui faisaient face à la vieille maison des Niverville suffisait à masquer le va-et-vient d’individus charroyant les tonnelets en provenance du Vermont. Un soir que le sergent Peltier, venant à peine de congédier ses complices, s’employait à placer le dernier arrivage, une lanterne tenue par une main inconnue éclaira soudain le hangar.
    â€” Ainsi, on m’avait bien informé!
    C’était la voix du capitaine de Rouville.
    â€” Parbleu! lâcha le sergent. Capitaine, vous m’avez fait peur.
    â€” Tu aurais eu encore plus peur si cela avait été mon beau-frère, le major, qui avait surpris ton petit commerce.
    â€” Que voulez-vous dire, capitaine? demanda innocemment Peltier.
    â€” Que si tu veux faire des affaires sur mon terrain, tu dois m’en demander la permission. Ces demoiselles qui t’hébergent sont de vieilles amies de ma famille. Aussi bien dire que tu es chez moi.
    Peltier cracha par terre. Se voyant découvert, le sergent comprit immédiatement qu’il allait devoir rogner sur ses profits. Il avait toujours soupçonné le capitaine de Rouville d’avoir la conscience plus ou moins nette. Entre filous, on se reconnaît.
    â€” Ça rapporte? demanda Rouville, à l’instant où le sergent commençait à calculer mentalement la part de profit qu’il était prêt à sacrifier. Certes! Suffisamment de «la belle argent», car un homme comme toi est trop malin pour risquer la cour martiale pour quelques misérables deniers. Combien?
    â€” Une livre le baril, répondit Peltier.
    â€” C’est tout?
    â€” Une livre pour vous, capitaine, précisa le contrebandier, ce qui représentait déjà une somme rondelette. Je vous offre la moitié de ce que ça me rapporte, une fois tous les frais payés, bien entendu.
    â€” Une livre? Je te trouve bien avare.
    â€” Je dois payer passeurs et revendeurs, plaida le sergent, et tous les risques sont pour moi.
    â€” Tu m’en donnes deux et je ferme les yeux. Voyons voir combien tu as de barils. Douze, compta-t-il. Tu me dois donc vingt-quatre livres.
    Rouville devait toujours de l’argent à ses hommes. Des sommes qu’il tentait de gagner en passant sa soirée chez Bunker à parier ou à jouer. En découvrant le trafic de viande à l’intérieur du camp, il avait vite compris qu’il pourrait en tirer profit.
    â€” Une livre, dix chelins le baril, négocia Peltier en soupirant.
    Il fallait vingt chelins – mot francisé par les Canadiens pour désigner le shilling – pour faire une livre anglaise…
    â€” Sinon j’y perds trop et il ne me restera plus qu’à abandonner mon petit commerce. Je peux vous donner la moitié de cette somme dès demain, ajouta-t-il en sachant que Rouville était à court.
    â€” Soit, accepta Rouville, et quand viendra le reste?
    â€” La semaine prochaine, capitaine.
    â€” C’est dire qu’il y aura un nouvel arrivage bientôt. Tiens-moi au courant, ordonna-t-il.
    Tout en rageant intérieurement, Peltier entreprit de dévoiler à son capitaine suffisamment d’informations pour endormir sa méfiance. La marchandise de contrebande voyageait sur la rive droite de la rivière Chambly pour traverser le cours d’eau à la hauteur du chemin Sainte-Thérèse grâce à des complices aux pattes bien graissées et Peltier recevait sa livraison avant de l’écouler dans le camp de Chambly par l’entremise de quelques revendeurs à sa solde.
    Peltier avait modifié légèrement la vérité, assuré que Rouville ne se risquerait pas à tremper dans des manigances qui menaceraient sa quiétude. «Rusé, mais couard», estima Peltier. Après tout, il était le beau-frère du commandant des Voltigeurs et se devait de garder les mains relativement propres. Quoi qu’il en soit, désormais, Peltier se méfierait.
    Â 

Chapitre 22
La revue du gouverneur
    Au mois d’août, le gouverneur Prévost honora Chambly de sa présence. Son Excellence avait élu domicile au presbytère, suivant la tradition voulant que les personnages importants soient hébergés au presbytère. Un secrétaire,

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