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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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s’était terminée le 8 mai, le 10 mai j’étais à
bord du USS West Point. Milt Wolff aussi était avec moi. La mission en
Chine ne s’est jamais faite.
    Donovan m’a donc dit qu’une proposition de budget de vingt
millions de dollars allait être soumise au Congrès pour la poursuite du travail
de l’OSS. Quelques mois auparavant, on nous avait demandé d’écrire des rapports
sur la façon dont on envisageait l’avenir de l’OSS. C’est ainsi qu’est née la
CIA. Donovan devait en prendre la tête, mais le voilà qui se trouvait accusé d’avoir
employé des communistes dans son organisation. Ils faisaient pression sur lui.
    Il m’a appelé : « Ils refusent de libérer les
fonds, nous ne pourrons donc pas finir ce que nous avons entrepris ensemble, je
dois me séparer de vous. » Moi et les vétérans de la guerre d’Espagne. Il
nous a donné une lettre attestant de notre loyauté dans notre action, je l’ai
toujours à la maison d’ailleurs.
    Nous avons été envoyés à Fort McQuade, c’était un camp où
étaient enfermés des insoumis. J’étais censé les entraîner pour le Japon. Le
commandant du camp a lu le rapport de mes activités et n’a pas réussi à
comprendre pourquoi on m’avait envoyé là. À McQuade on a engraissé, c’est tout,
on n’a entraîné personne à quoi que ce soit. Quand ils ont largué la bombe, le
commandant nous a demandé : « Vous voulez être libérés un peu plus
tôt ? » Je lui ai dit : « Oui, ça sûrement. »
    J’ai été décoré de la Légion of Merit, et ensuite le FBI et
tous ceux que ça a intéressés m’ont harcelé parce que j’avais fait partie de la
brigade Lincoln et que j’étais un rouge. Moi et les autres, pareil. Ma Légion
of Merit ? Elle doit traîner quelque part par là.

Hans Massaquoi
    Hans Massaquoi est un des rédacteurs du magazine Ebony, il habite Chicago.
    « Je suis né en 1926, d’une mère allemande et d’un
père libérien. Mon grand-père était consul général du Liberia à Hambourg. Avant
que la guerre n’éclate, mon père, conscient de ce qui se préparait, a décidé de
quitter l’Allemagne et a essayé de persuader ma mère de le suivre avec moi. Ma
mère, sur l’avis du médecin de famille, a décidé de rester car j’étais un
enfant fragile. »
    J’ai passé mon enfance en Allemagne, et l’allemand est ma
langue maternelle. Pendant longtemps je n’ai pas eu de problèmes, car dans le
quartier tout le monde me connaissait. J’avais des amis et j’étais vraiment
traité comme tous les autres petits garçons. Mais dès que je quittais le
quartier, tout le monde me dévisageait, j’étais une nouveauté. Les enfants
tiraient leurs parents par la manche : « Regarde, un Neger. » Ça m’énervait vraiment.
    Avant le départ de mon grand-père nous vivions assez à l’aise.
Hitler est arrivé au pouvoir en 33. Au début ça ne m’a pas affecté, j’étais
trop jeune, et je ne comprenais pas que si ma mère, qui était infirmière, perdait
toujours ses emplois c’était à cause de moi. À partir de là les choses ont
commencé à devenir plus difficiles pour nous.
    En 32, quand j’ai commencé à aller à l’école, j’avais six
ans. En 33 ma première institutrice s’est fait renvoyer pour raisons politiques,
je ne sais pas quelles étaient ses opinions. Petit à petit les anciens
instituteurs ont été remplacés par des jeunes favorables au nazisme. C’est
alors que j’ai commencé à voir un changement dans leur attitude à mon égard. Ils
me faisaient des remarques sarcastiques sur ma race. Un instituteur m’avait
montré comme exemple de race non aryenne. Une fois, je devais avoir dix ans à
peu près, un instituteur m’a pris à l’écart pour me dire : « Dès qu’on
en aura fini avec les Juifs, on s’occupera de ceux de ton espèce. » Il
devait être encore légèrement inhibé pour ne pas faire cette déclaration en
pleine classe. (Il rit.) C’était une affaire privée, avec un soupçon de
sadisme.
    La guerre a éclaté en 39, c’était ma dernière année d’école.
J’étais, tout comme les autres enfants, très enthousiaste à l’idée de la guerre.
Il allait se passer quelque chose. Il allait y avoir du changement. Je m’étais
tellement identifié aux Allemands et à la cause nazie que j’avais été ravi de
les voir envahir la Sarre et l’Autriche. J’étais allemand, et je n’avais pas
encore bien saisi le message. Il m’a fallu un

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