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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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sangs tout comme les Américains qui voyaient en ces fils du pays de véritables démons. Louis était mort de peur.
    â€” Tu n’as qu’à crier toi aussi, lui suggéra Godefroi pour le sortir de sa torpeur. Hurle, mon Louis, hurle aussi fort que tu le peux. Hourra!
    â€” Hourra! Hourra! vociféra Louis.
    Il visa et tira. Puis soudain, ce fut le silence.
    â€” Qu’est-ce qui se passe? demanda Louis.
    â€” Reste aux aguets, dit Godefroi. Les tirs ont cessé.
    â€” Soldats, ordonna Juchereau-Duchesnay. Chargez vos armes et tenez-vous prêts.
    â€” Par ma vie, laissa tomber Godefroi en faisant signe à son ami. Regarde le commandant.
    Debout sur une souche, Salaberry se tenait droit, l’épée à la main. Faisant fi du danger, il offrait une cible facile à l’ennemi.
    â€” Mais il est fou! s’exclama Charland. Il va se faire tuer par les Yankees.
    â€” Non, répliqua Godefroi, impressionné par le sang-froid de son commandant. Dieu le protège!
    De son perchoir, la voix de Salaberry se fit entendre.
    â€” Feu! Allons, mes braves! Feu!
    Les fusils résonnèrent. L’affrontement faisait rage, puis il cessait pour aussitôt reprendre. Ce scénario se répéta plusieurs fois.
    â€” Feu! tonna encore Salaberry.
    Godefroi aligna une cible, tira et il crut voir un ennemi tomber.
    â€” Je l’ai eu, souffla-t-il, fiévreusement.
    Puis il se pencha pour recharger son arme lorsqu’un bruit sourd à ses côtés attira son regard.
    â€” Louis! s’écria-t-il en se penchant sur son ami qui gisait à ses côtés.
    Ce dernier saignait abondamment, mais il râlait, signe qu’il était toujours vivant.
    â€” Brancardier! hurla Godefroi. Par ici! Louis, regarde-moi, dit-il en se plongeant dans le regard exorbité de son ami. Hé, mon Louis, tu te rappelles, c’est toi qui devais veiller sur moi. Lâche pas, mon vieux, lâche pas.
    Pendant tout le temps qu’il lui parlait, Godefroi s’affairait à faire un pansement de secours pour faire cesser le saignement.
    â€” Allez, mon Louis, lâche pas, répétait-il inlassablement.
    Les brancardiers arrivèrent enfin, au son des trompettes venant de l’arrière. Suivant ses ordres, le lieutenant-colonel Macdonell s’était avancé dès le début des combats en entendant les huzzas 25 des Voltigeurs stimulés par Salaberry. Cette cacophonie créait de nouveau l’illusion qu’on arrivait de partout pour confondre l’ennemi. Mais Godefroi n’entendait plus rien. Ne comptait que Louis, que deux brancardiers transféraient avec précaution sur une civière.
    â€” Lareau, il est encore vivant, dit l’un deux. Dis-toi que tu l’as peut-être sauvé en l’obligeant à demeurer conscient. On voit ça, parfois. Retourne à ton poste et tire sur ces satanés Yankees. Tu viendras prendre de ses nouvelles à la fin des combats.
    Godefroi se releva, rechargea son arme et, malgré son visage plein de larmes, tira avec une rage meurtrière, s’accrochant à la voix de Salaberry qui criait: «Feu!» L’ennemi avait peut-être tué son ami, le seul qu’il n’ait jamais eu, et cette pensée nourrissait une violente fureur, inconnue, plus forte que lui.

    Ã€ l’arrière, le lieutenant-colonel Macdonell était retourné à ses positions. Il devait se tenir en réserve, sur la rive sud de la rivière, prêt à intervenir si l’ennemi arrivait à franchir l’abattis, conformément à la stratégie élaborée par Salaberry.
    La bataille continuait de faire rage. Les généraux de Watteville et Prévost n’avaient toujours pas fait leur apparition sur le champ de bataille. Entre le moment où Watteville fut averti du début de l’affrontement et celui où Prévost, encore plus éloigné du lieu de l’action, le fut également, la matinée s’était déjà écoulée.
    â€” Il semble que nos avant-postes soient engagés, rapporta Watteville lorsqu’il rejoignit Prévost qui se tourna alors vers son aide de camp.
    â€” Boucherville, allez donc à l’avant voir ce qui se passe. Nous vous suivrons de loin. Venez, Watteville.
    Mais Boucherville revint sur ses pas aussi vite qu’il était parti. Il n’était pas allé loin, interceptant un

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