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Khadija

Khadija

Titel: Khadija Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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d'Al'lat avaient été renversés, les cendres des offrandes dispersées et piétinées. On y devinait les amulettes brisées.
    Avec une grimace embarrassée, Zayd expliqua à voix basse :
    — Dès qu'il s'est levé, maître Muhammad est venu devant les autels et les a renversés. Il a dit qu'il ne devait plus y en avoir dans la maison. Il m'a ordonné : « Veille à ce qu'on ne dépose plus d'offrandes et à ce qu'aucune fumée ne s'élève de ces briques. »
    Abdonaï arriva et considéra à son tour les vestiges des autels. Il chercha le regard de Khadija. Elle crut y lire un éclat moqueur. Waraqà approcha, frappant le sol de sa canne comme s'il voulait l'y enfoncer. Un curieux sourire découvrit ses gencives.
    — Ah, dit-il avec plaisir, ça n'a pas tardé, cousine Khadija ! Dès son retour, ton époux a fait ce que tu aurais dû accomplir depuis longtemps.
    Khadija ne protesta pas. Abdonaï opina, ajoutant à l'intention de Waraqà :
    — Ce ne sera pas long, de nettoyer ces détritus.
    Surprise par l'adhésion de son fidèle Perse, Khadija s'en prit aux servantes :
    — Cessez de gémir ! Le hanif Waraqà a raison. J'ai tardé à supprimer ces autels parce que vous y étiez attachées. Mon époux a fait ce qu'il devait faire. À partir d'aujourd'hui, cette maison sera une maison sans idole. Si vous craignez vos dieux et voulez changer de maisonnée, vous le pouvez. Si vous voulez courir faire des offrandes à vos idoles sur la place de la Ka'bâ, vous le pouvez aussi. Sinon, dépêchez-vous de faire cuire les galettes et apportez-nous le lait du matin.
    À peine eut-elle prononcé ces mots qu'Abu Talib entra dans la cour, tout agité. Ses yeux vifs sautèrent d'un visage à l'autre.
    — Où est Muhammad ? demanda-t-il.
    Personne ne lui répondit.
    — Il devrait être à la mâla ! s'exclama-t-il d'une voix stridente d'impatience. Les seigneurs l'y attendent ! On me demande : « Où est ton neveu ? Où est ton neveu ? » Et je ne sais que répondre.
    — Alors ne réponds rien, grinça Waraqà en pointant sa canne sur Abu Talib.
    Le cœur et les tempes battantes, mais ne voulant surtout pas le montrer, Khadija eut un geste d'apaisement.
    — Mon époux est sorti tôt ce matin. Il ne sera pas de retour avant le coucher du soleil.
    — Sorti pour aller où ? s'indigna Abu Talib.
    — Il ne me l'a pas dit, répondit calmement Khadija. Je dormais quand il est parti. Ce n'est pas à une épouse de surveiller les pas de son époux.
     
    Tout le matin, par orgueil, comme aurait dit Waraqà, Khadija rongea son frein et attendit que la chaleur de l'après-midi ensommeille la maisonnée pour questionner Zayd.
    Avant de quitter la cour, Muhammad s'était-il montré soucieux ou fâché ? Non, répondait Zayd. Le maître était de son humeur ordinaire, calme et aimable.
    N'aurait-il pas dit ce qu'il allait faire de sa journée sans que Zayd ne s'en rende compte ? insista Khadija. Certainement pas ! s'offusqua Zayd. Chacune des paroles de son maître, il les cueillait comme une rosée dans le désert.
    Peut-être avait-il une grande affaire de commerce à régler ? suggéra encore Khadija. Avaient-ils fait des achats particuliers aux pays de Sham et de Ghassan ?
    Rien qu'on ne vende et n'achète dans Mekka depuis longtemps, répondit Zayd. Quoique, cette fois, la cargaison de sukar fût plus importante que d'habitude. Maître Muhammad était assuré de bien la vendre aux commerçants à la peau noire venus de Sawakin et d'Adulis.
    Khadija posa encore une dizaine de questions auxquelles Zayd répondait toujours par la négative, sur un ton de plus en plus las. Khadija finit par se taire. Quand elle vit le silence et la chaleur abrutir le jeune esclave, elle lui demanda brusquement :
    — Et des femmes de Sham et de Ghassan, quand il était dans les belles villes du Nord, mon époux en a-t-il fréquentées ?
    Zayd sursauta et la fixa, bouche bée.
    — Saïda ! Non, non !
    — Ne rougis pas. Crois-tu que les épouses ignorent la vie que mènent leurs époux quand ils conduisent les caravanes dans le désert ? Réponds-moi. Et dis la vérité. Sois sans crainte, je ne te questionne pas par jalousie.
    — Non, saïda ! Maître Muhammad n'est pas comme les autres. Aller vers les femmes des marchés... Lui, jamais !
    — Jamais... Et les belles servantes de la caravane ?
    — Saïda ! Ni elles ni les autres.
    — Tu es bien sûr de toi.
    — J'étais tout le temps auprès de

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