Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
Vom Netzwerk:
attribuer la paternité du système de défense, alors que je n’ai fait qu’inspecter vos installations, puisque cela relevait de ma responsabilité. Et je n’avais rien à y ajouter, puisqu’elles étaient parfaitement planifiées.
    Mais la sincérité de Watteville et ses excuses ne servirent à rien. Salaberry était humilié. Et son supérieur cherchait encore à comprendre ce qui avait motivé Prévost à tricher à ce point. Pourtant, il estimait l’homme. Dès son arrivée au pays, l’été dernier, sa femme et lui avaient immédiatement sympathisé avec Sir George et Lady Prévost. Mais il y avait Baynes qui, dans l’ombre, tirait les ficelles.
    â€” Je ne sais pas quoi vous dire, mon ami, sinon que ni vos hommes ni la population canadienne ne s’y tromperont. Cette victoire est la vôtre.
    Mais aucune parole ne pouvait effacer l’outrage fait à Salaberry. Châteauguay, c’était la chance qu’il attendait. Et Prévost s’en emparait. Au vu et au su de tous, il lui retirait sa victoire.
    Prévost! Comme il le haïssait! Mais il ne l’emporterait pas en paradis. Il lui tordrait le cou, à ce salaud!

    De retour à Montréal, Prévost avait convoqué son secrétaire personnel pour dicter une lettre à Lord Bathurst, le ministre de la Guerre en Angleterre. Dans cette lettre officielle que personne ne lirait au Canada, le compte rendu de la bataille de Châteauguay se révélait encore plus mensonger que le texte publié dans la Gazette de Québec .
    Quartier général, Montréal, 30 octobre 1813
    My Lord,
    J’ai l’honneur de transmettre mon rapport à Votre Grâce. Le major général Hampton a occupé avec une force considérable une position sur la rivière Châteauguay, près de l’endroit appelé Four Corners. Le matin du 26 courant, sa cavalerie et ses troupes d’infanteries ont découvert nos avant-postes. Le lieutenant-colonel de Salaberry…
    Â 
    Prévost dictait, décrivant les manœuvres effectuées sous les ordres de Salaberry provoquant le retrait de l’armée de Hampton, reprenant le rapport de Watteville. Il s’arrêta pour faire une pause avant d’ajouter cette petite phrase qui avait déjà été publiée dans les journaux:
    Heureusement, je suis arrivé sur la scène du combat peu après le début de l’action. J’ai vu la conduite des troupes au cours de cette glorieuse occasion.
    Le secrétaire arrêta le mouvement de la plume et leva la tête.
    â€” C’est donc vrai, Sir? Vous êtes arrivé au début de l’action?
    â€” N’est-ce pas exactement ce que je viens de dire? répondit Prévost.
    â€” Nul doute que votre présence a dû encourager les troupes lorsque vous donniez vos ordres au lieutenant-colonel de Salaberry, commenta le secrétaire, admiratif. Cela vous vaudra sûrement des félicitations de Londres.
    â€” Nul doute, en effet, grommela Prévost pour lui-même.
    La gloire de ce fait d’armes lui revenait. Qui allait croire, à Londres, qu’un simple lieutenant-colonel canadien pouvait accomplir un tel exploit sans le soutien d’un général de son envergure?
    â€” Continuons:
    Je remercie le général Watteville pour les sages mesures qu’il avait prises pour défendre sa position et le lieutenant-colonel de Salaberry pour le jugement qu’il a démontré. Et je profite de l’occasion pour solliciter humblement Votre Altesse Royale le prince régent, en signe de sa gracieuse approbation pour la conduite des bataillons de la milice canadienne, de remettre les couleurs aux premier, deuxième, troisième, quatrième et cinquième bataillons de la milice.
    â€” Et aux Voltigeurs canadiens, ajouta le secrétaire.
    â€” Non, l’arrêta Prévost.
    Devant la mine stupéfaite de son secrétaire, le gouverneur se justifia.
    â€” Pour les Voltigeurs, nous ferons une demande à part, assura-t-il, tout en ayant fermement l’intention de ne pas le faire.
    Aucun scrupule ne retenait Prévost. Il n’allait même pas demander les drapeaux pour les Voltigeurs, c’est-à-dire l’autorisation de faire inscrire le nom de la victoire sur leurs étendards, honneur normalement accordé aux régiments victorieux.

Weitere Kostenlose Bücher