Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
Vom Netzwerk:
l’odeur de la terre comme la caresse d’un amant tire le parfum d’une femme nonchalante. Et, là où était passé le soc des labours, elle roulait d’un rouge presque sang, comme une chair véritable.
    Et, véritablement, tel un bijou oublié dans son écrin, Jérusalem patientait entre les collines. Les murs, dressés avec les pierres lisses et pâles des falaises, éclataient de blancheur. Ici, aucune brique. Tout est de pierre, comme si ceux qui ont construit Jérusalem avaient imité l’Éternel érigeant les montagnes.
    Tout était d’un grand calme, d’une grande paix. Plus nous nous approchions, plus nous distinguions les brisures du mur d’enceinte. Mais cela n’avait rien d’inquiétant. Des nuées d’hirondelles pépiaient au-dessus de ces ruines qu’elles avaient peuplées de leur nid. Des arbustes opulents à petites fleurs jaunes enlaçaient étroitement des moignons de pierres qui avaient été des tours de défense. Des agaves, des tamaris et même des oliviers poussaient depuis longtemps entre les blocs fendus où la terre du mortier s’écoulait comme une sève.
    Aux pieds des murs surgissaient des sources invisibles. Nous découvrîmes des bassins d’une eau si pure, si bleue, qu’elle ne semblait pas réelle.
    Non, cela n’avait rien de menaçant. Il semblait que la ville, avec une douceur toute maternelle, s’ouvrait aux champs et aux collines environnantes et les accueillait dans un échange parfait et ininterrompu.
    Hélas, cette sérénité n’était due qu’au bonheur de découvrir ce que l’on avait tant désiré ! Une fantaisie de l’imagination, le souffle languide d’un rêve qui va se dissiper. Je sais aujourd’hui à quel point les pierres sont dures et les ruines l’œuvre haineuse de la violence. J’ai appris combien le calme n’est que l’effet de la soumission et de la destruction.
    Et désormais, quand je ferme les paupières et songe à la beauté, au miel et au lait que j’ai cru voir à mon arrivée, des larmes me viennent. Pourquoi, et pour quels desseins, les fleurs les plus magnifiques peuvent-elles receler le plus perfide des poisons ?
     
    *
    * *
     
    Bien qu’Ezra eût envoyé Zacharie et quelques-uns des jeunes dévots à la tête de notre colonne pour prévenir de notre arrivée, on ne nous attendait pas avec beaucoup d’entrain. Après tout, Néhémie avait laissé à Jérusalem la mémoire d’un grand et tumultueux effort, avorté en un terrible échec.
    En outre, la ville n’est pas grande et les habitants n’étaient guère plus nombreux que les membres de notre cohorte.
    Tu peux imaginer, mon Antinoès, ce que cela put être, pour ceux qui vivaient à Jérusalem, de découvrir notre horde sur les crêtes des collines. Vingt mille hommes et femmes, dix mille chars soulevant la poussière en faisant fuir les troupeaux. Le vacarme d’une nation en route, et ce brouhaha chaotique et impatient s’immobilisant devant leurs murs !
    Et nous de chanter et de sonner des trompes pour crier notre joie et notre soulagement d’être arrivés. Une nuit entière à danser, la plus joyeuse qui fut pour moi. Nos cœurs se débandaient comme un arc après que la corde a lâché la flèche. Sans avoir bu un gobelet de vin ou de bière, nous étions ivres de voir enfin notre Jérusalem !
    L’aube suivante, il pleuvait. Nous étions rompus de fatigue et avions l’esprit encore enfumé de joie. Mais il nous a suffi de passer la porte des Eaux, comme on l’appelle, pour que chacun d’entre nous prenne conscience de l’ampleur de l’ouvrage qui nous attendait.
    À l’intérieur, Jérusalem était tout aussi ruinée que ses murs d’enceinte. La moitié des maisons n’étaient plus habitées. Beaucoup étaient sans toit, à demi calcinées, les murs éventrés. Des odeurs pestilentielles sourdaient des puits comblés. Parfois, les demeures s’étaient effondrées les unes sur les autres et leurs gravats avaient bouché des rues entières.
    Ezra hurla de détresse quand les vieux de la ville le conduisirent au Temple. La construction à peine achevée par Néhémie était déjà dévastée. Des fragments de bois noircis rappelaient qu’il y avait eu des portes. L’autel des holocaustes était profané depuis longtemps. Une dizaine de chats aussi sauvages que des tigres avaient établi leur litière dans la vasque fendue où jouaient leurs petits. Un tamaris dévorait le grand escalier de l’entrée. Dans la salle ouverte, d’autres

Weitere Kostenlose Bücher