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Kommandos de femmes

Kommandos de femmes

Titel: Kommandos de femmes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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Frischt, estimée de toutes et qui doit se réjouir, car pour nous, elle avait redouté le pire !
    Le portail s’ouvre. La petite troupe de nos gardiennes s’éloigne. Notre captivité s’achève. La leur commence.
    Par ce coup de main audacieux des partisans tchèques et polonais qui tenaient le maquis dans les montagnes, nous voici libérées, alors que notre camp devait être dynamité. Nous venons de vivre notre heure de chance. L’effrayante évacuation sur les routes, l’inhumaine évacuation aux exécutions sommaires qui – nous le saurons plus tard – jonchera de cadavres les chemins de la retraite, nous sera épargnée.

X
RECHLIN
    — Cette fois, c’est le transport Noir !
    — Non ! on évacue ; les Russes approchent.
    Le block 27 est investi : chiens, mitraillettes, matraques des kapos.
    — Schnell !
    Aucune fuite n’est possible.
    — Quelques-unes lxi essaient bien de se cacher sur les lits, mais les policiers font la chasse… les cravaches cinglent un peu partout… Denise, cramponnée à la porte du block, pleure. Comme elle est souvent malade, peut-être la laissera-t-on rentrer ? Mais, si nous partons, que deviendra-t-elle ?
    — Plusieurs lxii de nos compagnes, malades, s’infiltrent dans les rangs du revier. J’en ferais bien autant pour échapper au transport. Pourtant, inquiète, je me glisse en me baissant pour n’être pas repérée jusqu’à une Alsacienne du block : « Qu’est-ce qu’il dit ? » — « Il dit : laissez-les faire, puisqu’elles veulent passer à la casserole ! » Diable ! Cette fois-ci il ne s’agit plus d’échapper au transport. Je regagne ma place.
    — Soudain lxiii arrive l’homme répugnant des transports : Pflaum, le « Marchand de Vaches ». Il est accompagné du docteur. Silence total. Les cœurs battent…
    — La colonne lxiv avance, jambes nues dans la neige. Le « Marchand de Vaches » regarde les corps maigres, les jambes enflées et fait son tri. Je vois notre Camille lui dire : « Je suis âgée, je voudrais rester au block. » On la met de côté, avec d’autres. Elle sera gazée. Comment ne pas être rejetée ? J’avais acheté au prix du pain une vieille écharpe en laine qui faisait « miteuse ». Je l’enlève ; je la cache sous ma robe. Je me frotte les joues avec de la neige, je me redresse et, quand mon rang arrive devant le « piqueur », j’avance d’un pas sûr, la robe rayée relevée. Je suis prise pour le kommando. Pour moi, pas de chambre à gaz. Pas encore !
    — Babar lxv , notre charmante blockowa, nous interdit de rentrer prendre notre petit sac, notre unique bagage renfermant nos seules richesses ; une gamelle, un quart, un ou deux chiffons, un reste de pain, une cuiller et un couteau de fortune, peut-être aussi une vieille brosse à dents.
    Encore une cruauté gratuite comme on nous en impose sans arrêt.
    Des policières féroces et hystériques « veillent » sur le pauvre tas d’épaves que nous sommes, et, craignant des fuites, nous assomment de coups de boucles de ceinturon. Les crânes résonnent. Certaines hurlent de douleur et nous nous serrons les unes contre les autres, à la manière d’un essaim d’abeilles cherchant toujours à nous glisser à l’intérieur du groupe afin d’éviter ces coups atroces, inexpliqués, stupides.
    — Nous sommes lxvi conduites, à pas redoublés, au block 31 actuellement en réparation et, par conséquent, inhabité. À midi, la soupe est apportée : justement, elle semble bien épaisse, mais nous sommes parties si vite que nous n’avons pas emporté de gamelles. Bien rares sont celles qui en ont et elles sont les seules à manger.
    — J’aperçois lxvii une boîte de conserve toute rouillée, qui traîne sous un lit. Elle devient une gamelle et six camarades auront droit à la soupe. Comme je suis « l’inventeur », je mange la première et je me brûle, je me brûle…
    — Dans la soirée lxviii , nous sommes conduites vers la gare, mais nous ne partons pas seules. C’eût été trop doux de voyager entre Françaises. On nous mélange d’autorité avec des Gitanes qui nous semblent, les malheureuses, de vraies bêtes féroces. Comme nous, les Françaises, nous ne montons pas assez vite en wagon, car les Gitanes se sont ruées les premières, les gifles et les coups pleuvent encore. C’est fait ; nous sommes entassées dans de sordides wagons, et le train part vers une destination inconnue.
    — Nous

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