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Khadija

Khadija

Titel: Khadija Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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Abu Sofyan : à la mâla, les hommes ont la parole, mais devant la source Zamzam et la Pierre Noire, homme ou femme, chacun peut parler ? Je l'ai rappelé au hanif. Il ne m'a pas contredit, bien que l'idée lui déplaise.
    Khadija sourit. Apaisée enfin par les mots de son bien-aimé. Elle demanda :
    — Tu ne me désapprouves pas ?
    — En ce jour, moi, l'époux de la saïda bint Khowaylid, je suis l'homme le plus fier de Mekka.
    Ils se turent un moment, chacun plongé dans ses pensées. Puis Khadija reprit la parole.
    — Et pour Abu Sofyan, qu'en penses-tu ? Waraqà croit qu'il va nous faire la guerre.
    — Je ne crois pas. Abu Sofyan n'a aucun courage. En ce moment même, mon oncle Abu Talib parle avec les puissants de la mâla qui nous soutiennent. Il nous rejoindra bientôt. Leur opinion nous guidera.
     
    Abu Talib arriva, essoufflé, à la tombée du jour. Il avait recouvré tout son allant et son aplomb d'avant sa fuite de Mekka. L'occasion était bonne pour lui de se faire pardonner en se montrant le plus acharné défenseur de son neveu et de son épouse Khadija.
    Sous le tamaris, il fut bref et mystérieux.
    — Pas un ne pense qu'Abu Sofyan osera se battre contre nous, fit-il. C'est un homme de ruse, pas de combat. Mais si cela devait être, nous sommes prêts. Les paroles de la saïda Khadija ont réveillé ceux sur qui pèse depuis trop longtemps l'arrogance des Al Çakhr, des Abd Harb et des Banu Makhzum.
    Il but un gobelet de lait fermenté.
    — Les travaux de la Ka'bâ doivent commencer sans tarder, poursuivit-il. Les pèlerins vont affluer à Mekka pour redresser leurs idoles. Les rues sèchent. Le commerce doit reprendre. Demain à l'aube, nous irons nous asseoir à la mâla pour désigner celui qui replacera la Pierre Noire à l'angle est de la Ka'bâ. Cela devra se faire avant le crépuscule.
    Abu Talib, enjoué, cligna de l'œil en direction de Khadija.
    — Pour pouvoir soutenir notre sainte Pierre Noire, Abu Sofyan compte sur ses alliés. Mais il pourrait avoir quelque surprise. Et nous, mon neveu ton époux et moi-même, nous n'irons pas à la mâla les mains vides.
     
    Voici comment les choses se passèrent.
    Le lendemain, aux premières lueurs du jour, les puissants, les uns après les autres, arrivèrent à la mâla. Une foule s'épaissit dans les ruelles alentour.
    Dans la grande salle du conseil, chacun scrutait à la dérobée l'époux de la saïda bint Khowaylid. Enveloppé dans son manteau d'homme du désert qu'il ne quittait plus, Muhammad impressionnait par son calme. Abu Talib, lui, était d'une tout autre humeur.
    L'instant qui précéda les débats, on le vit aller de groupe en groupe, parler avidement avec les uns et les autres. À l'étonnement général, il serrait contre sa maigre poitrine une grande et belle nimcha. Nul ne se rappelait avoir vu un jour Abu Talib porter une arme. Or voici qu'il la montrait à chacun, tirait la lame du fourreau pour que l'on puisse bien distinguer les cils d'Abu Sofyan gravés dans l'acier.
    Soudain la mémoire revint à tous. Un murmure parcourut la salle. On revit Muhammad ibn `Abdallâh venu s'asseoir pour la première fois parmi les puissants de Mekka, portant cette même lame dont l'histoire, à l'époque, avait fait le tour de la ville : des mercenaires d'Abu Sofyan avaient conduit une razzia près de Tabouk contre une caravane de la saïda bint Khowaylid. Ils ne cherchaient pas à voler : les chameaux marchaient vers Sham, bâts et paniers vides. Les mauvais voulaient tuer.
    Le tout jeune Ibn `Abdallâh n'était pas encore l'époux de la saïda. Abu Nurbel et Al Sa'ib ibn Abid menaient la caravane, mais c'était lui, Muhammad, qui avait mis en déroute les pillards par une ruse. Il avait aussi tué l'un des assaillants, à qui il avait pris cette nimcha, preuve de la fourberie d'Abu Sofyan. Celui-ci n'avait pas respecté la règle de la mâla interdisant à ceux de Mekka de s'en prendre aux caravanes des puissants de la cité.
    Aussi, quand le seigneur Abu Sofyan arriva, accompagné de ses fidèles, il fut accueilli par un lourd silence.
    Jamais Muhammad ibn `Abdallâh et la saïda bint Khowaylid n'avaient cherché à sanctionner l'affront de cette razzia ou réclamé justice devant la mâla. Plus de quinze années avaient passé. La maladie avait ravagé Mekka. La pluie avait ruiné la Ka'bâ. Le jour était venu pour eux de confronter Abu Sofyan al Çakhr à ses forfaitures.
    C'est alors que vint la véritable

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