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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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victuailles, nous en serons quittes pour une très longue marche.
    —    Nous ne sommes pas au Far West, répondit la jeune femme amusée, en prenant la couverture sur son bras droit.
    —    Vous ne passez pas vos soirées dans une chambre d'hôtel, à lire les journaux. Québec et sa région paraissent abriter leur part de criminels. D'ailleurs, les spectacles historiques se dérouleront sous les murs d'une grande prison.
    Tout en parlant, il lui tendit la main. Un moment plus tard, le couple pénétra sous les frondaisons. Le soleil frappant sur les feuilles vert tendre, la lumière paraissait prendre cette teinte. Un tapis de fougères atteignait leurs genoux.
    Bientôt, ils s'arrêtèrent près de la rivière. L'eau vive bruissait sur les pierres. La rive herbeuse descendait en pente douce. James désigna un grand érable, proposa en tournant sur lui-même :
    —    L'endroit vous convient-il ?
    —    Cela me semble parfait.
    Elle commença à déplier la grande couverture. Son compagnon vint l'aider après avoir posé son panier sur le sol. Leurs doigts s'effleurèrent un moment et le rose marqua ses
    joues. Elle murmura bientôt:
    —    Embrassez-moi, ce sera réglé.
    —    ... Pardon?
    —    Vous êtes embarrassée au point d'en avoir les doigts tremblants, je ne vaux guère mieux. Je suppose que la formalité du premier baiser réglée, nous nous sentirons mieux tous les deux.
    L'homme demeura un moment interdit, puis se pencha sur elle. Leurs lèvres se rencontrèrent, légères, au-dessus de la couverture à demi dépliée tenue entre eux à quatre mains. Marie inclina la tête vers la gauche afin de favoriser le contact, l'homme fit de même de son côté. Le moment d'intimité se prolongea un peu, le temps que disparaisse la fraîcheur de la peau et qu'elle devienne tiède, puis chaude.
    —    C'est vrai que l'on se sent mieux, chuchota l'homme dans un sourire en se reculant un peu.
    Ses mains lâchèrent la couverture pour passer sur celles de la jeune femme, puis il l'embrassa encore. Cette fois, leurs lèvres bougèrent un peu, sans trop insister. Quand il se retira de nouveau, elle déclara :
    —    De mieux en mieux, même. Nous étendons cette couverture, puis tu me montres les trésors contenus dans ce panier ?
    Le premier tutoiement venait avec un sourire complice. Un moment plus tard, tous les deux à genoux sur le grand rectangle de laine, ils contemplèrent les richesses du grand contenant d'osier.
    —    Une bouteille de vin, commenta Marie en la prenant dans ses mains. Je dois me méfier, si tu as l'intention de me rendre un peu grise.
    —    Et deux verres. Mais si tu préfères, il y a aussi l'eau de la rivière.
    —    Oh ! Ça ira, je sais me tenir. Qu'y a-t-il à manger?
    —    Un peu de pain, du fromage, des fruits...
    Un moment, le plateau de sandwiches quotidien du magasin passa dans l'esprit de Marie. Elle secoua la tête pour chasser cette pensée, sortit les deux assiettes, en posa une près de son compagnon. Pendant les minutes suivantes, ils mangèrent en silence, excepté quelques commentaires sur la douceur du temps, la beauté de la rivière, les promesses de l'été. En refermant le panier, James remarqua:
    —Je suis tout de même étonné que les lieux demeurent aussi calmes. En ce jour de congé, je croyais que les citadins envahiraient ces parages.
    —    En réalité, la plupart des gens sont au travail. Les patrons les plus généreux fermeront une heure ou deux plus tôt que d'habitude.
    —    Tout de même, ces milliers de personnes qui paradent dans les rues, les autres sur les trottoirs... De nombreux citadins sont en congé. Je craignais un peu que plusieurs aient l'idée d'un pique-nique...
    L'homme s'inquiétait en réalité du degré d'intimité offert par ces grands arbres. Une présence inopportune ruinerait ses projets.
    Il posa son verre sur le couvercle du panier placé à une extrémité de la couverture, s'étendit sur le flanc, se tenant sur son coude posé sur le sol. En face de lui, Marie adopta une posture semblable.
    —    Ce n'est pas que je souhaite que nous ayons de la compagnie, continua-t-il en lui tendant la main, c'est plutôt le contraire.
    Elle lui abandonna sa main, débarrassée des gants depuis le début du repas. L'homme la tira vers lui, posa les lèvres sur les doigts fins, puis à l'intérieur de la paume, remonta jusqu'au poignet. La traction sur son bras déséquilibra

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