Julie et Salaberry
messager qui venait justement à leur rencontre.
â Le commandant Salaberry vous informe que lâennemi vient de retraiter, Sir. La première ligne a réussi à les arrêter.
Aussitôt, Watteville talonna sa monture en criant à Prévost: «Jây cours!» Et il sâélança au galop.
Il y avait plus dâun mille à franchir avant dâatteindre lâavant. à son arrivée sur le champ de bataille, tout était paisible. Des hommes nettoyaient leur fusil, dâautres rassemblaient leur gréement de soldat. Salaberry allait de lâun à lâautre, empoignant une épaule ou un bras, félicitant les hommes pour leur bravoure. Watteville attendit avant de se manifester.
â Terminé pour aujourdâhui, finit par annoncer Salaberry à son supérieur. Mais la bataille reprendra sans doute demain. Nous les avons tenus en haleine pendant quatre heures, des deux côtés de la rivière. Daly et Brugière sont blessés, bien que leur vie ne soit pas en danger. La milice de Beauharnois sâest battue avec bravoure. Jâignore encore le nombre de morts, les nôtres tout comme ceux de lâennemi, pas plus que je ne connais le nombre de prisonniers.
â Mais combien étaient-ils?
â Au début de la bataille, avec ma longue-vue, jâai estimé à trois mille le nombre dâennemis, expliqua le militaire expérimenté. Je dirais maintenant quâils étaient sans doute deux mille, sans compter quâils disposaient de pièces dâartillerie.
â Vous les avez tout de même repoussés alors que vous nâétiez que trois cents, déclara Watteville, plein dâadmiration.
â Un peu plus, Sir. Nâoubliez pas les Sauvages. Nous allons rester ici cette nuit. Entre-temps, envoyez des troupes fraîches, les hommes qui se sont battus aujourdâhui auront besoin de repos. Faites venir la compagnie de mon beau-frère de Rouville, sâil nâest pas trop loin dâici. En attendant, nous allons renforcer les défenses pour être prêts lorsquâils reviendront. Je vous écrirai mon rapport tout à lâheure et vous lâaurez dans la soirée.
Le soir du 26 octobre, après avoir reçu le rapport de Salaberry, Watteville sâempressa de le transmettre à Prévost. Le commandant en chef de lâarmée britannique en Amérique ne sâétait finalement jamais rendu sur le champ de bataille. Il avait simplement réintégré ses propres quartiers installés à la ferme Baker sur la rivière Châteauguay, complètement à lâarrière du front.
Le succès de la bataille est dû tant à la bravoure des troupes, quâà lâactivité et au jugement déployé par leur commandant, le lieutenant-colonel de Salaberry, qui a repoussé une attaque de deux mille hommes avec trois cents Voltigeurs et miliciens, écrivit Watteville.
Le lendemain, Salaberry et ses hommes étaient toujours derrière lâabattis, attendant en vain la reprise des hostilités. Lâennemi avait définitivement retraité. Devant la difficulté, sinon lâimpossibilité, de prendre le gué Grant, ce qui aurait ouvert aux Américains le passage vers Montréal, ses supérieurs avaient jugé quâil valait mieux pour Hampton quâil se retire dans ses quartiers dâhiver, à Four Corners.
Enfin, lâidée de la victoire apparut à Salaberry.
25 . Hourras.
Chapitre 28
La gifle
Dès le lendemain de la bataille de Châteauguay, par un effet de fierté ressentie dans la population, les chiffres les plus invraisemblables circulaient sur le nombre dâopposants quâavaient combattus le commandant Salaberry et ses Voltigeurs. Des braves qui avaient stoppé lâavancée de lâennemi à un contre cinq!
Ce 27 octobre 1813, lâadjudant général Baynes et le général Prévost rédigeaient lâordre général décrivant la bataille. Câétait la version officielle comportant les félicitations dâusage aux principaux officiers, destinée aux journaux⦠et à la postérité.
â Il faut mettre en évidence le fait que nos troupes ont avantageusement stoppé lâavance de lâennemi, sug-géra Baynes. La possibilité quâil revienne sâamenuise de jour en jour. à mon avis,
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