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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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dire. Que Bresse, Lukin et Vincelet doivent payer leur part, ce n’est que justice. Mais en ce qui concerne la fabrique, Boileau se trompe. Cela reviendrait à ce que tous les paroissiens de Saint-Joseph déboursent pour ce satané pont! Et maintenant, parlons d’autre chose. Salaberry, dites-nous votre sentiment. Croyez-vous la guerre imminente?
    â€” Je ne sais trop quoi vous répondre. Des pourparlers ont lieu entre les États-Unis et l’Angleterre. Mais mieux vaut se préparer au pire.
    Cette déclaration provoqua une onde de choc chez les convives.
    â€” Permettez-moi d’en douter, répliqua l’avocat Joseph Bédard. Les rumeurs de guerre courent depuis des années, sans jamais se concrétiser.
    Il n’avait pas tort. Le 22 juin 1807, l’attaque de la frégate américaine Chesapeake par le navire de guerre Leopard avait provoqué la mort d’une vingtaine d’hommes, et fortement ébranlé la population bas-canadienne. À la fin de cet été-là, partout au pays, les jeunes hommes voulaient s’engager dans les milices pour défendre l’honneur des Canadiens. Dans les villages retentissaient des «Vive le roi George!» et leurs curés les encourageraient.
    â€” Sainte misère! pesta le curé de Chambly qui n’appartenait pas à ces va-t-en-guerre. J’espère que les Américains resteront chez eux et que la sainte paix régnera pour les siècles des siècles dans les paroisses du Bas-Canada. Dieu que les Anglais aiment à se battre! Et vous, major, ne prenez pas cet air outragé. Les Anglais ne sont heureux que lorsque le canon tonne au nom de l’Empire!
    â€” Les Yankees vont déclarer la guerre et nous devrons nous défendre, rétorqua Salaberry, piqué.
    â€” Anglais, Américains, maugréa le curé, pour moi, tout cela est de la même farine, ennemis de notre bonne religion catholique et romaine. Si vos sombres prédictions s’avèrent, les régiments afflueront à Chambly. Et comme nous l’avons dit tout à l’heure, les soldats ne sont pas des enfants de chœur!
    La vision cauchemardesque de sa paroisse envahie par des troupes marchant au pas préoccupait le curé. Suivraient les marchands cupides et nombre de gens aux mœurs douteuses. Comment ferait-il, sans même un vicaire pour l’aider, pour garder ses paroissiens à l’abri des pires tentations?
    â€” Que Dieu tout-puissant protège les fidèles de Chambly! invoqua-t-il en se prenant la tête entre ses mains pour bien montrer son accablement.
    Par la suite, il se consacra au contenu de son assiette, car on venait de servir le rôti. Le cliquetis des couteaux et des fourchettes témoignait du bel appétit des convives.
    â€” Cher major, dit Thérèse en se trémoussant sur sa chaise, parlez-nous de ces bals chez le prince, incomparables à ceux qui peuvent se donner à Montréal ou à Québec et encore plus à nos soirées de Chambly.
    Et Salaberry de décrire les nombreuses calèches devant la demeure du prince, les innombrables lustres lourdement chargés de chandelles et les invités, dames et messieurs parés de leurs belles toilettes. Ce qui contribua à alléger l’atmosphère.
    â€” Son Altesse Royale ouvrait le bal avec madame de Saint-Laurent.
    Les demoiselles écoutaient, béates, imaginant Salaberry en tenue de bal et dansant avec une Julie éblouissante dans une robe de mousseline blanche.
    â€” Mes frères Maurice et Chevalier étaient bien meilleurs danseurs que moi, se rappelait Salaberry. Ils étaient les favoris des demoiselles, surtout Chevalier, qui est le plus grand et le plus élégant de nous tous.
    â€” Avez-vous de ses nouvelles? demanda Julie à qui on avait appris la mort d’un frère Salaberry.
    â€” Aucune, malheureusement. Je présume qu’il doit avoir quitté l’Inde. Mais une fois qu’il sera de retour au pays, je m’arrangerai pour qu’il serve avec moi, sous les ordres du général de Rottenburg.
    Le sort du jeune frère de Salaberry intéressait peu les demoiselles qui cherchaient plutôt à vanter le beau major. Il était temps que se présente un homme comme Salaberry afin d’éviter l’irréparable. Elles songeaient notamment au notaire Boileau à qui on prêtait des intentions sur

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