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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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cinéma, à la carte, à Joseph, à l’enfant au berceau. Puis il dit :
    – Hilda, moi, je sais que l’Allemagne va perdre la guerre. Et alors qu’allons-nous devenir ? Moi, ils me feront prisonnier. De quoi allez-vous vivre, toi et l’enfant ?
    – Nous vaincrons ou alors nous mourrons jusqu’au dernier, dit Hilda. Aucun Allemand n’acceptera de vivre il ans une Allemagne occupée.
    – Et si nous ne mourons pas ? demanda Moritz.
    – Nous mourrons en combattant ! dit Hilda. Celui qui ne meurt pas en combattant, au moment où tout est perdu, n’a qu’à se suicider.
    – C’est ce qui arrivera aux hommes, dit Moritz. Mais que feront les femmes ?
    – Les femmes feront la même chose, dit Hilda. Je serai la première à me suicider avec mon enfant, si nous perdons la guerre. Je ne survivrai pas un seul jour à la défaite. Mais l’Allemagne ne perdra pas la guerre. Elle ne sera jamais vaincue ! dit-elle. Comment peux-tu le penser un seul instant ? Et maintenant bonne nuit !
    Hilda tira la couverture par-dessus sa tête.
    Iohann Moritz pensa à Hilda et à Franz. Il les voyait mourir Toute la nuit il rêva que les Alliés avaient pénétré en Allemagne et se trouvaient devant sa maison avec leurs tanks. Il rêva qu’Hilda prenait son fusil, tirait sur Franz dans son berceau, et se tuait elle-même, aussitôt après. Moritz se réveilla en sueur, criant dans son sommeil. La fenêtre était éclairée. Dehors il faisait déjà jour. Hilda dormait encore. Moritz sortit doucement du lit pour ne pas la réveiller. Il s’habilla et alla à la caserne. Il ne demanda pas qu’on lui donne un autre poste, comme il avait eu l’intention de le faire la veille. Les Français ne dirent rien en le voyant arriver, mais ils en furent tout joyeux. Ils avaient eu très peur que Moritz ne vienne plus avec eux, au travail.
    Lorsqu’ils arrivèrent sous le pont, Joseph dit comme d’habitude :
    – Salve Sclave ! Tu as bien dormi ?
    Iohann Moritz se souvint des rêves de la veille, de ce rêve, où l’enfant était tué et Hilda se suicidait.
    – Joseph, dit Moritz. Tu me jures que tu vas emmener ma femme et mon enfant en France, si les Allemands sont vaincus ?
    – Dès que les troupes alliées arriveront ici, nous les emmènerons à Paris. Nous te jurons de le faire.
    Iohann Moritz mit son arme de côté et raconta aux Français la discussion qu’il avait eue, avec Hilda, en revenant du cinéma.
    – Et si vous arrivez trop tard, quand elle aura tué l’enfant et se sera tuée elle-même ?
    Les Français lui promirent qu’ils seraient là, avec la première colonne alliée. Les yeux de Moritz étaient remplis de larmes.
    – Si vous me promettez cela, alors je viens avec vous, dit-il. Quand devons-nous nous évader ?
    – Demain matin, dit Joseph. Nous allons venir comme d’habitude au travail, mais nous ne reviendrons plus au camp. Tu fais une action glorieuse pour la France, dit Joseph. La France te sera reconnaissante.
    – Je ne fais rien pour la France ! répondit Moritz. Je connais Hilda. Elle tient toujours sa parole. Si nous ne venons pas à temps, elle va se tuer avec son enfant dans les bras. Tous les deux. Elle a un cœur de pierre, dit Moritz. Comment peux-tu croire que je m’évade pour la France ? Toi, tu as beaucoup appris et beaucoup lu, et tu dois comprendre. Moi, je ne sais pas ce que c’est la France. Qu’est-ce que j’ai, moi, de commun avec la France ? Moi je sais que j’ai une femme et un enfant et qu’ils sont en péril. C’est pour eux que je m’évade avec vous !
     
     
     
92
     
     
     
    Lettre de Traian Koruga à son père :
    " Père, je t’écris par courrier diplomatique, et je te prie de me répondre sans une minute de retard. J’ai peur qu’il ne te soit arrivé quelque chose. Tu peux rire de ma panique. Tu peux dire que c’est de l’hystérie. Mais je t’en supplie, réponds-moi aussitôt. Je veux savoir si tu es vivant.
    " Mon roman avance. Je suis arrivé au chapitre iv, à la troisième heure après la mort des lapins blancs. Les esclaves tech niques détruisent tout sur leur chemin et les lumières s’éteignent les unes après les autres. Les hommes errent dans une obscurité voisine de la mort.
    " Nous t’embrassons ainsi que maman. – Traian et Nora.
    " Raguse, Dalmatie, 20 août 1944. "

LIVRE QUATRIÈME

 
     
     
93
     
     
     
    Le prêtre Koruga répondit aussitôt à Traian. Il lui annonçait que lui et sa femme se

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