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Khadija

Khadija

Titel: Khadija Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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mémoire. Il dit que ce qui nous arrive y est écrit.
    D'un regard vers Zayd elle confirma ce qu'Abdonaï avait avancé :
    — Parfois, Waraqà étudie avec Zayd. Le hanif assure que le garçon sait des choses sur la maladie, mais aucun d'eux ne souhaite m'en parler. Waraqà dit : « Tu es une femme, saïda. Ces paroles, je ne sais pas si les femmes peuvent les entendre. » Il sera heureux de ton retour. À toi, il confiera son secret.
    Il y avait autant d'irritation que d'ironie dans le ton de Khadija. Muhammad eut un geste d'apaisement.
    — Oui, il m'en parlera. Mais je ne l'écouterai pas sans la présence de mon épouse.
    Le rire de Khadija pétilla. Il y eut un silence sous la tente. Depuis combien de temps n'avait-on pas entendu le rire de la saïda bint Khowaylid ?
    Khadija ne laissa pas l'étonnement s'appesantir. Elle frappa dans les mains. Son tabouret, d'ordinaire sous le tamaris de sa cour, avait été placé au pied du mât central de la tente. Elle s'y assit, indiquant à tous qu'il était temps de parler et d'écouter.
    — Mon époux doit apprendre comment la mort noire est entrée dans Mekka, dit-elle. Et tout le malheur qui en est résulté. Je l'ai souvent répété : bien comprendre ce qui nous arrive, c'est apprendre à se battre au lieu de fuir, ainsi que l'ont fait ceux qui ajoutent la honte aux malheurs de Mekka.
    Elle adressa un signe au jeune Zayd. L'esclave de Kalb caressa affectueusement la tête d'Al Qasim et s'approcha du pilier central pour faire face à Muhammad, assis au côté de Khadija. Puis, d'une voix monocorde mais bien audible, y compris de ceux qui se trouvaient en dehors de la tente, il entama son récit.
    — Ce désastre, dit-il en relevant ses cheveux, s'est abattu sur la ville un peu plus d'une lune après le départ de maître Muhammad et du seigneur Abu Bakr pour les marchés de Sanaa et de Ma'rib. Une caravane des Banu Hawazin, un puissant clan de l'est de Ta'if, arriva un jour aux portes de Mekka. Elle revenait du pays de Ghassan et fut accueillie avec joie. Ses coffres et ses paniers étaient pleins à craquer. Les affaires promettaient d'être fructueuses, car les marchands d'Afrique, toujours friands de produits du Nord, étaient présents. Toutefois, quand la caravane franchit la porte de Jarûl, quelques-uns d'entre nous remarquèrent que quelque chose n'allait pas.
    « Nous apprîmes que, sur la route du retour, après avoir dépassé la petite cité de Yathrib, plusieurs serviteurs de la caravane avaient été pris de fièvre. Une fièvre qui les tua en quelques jours. Noircissant et pourrissant leur corps. Le seigneur Ailan ibn Nizar, qui conduisait la caravane, ne s'en était pas inquiété. Sur les routes du désert, ces choses-là n'étaient pas rares. Ou peut-être, comme nous le pensâmes plus tard, voulut-il éviter d'affoler ses femmes et ses serviteurs. Car si, dans le désert, les fièvres sont fréquentes, l'aspect qu'avaient pris les corps des malades avant de mourir, nul ne l'avait jamais vu auparavant. Cela faisait peur. Ibn Nizar n'en avait eu que plus grande hâte d'atteindre Mekka afin de déposer ses riches marchandises aux entrepôts. »
    Zayd reprit son souffle, passa les mains dans sa chevelure bouclée et regarda Muhammad. Celui-ci, tout à l'écoute, l'encouragea d'un hochement de tête.
    — D'abord, tout se déroula normalement, continua le jeune esclave. Le seigneur Ibn Nizar conduisit les siens sur l'esplanade de la Ka'bâ. Ils tournèrent et prièrent et remercièrent le grand Hobal par de belles offrandes.
    « Mais le soir, peu après le crépuscule, le seigneur Ibn Nizar sentit la fièvre monter en lui et découvrit que le bout de ses doigts noircissait. Il demanda aux servantes de lui nettoyer la peau des mains. En vain. Au coucher, se souvenant des morts de sa caravane et malgré sa forte fièvre, il se mit nu devant sa troisième épouse et la pria de se munir d'une lampe à double mèche afin d'ausculter chaque partie de son corps.
    « Sous son bras droit, avons-nous su plus tard, l'épouse trouva deux plaies rapprochées, pareilles à une morsure de serpent. Le seigneur Nizar jura : “Aucun serpent ne m'a mordu. Ni sous la tente ni sur la selle de mon méhari. Une morsure de serpent ? Insensé ! Je l'aurais sentie.” »
    Dans la tente envahie par l'obscurité, le jour s'en allait dans le pourpre. Barrira fit apporter des lampes. Des ombres prirent place à côté de chacun des présents. Le visage de Zayd

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