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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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hasardeuse.
    — Monsieur de Farjeau, le farouche commandant hollandais de la place, voulut en profiter pour s’emparer à nouveau de la demi-lune. Nous dînions silencieux car monsieur d’Artagnan gardait une oreille attentive à ce qui se passait alentour. L’air désabusé, il me confia enfin : « Il me semble que voilà un fourneau qui joue à la demi-lune attaquée : il la faut reprendre avant que nos ennemis s’y soient établis. »
    Géraud, qui n’était pas un spécialiste, réfléchit une seconde pour analyser cette remarque et se souvenir qu’un fourneau, en langage militaire, était un trou, ou un tunnel, creusé au pied d’un ouvrage qu’on chargeait de poudre pour le faire sauter. Ainsi, les Hollandais se trouvaient donc dans le fossé et minaient l’escarpe !
    — Monsieur d’Artagnan dit à Saint-Léger qui commandait alors la compagnie en second : « Qu’on donne à d’Aligny trente mousquetaires du Roi et soixante grenadiers tant du régiment du Roi que de celui de la Couronne, et qu’on ne laisse passer qui que ce soit que ce qui est ordonné. »… Je devais donc repartir aussitôt au combat. Sur le coup, la fatigue ne me permit pas de comprendre l’avertissement « et qu’on ne laisse passer qui que ce soit » qui corrobore ce que je vous ai signifié plus avant.
    — Que sous-entendait-il selon vous ?
    — Que nous aurions à nous méfier de nos arrières… Et, me couvrant d’un œil de père inquiet, il me précisa, tandis que je m’apprêtais à partir : « Va attaquer la demi-lune par où nous l’avons attaquée la nuit dernière, et tu auras bientôt de mes nouvelles. » J’étais dans l’obligation d’obéir à cet ordre raisonnable. Nous ne devions reperdre ce que nous avions emporté avec tant de peine, et à la mémoire de nos camarades qui s’étaient sacrifiés pour ce bénéfice stratégique. Des nouvelles de notre commandant, j’en reçus hélas bien trop tôt puisqu’une demi-heure plus tard, il nous rejoignait pestant et rageant comme jamais.
    — Avait-il reçu des informations, acquis des certitudes pendant ce court laps de temps ?
    — À n’en pas douter. Monmouth qui, comme assurent certains, « n’est pas de ces esprits pénétrants qui inventent sur l’heure, suivant le besoin… » avait fait des siennes qu’il fallait réparer. Grièvement blessé au bas-ventre et à maints endroits au cours de l’assaut violent qui s’ensuivit comme vous me voyez, je ne connais pas l’enchaînement des événements qui aboutirent à la mort de monsieur d’Artagnan et à tant de nos dévoués mousquetaires. C’est à l’hôpital de l’armée après trois jours d’inconscience que j’appris l’affreux dénouement…
    Sa voix se brisa. Ses épaules s’affaissèrent. Sa main, crochetée au dossier du siège, tremblait. Il était épuisé. Géraud prit l’initiative d’ordonner le retour dans ses quartiers.
    1 - Charles de Batz de Castelmore.

    2 - Grade reçu pour son comportement au combat et ses blessures, agrémenté d’une pension de cinq cents écus.

    3 - Ou Farjot, bon officier d’infanterie, fils d’un brasseur de Valenciennes.

    4 - Cité par d’Aligny dans ses mémoires.

    5 - Mémoires de monsieur d’Aligny.

IV
    P IERRE Q UARRÉ D ’A LIGNY AVAIT PRÉSUMÉ de ses forces. On l’avait reconduit d’urgence à l’hôpital où il tomba dans une demi-conscience. Géraud le confia aux mains des médecins et des chirurgiens qui, dans l’immédiat, refusaient de se prononcer sur son sort.
    Il avait encore tant de questions à lui poser.
    Le lendemain, le bilan de santé qu’il vint quérir à la première heure le laissa dans l’expectative : état stationnaire, lui assura-t-on. Il décida donc de suivre le conseil du dévoué maréchal des logis et de prospecter seul du côté de la demi-lune. Auparavant, il était impatient d’apprendre ce que le duc de Monmouth avait entrepris de sa propre autorité au mépris des ordres. Il demanda au médecin chef la permission de visiter Maupertuis, l’enseigne de la première compagnie des mousquetaires, à défaut de l’officier La Bastide. Seul, le premier était en état de le recevoir. On lui accorda un quart d’heure d’entretien.
    Blessé à la poitrine et à l’épaule, Maupertuis l’accueillit avec une sorte de soulagement évident, comme s’il voulait à tout prix témoigner, au cas où il viendrait à trépasser.
    — Ainsi, une enquête a enfin été

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