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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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Geoffroy peut pas savoir, il était déjà estourbi.
    — Parlaient-ils une langue étrangère ? Anglais, espagnol, hollandais ?
    Lisa, qui avait tenté de couper cette piste, comprit où il voulait en venir. Elle se refusait de l’orienter avec trop de précision, de peur que son témoignage paraisse fantaisiste et influencé.
    — C’était plutôt un patois. Seul le chef parlait correctement le français. C’est tout ce qui me revient. J’ai beau me creuser la cervelle…
    — Nous nous en contenterons, trancha Rohan. Où habitez-vous, jeunes gens ?
    — À… à Paris.
    — Mais encore ?
    Lisa fut prise de panique. Elle avait failli se trahir en lâchant « l’école des Muses ». Elle pensa à la rue de la Calandre. C’était dangereux, aussi. Geoffroy eut le bon réflexe :
    — Nous habitons rue du Temple.
    — Très bien, nous en reparlerons plus tard. J’aurai d’autres questions à vous poser.
    Ils se confondirent en remerciements et se retirèrent à la suite de la cuisinière. Rohan refusa les câlineries mielleuses de Renée, la renvoya dans ses appartements car le pas lourd de La Tréaumont résonnait dans l’escalier. Il fallait le pousser dans ses retranchements, lui rabaisser sa morgue et son arrogance, imposer sa volonté et ses conditions. (Qui était chevalier, ventrebleu !) Il devait prendre des garanties sérieuses, assurer ses arrières et ne rien décider à la légère… un programme compliqué pour un Rohan.
    1 - Rohan se faisait nommer ainsi par ses serviteurs.

XXXIV
    — A INSI, MES MAUVAIS APÔTRES, vous m’avez scellé la vérité et dissimulé la fugue de Lisa !
    — Sans chercher la contradiction à tout crin, Géraud, ce n’est pas tout à fait exact, tenta de plaider Pistol tout penaud. Quand je suis parvenu à retrouver ta trace après d’infructueuses recherches et dans l’angoisse de ne pouvoir t’avertir de l’enlèvement imminent du dauphin qui, grâce à ton intervention rapide et un coup du sort favorable, a été épargné, tu m’as écarté à deux reprises pour la bonne marche des opérations ; si bien que j’en ai oublié de te prévenir.
    — Respire donc, fourbe !
    — C’est en rentrant, qu’à l’approche de Mantes m’est revenue en mémoire la disparition de la petite. Te rechercher à nouveau pour te tourmenter n’aurait rien changé à la situation ; j’ai préféré me remettre en quête au plus vite.
    — Et toi, Jean-Charles que j’estimais plus qu’un ami fidèle, mousquetaire probe et émérite, un homme de confiance, tu n’as pas été capable de surveiller ma pupille ! Qu’as-tu à répondre à cela ?
    — Une faute annihile cent bonnes actions. Je l’ai protégée au mieux, l’ai surveillée, couvée, raisonnée autant que possible. C’est ce Geoffroy retors qui lui cherchait noise depuis longtemps ; interrogé, Grégoire l’a confirmé. Lisa a échappé maintes fois à ses turpitudes et ses vicieux traquenards de dominant envers un plus faible, mais sa vigilance, une seule fois, fut prise en défaut, tandis que, fait du hasard, mon attention était accaparée ailleurs par un nouveau conciliabule des conjurés.
    — Et l’entremise d’un entrecuisse très volcanique, je présume !
    — Marianne espionne son père à notre profit. C’est elle qui nous a fourni le code d’écriture.
    — À ton profit en premier lieu, occultant ta passion éternelle pour la malheureuse demoiselle Anceau qui se morfond et s’étiole dans un couvent.
    — J’aime Virginie et je m’emploie à l’extraire de cette geôle. Nous progressons. Grâce à des complicités dans la place, désormais nous parvenons à communiquer régulièrement par l’intermédiaire de Babet, sa servante dévouée.
    — Et c’est l’autre que tu lutines.
    — Ce n’est pas de gaîté de cœur.
    — Pauvre victime qui se plaindra bientôt de viol ! plaisanta Pistol. Pour soulager ta pauvre conscience malmenée, je te supplée sur l’heure, si tu y consens, la belle n’est pas farouche, dit-on.
    — Elle me sert également de bouclier contre les représailles possibles dont je vous ai parlé. Aux Muses, je me sens chaque jour plus menacé.
    Géraud et Pistol se jetèrent un regard complice et éclatèrent de rire. Ce dernier héla l’aubergiste et réclama un nouveau cruchon. Ils s’étaient rejoints non loin de l’école des Muses, ce deuxième dimanche de janvier, après plusieurs va-et-vient du commissaire pour tirer

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