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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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un bilan des opérations en cours.
    — Ce procès est injuste, mes compères, protesta du Cauzé puisque vous savez désormais que Lisa est saine et sauve. Elle est de retour au bercail sans dommages. Mon intervention, si elle ne fut décisive, n’a pas été inutile.
    — Raconte-nous cet épisode, vaillant militaire, arlequina encore le dessinateur, épisode consécutif à l’évasion des deux jeunes aventuriers de chez Rohan. Il faut admettre humblement que la gamine mériterait d’en porter entre les jambes autant que certains courtisans et hauts personnages de l’État qui ne savent tirer bon usage des leurs.
    — Je prédis que l’égalité des sexes sera une réalité dans un siècle ou deux, non par l’adjonction d’attributs virils à des femelles au caractère trempé, mais par l’émasculation de mâles dégénérés. Elles ont les dents de plus en plus longues et aiguisées !
    — Vos diatribes, trancha Lebayle, se ressemblent chaque jour davantage. Subiriez-vous tous deux l’influence d’Affinius ?
    — À force de dîner souvent à sa table, ce n’est pas impossible, reconnut Nazelle. Il n’inculque pas que la révolte et l’athéisme. Ses idées développent parfois des notions acceptables.
    — Et c’est en cela qu’il se révèle encore plus dangereux. Saurons-nous, en quelques mots, comment tu as retrouvé la trace de Lisa qu’il me faudra cependant tancer afin de lui donner une leçon ?
    — Avec l’assistance de la cuisinière de Rohan, elle a obtenu, en compagnie de son tourmenteur qu’elle a superbement corrigé sans trahir son sexe, à se faire reconduire au domicile de ce dernier, après toute une journée passée au manoir dans l’attente du bon vouloir de ce versatile chevalier. Rohan changeait d’avis d’un instant sur l’autre, soumis aux arrogances de La Tréaumont.
    — C’est de Lisa qu’il est question, reviens-y.
    — Au petit jour, je repris mes recherches et suivis le parcours de la voiture. Ce n’était pas très difficile grâce aux traces luisantes qu’elle avait imprimées dans la neige. Ainsi, après quelques errances, je suis parvenu au manoir de Rohan et, par une chance extraordinaire, peu avant la sortie de cette même voiture sans armoiries. Par la portière, j’entr’aperçus une silhouette menue qui ne m’était pas inconnue. Soulagé, je l’ai suivie de loin jusqu’à l’enceinte parisienne, puis l’ai alors précédée à la porte du Temple. Me recommandant de monsieur de Luxembourg sous les ordres duquel j’avais été, je fis intercepter le véhicule. Isolé dans une geôle, j’accusai le cocher de complicité d’enlèvement. Le pauvre homme prétendait que les enfants avaient été recueillis après un rapt. Il s’enlisa en se disant au service d’un grand seigneur dont il ne pouvait révéler l’identité et s’estima assez heureux de se sauver avec son équipage quand je lui conseillai d’aller se faire pendre ailleurs. Je renvoyai le garnement déconfit chez ses parents sous bonne escorte, me chargeai de l’autre « jeune énergumène », gratifiai les sentinelles d’un bon pourboire. J’emportai en croupe un Gautier éberlué, puis repris la direction de Picpus.
    — Comment as-tu pu réintégrer la pension sans être remarqué avec ton passager puisqu’il était censé se trouver alité ?
    — Prends-tu un ancien mousquetaire du roi pour un benêt, Pistol ?
    Jean-Charles s’était dressé, menaçant, la main sur la garde, simulant une colère qui produisit son effet.
    — Loin de moi une telle insinuation, mes paroles ont devancé ma pensée.
    — Je préfère cela, gribouilleux… Je déposai donc la finaude à son point de départ sur l’arrière de la propriété dans laquelle, à mon signal, elle devait s’introduire par la même faille. Je rentrai aux Muses par le portail, demandai à la cuisine une soupe chaude pour le petit malade et, tandis que chacun vaquait à ses occupations ou étudiait en salle de cours, je la ramenai à sa chambrette où je la consignai encore une journée en pénitence. Y a-t-il quelque chose à redire à mes déclarations ?
    Pistol leva la main en signe d’assentiment et secoua la tête sans desserrer les lèvres.
    — Tu as parfaitement agi, Jean-Charles, reconnut Lebayle. Tu me vois soulagé et je te remercie. J’ai senti passer le vent du boulet, l’incident est clos. Toutefois… dites-moi ce qu’un père, même putatif, est en droit d’infliger comme

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