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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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prêtre. En ce moment, la grande salle de la mairie était vide. Il n’y avait plus que les juges et les deux paysans à brassard tricolore.
    Marcou Goldenberg lui demanda son nom, son âge et son métier.
    – Être prêtre ce n’est pas avoir un métier ! dit Goldenberg. Le cordonnier fait des chaussures, le tailleur fait des habits. Chaque travailleur produit quelque chose. Peux-tu me dire ce que produit un prêtre ?
    Aristitza et Ion Calugaru tenaient les yeux toujours baissés. Les deux paysans à brassard riaient dans le dos du prêtre.
    – Tu n’as aucun métier ! dit Goldenberg. C’est un crime que de n’avoir appris aucun métier. Tu as vécu en parasite aux dépens des travailleurs ! Marcou Goldenberg avait le visage aussi jaune qu’un citron. Ses lèvres étaient minces et violettes. Le prêtre se souvint que le vieux Goldenberg, le père de Marcou, avait les mêmes lèvres, tout aussi minces. Mais les siennes souriaient. Celles de Marcou demeuraient crispées.
    – Tu sais pourquoi tu as été appelé devant le Tribunal du Peuple ? demanda Goldenberg.
    – Non, répondit le prêtre.
    – Réponse typique de réactionnaire ! s’écria Marcou. Le réactionnaire déclare toujours ne pas connaître le motif pour lequel il est jugé. Reconnais-tu avoir organisé les bandes de fascistes qui sont parties dans les bois ?
    – Je n’ai pas organisé de bandes. Je reconnais avoir fait des prières, dans la cour de ma maison pour les jeunes hommes du village qui m’avaient demandé de prier pour eux.
    – Et ce n’étaient pas des bandes de fascistes ? demanda Goldenberg. Pourquoi as-tu prié pour eux, si tu n’es pas le confesseur de ces bandits ?
    –  Je sais que les jeunes hommes pour lesquels j’ai fait ces prières se trouvaient dans un moment difficile,
    dit le prêtre. J’ai prié la Vierge de les aider et de leur montrer le chemin de la Vérité et de la Justice.
    – Le Tribunal du Peuple te condamne à mort, par pendaison ! dit Marcou Goldenberg. Tu es reconnu coupable d’avoir organisé la rébellion armée contre l’ordre public !
    Aristitza et Ion Calugaru levèrent les yeux, effrayés. Ils regardèrent Marcou.
    Goldenberg écrivait et ne les regardait pas.
    Aristitza et Ion Calugaru tournèrent leurs yeux ver le prêtre. Le père Koruga leur sourit avec douceur.
    – L’exécution aura lieu demain matin à l’aube, devant le peuple ! dit Marcou. La séance du Tribunal du Peuple est levée.
     
     
     
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    Le prêtre Koruga fut saisi par les deux paysans à brassard tricolore et enfermé dans l’étable de la mairie, où se trouvaient aussi George Damian, pris avant même d’être arrivé à la forêt, le chef du poste de gendarmerie de Fântâna, Vasile Apostol et huit paysans, les plus fortunés du village. Tous étaient condamnés à mort par pendaison et devaient être exécutés le lendemain à l’aube. Le Tribunal du Peuple en avait décidé ainsi.
    Au cours de la nuit, les prisonniers furent sortis un à un de l’étable et fusillés près de la fosse à purin. Marcou Goldenberg avait reçu l’ordre de ne pas faire d’exécutions publiques afin de ne pas provoquer une révolte des masses contre l’armée rouge. Il acheva chaque prisonnier, de sa propre main, d’une balle dans la nuque.
     
     
     
98
     
     
     
    Après minuit, Aristitza entendit frapper un coup au carreau. C’était Suzanna, la femme de Iohann Moritz.
    En entendant ses lamentations, Aristitza s’imagina que les Russes étaient entrés dans le village et l’avaient Violée. Elle se leva avec fureur. Elle savait qu’une patrouille soviétique devait arriver et que les Russes violaient les femmes, mais elle ne tolérait pas que sa bru y ait passé la première, sa bru à elle, la Citoyenne juge au Tribunal du Peuple !
    – Que t’arrive-t-il ? demanda Aristitza ouvrant la porte.
    – Le prêtre Koruga a été fusillé ! dit Suzanna. – Ce n’est pas vrai ! dit Aristitza. Goldenberg veut le pendre demain à l’aube dans la cour de l’église. Mais il ne pourra pas le faire. Je suis aussi juge du village, moi ! Il n’est pas le seul. Demain matin, nous jugerons de nouveau le procès et nous relâcherons le prêtre. J’en ni parlé à Calugaru. Passe chez la femme du prêtre et dis-lui de dormir tranquillement.
    –  Le prêtre Koruga est mort ! dit Suzanna. Des hommes ont vu lorsqu’il a été fusillé et me l’ont dit.
    Aristitza ne voulait pas le

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