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Khadija

Khadija

Titel: Khadija Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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était entouré d'Abu Talib, d'Abu Bakr et d'autres hommes des clans amis. Ceux-là l'observaient, l'air inquiet. Mais le visage de son bien-aimé demeurait serein, son regard calme fixé sur elle. Elle y puisa l'encouragement dont elle avait besoin. Les lèvres de Muhammad prononcèrent quelques mots rendus inaudibles par les hurlements. Mais c'était assez pour qu'elle tienne tête à Abu Sofyan.
    Elle fit quelques pas dans la boue et, à la surprise de tous, se plaça entre les deux groupes qui s'insultaient. Il lui suffit de lever les mains pour que les cris cessent. Cette fois, elle parla sans élever la voix.
    — Moi, Khadija bint Khowaylid, fille du clan des Assad et de nos ancêtres Al Qoraych qui ont porté les briques de la première Ka'bâ, je vous le dis : le seigneur Abu Sofyan, mon cousin, se trompe. Cette pluie est bel et bien sur nous pour nettoyer Mekka de ses souillures.
    Son bras se tendit vers la Pierre Noire au pied d'Abu Bakr, d'Abu Talib et de Muhammad. L'une de ses faces, recouverte d'une fine onde transparente venue de la source Zamzam, scintillait sous le soleil tel un diamant de nuit.
    Khadija s'en approcha, s'inclina humblement, paumes jointes et ouvertes, accomplissant le geste ancestral de salut des pèlerins.
    — Voyez notre Pierre sacrée, reprit-elle, de nouveau face à la foule. Voyez-la qui se lave à l'eau la plus pure.
    Et, reprenant ce qu'elle avait dit à Waraqà :
    — Quelle femme ignore que l'eau purifie et emporte ce qui est corrompu ? Zamzam bouillonne au pied du seigneur Abu Sofyan comme le sang s'écoule d'une blessure. Ce sang, c'est celui de notre ville. Il s'échappe des ruines de la Ka'bâ. Quoi que prétende Abu Sofyan, Hobal est à terre, la face cachée dans la boue. Il ne s'y abreuve pas. Il se cache comme se sont cachés ceux qui ont fui Mekka. Moi qui suis restée ici avec un ventre gros de vie, je vous le dis : reconstruire notre sainte Ka'bâ, ce n'est pas seulement remonter des murs et redresser des idoles de bois ou de pierre. C'est avoir, pour le faire, les doigts aussi purs que ceux du premier homme qui déposa à l'angle du levant la sainte Pierre Noire de notre maison sacrée. Ces doigts peuvent-ils être ceux du cousin Abu Sofyan, lui qui avait si peur de les voir noircir hier et qui aujourd'hui vient nous dire « Ne craignez rien » ?

La sagesse de Muhammad
    De retour dans sa cour, Khadija trouva le sage Waraqà qui s'activait près de ses coffres en compagnie de Zayd. Avec soin, ils déposaient les rouleaux de mémoire sur des nattes afin d'en vérifier l'état et d'en chasser l'humidité.
    Zayd, qui parlait d'abondance, s'interrompit à l'arrivée de Khadija et lui adressa un regard admiratif. Le hanif, tout au contraire, feignit de ne pas remarquer sa présence. Il allait et venait, boitillant, grommelant, soupesant et examinant ses rouleaux. Khadija connaissait trop ses manières pour ne pas savoir qu'il montrait ainsi sa désapprobation.
    À l'opposé de la cour, des cris joyeux retentirent. Muhammad retrouvait son fils et ses filles. Khadija profita de ce que Waraqà jetait un coup d'œil dans leur direction pour demander :
    — Dois-je attendre que mon époux soit présent pour que tu me dises ce qui assombrit ton humeur, cousin Waraqà ?
    — La liste en serait trop longue pour ta patience, grommela le hanif.
    Il lui faisait face, sa hanche bancale calée contre sa canne. De son menton pointu recouvert d'une barbe aussi blanche que du lait, il désigna Zayd.
    — Ce garçon est revenu il y a un instant de la Ka'bâ avec la tête farcie de tes paroles. Il m'a raconté ton affront au seigneur Abu Sofyan.
    — Mon affront au seigneur Abu Sofyan ?
    Waraqà ourla ses lèvres d'ironie.
    — Deux boucs dans la boue de la Ka'bâ, si j'ai bien compris ce que m'a raconté Zayd.
    Le jeune esclave rougit jusqu'à la racine de ses longs cheveux et baissa la tête en tripotant nerveusement les rouleaux du hanif. Khadija écarta d'un geste le dédain du vieux sage.
    — Les paroles que j'ai prononcées te déplairaient-elles, cousin Waraqà ? Pourtant, tu sais autant que moi qu'Abu Sofyan et les siens sont des menteurs, des hypocrites, des chiens sans âme qui ne rêvent que de me ruiner. Tu me parles d'affront quand ce pleutre va se mouiller le front à la sainte Zamzam comme s'il était le roi de Mekka ? Toi qui te dis si peu dévot d'Hobal, tu aurais dû le voir plier le genou devant son idole. Et nous expliquer que, si la pluie a

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