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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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lui.
    â€” Salaberry, mon vieux, je vous cherchais.
    â€” Je vous rappelle qu’ici, je suis votre supérieur, capitaine de Rouville. Comme c’est curieux, moi aussi, je vous cherchais.
    â€” Il s’agit de l’affaire Lareau, colonel.
    â€” Vraiment? fit Salaberry, sarcastique.
    â€” Un témoin important dans cette cause a été oublié. Il s’agit du voltigeur Louis Charland, de ma compagnie. Ce dernier a des révélations importantes à vous faire.
    â€” Le voltigeur Louis Charland n’est-il pas à Saint-Philippe? J’allais justement vous donner l’ordre de le faire venir à Chambly le plus rapidement possible.
    â€” Sachant que la cause était urgente, j’ai pris sur moi de le faire chercher, déclara Ovide. C’est ce que je voulais vous dire. Il vient d’arriver.
    â€” Rouville, vous n’aviez pas à faire revenir ce voltigeur ici sans mon autorisation, mais étant donné qu’il est un témoin capital dans cette cause et que je dois l’interroger, je passerai outre, pour cette fois.
    â€” Je m’en souviendrai, mon colonel, fit Ovide, faussement humble.
    â€” Amenez-le ici.
    Ovide sortit, dissimulant un sourire.

    Lorsqu’on le fit entrer dans la pièce aux vieux murs de pierre qui évoquait plus un cachot que le bureau du commandant du fort, Charland tremblait comme une feuille. Sa confiance dans le corps des Voltigeurs avait été émoussée depuis l’arrestation de son ami Lareau. En apprenant que le capitaine de Rouville le faisait venir à Chambly, il s’était demandé tout le long du chemin si ce n’était pas pour l’arrêter à son tour. Et voilà qu’il était devant le colonel de Salaberry, se demandant toujours pourquoi on l’avait fait appeler.
    â€” Quel est ton nom?
    â€” Louis Charland, colonel, de la compagnie du capitaine de Rouville.
    â€” Connais-tu le voltigeur Lareau?
    â€” Heu…
    Charland avait si peur qu’il hésitait à répondre à cette simple question, craignant de s’incriminer.
    â€” Réponds! ordonna Salaberry.
    â€” Oui, colonel, nous sommes dans la même compagnie.
    â€” Je n’ai pas besoin de t’apprendre qu’il a été arrêté et de quoi on l’a accusé.
    â€” C’est impossible, mon colonel, s’écria subitement Charland, la peur au ventre. Lareau et moi, on était toujours ensemble. Il ne peut pas avoir déserté.
    â€” Pourtant, le sergent Peltier a déclaré sous serment que ton ami Lareau l’avait incité à le faire.
    â€” Faut pas le croire, colonel Salaberry. C’est Peltier qui voulait déserter, il n’arrêtait pas de le répéter. Il nous a même demandé de venir avec lui, mais on a dit non.
    Charland n’en pouvait plus de toutes ces questions. Il se demandait à chaque fois s’il ne serait pas accusé à son tour d’un crime qu’il n’avait pas commis.
    â€” Faut pas croire Peltier, mon colonel, insista-t-il sans attendre que Salaberry l’interroge de nouveau. À Chambly, il trafiquait de la viande, c’était même un des meneurs de l’émeute, l’été passé, lorsque vous étiez parti. Mais personne ne l’a dénoncé.
    â€” Et toi, pourquoi tu ne l’as pas fait, si tu étais au courant?
    â€” Il ne cessait de nous menacer avec son couteau, fit Charland en faisant mine de se trancher la gorge.
    Salaberry commençait à entrevoir ce qui avait pu se passer. L’armée était un univers dur et brutal, et on pouvait être certain d’y retrouver de la canaille. Et parmi ces hommes de sac et de corde se trouvaient aussi des âmes sincères comme Charland et Lareau.
    â€” C’est Noël. On m’a dit que tu es de Chambly. Puisque tu es chez toi, prends trois jours de permission pour aller voir ta famille avant de t’en retourner à Saint-Philippe.
    La reconnaissance qu’il y avait dans les yeux de Charland valait tout l’or du monde pour le commandant des Voltigeurs.
    â€” Merci, mon colonel! répondit le jeune homme, franchement soulagé. Et pour Lareau?
    â€” Je ne vais pas me priver des services de deux bons voltigeurs comme Lareau et toi, le rassura Salaberry.
    â€” Ah! À vos ordres, colonel.
    â€” En attendant de revoir ton ami, que tes lèvres restent

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