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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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les lois, pourfendre les ennemis du royaume, se ruiner en dépenses inconsidérées avec de surprenants élans passagers de charité. Puis être capable de mendier des subsides, de défier Dieu et diable, mais redouter aussitôt le Malin par une superstition proche de la folie furieuse.
    — Admirable portrait. Qu’as-tu découvert à son sujet ?
    — Peu de chose, en vérité. Je l’ai observé à distance, écouté dans des lieux publics, espionné au plus près. J’ai sympathisé avec ses derniers serviteurs encore fidèles, questionné les personnes qui l’ont côtoyé sans déceler la moindre malversation, la plus petite collusion avec Monmouth ou les Hollandais, laissant supposer qu’il ait pu, de près ou de loin, être impliqué dans la mort du capitaine des mousquetaires, si le doute subsiste et persistera à jamais.
    — Ce qui me navre car j’aurais aimé apporter quelques certitudes à Sa Majesté.
    — Tu n’as pas failli à la mission qui t’a été confiée, la preuve en est de cette honorable promotion. Tu ne peux pas modifier les résultats ni en maquiller les constituants.
    — C’est ma naïve conception de ce métier qui n’est peut-être pas, à la réflexion, celle de tous. Je soupçonne certaines autorités – non pas monsieur de La Reynie d’une intégrité exemplaire – et de hauts dignitaires d’avoir par le passé ajusté leurs conclusions pour complaire à leur monarque ou se conformer à la rumeur publique. Et parfois, sous le couvert de la raison d’État, de manière à ménager des princes ou éviter des troubles plus graves.
    — De tout temps, les boucs émissaires ont servi à désamorcer les bombes, mon pauvre Géraud. En ce qui concerne notre affaire, j’ai aussi pensé qu’il pouvait exister un lien – peut-être distendu – avec l’emprisonnement de Nicolas Fouquet puisque d’Artagnan a escorté le surintendant jusqu’à Pignerol. Mais tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il s’est acquitté de ce mandat avec la plus grande humanité. Puis m’est venu à l’esprit l’épisode de Lauzun, l’extravagant amour de la Grande Mademoiselle, à qui son cousin de roi a refusé le mariage pour cause de mésalliance et autres raisons… d’État. Là encore, la besogne fut accomplie dans la dignité. Et Lauzun rejoignit Fouquet. Alors, me diras-tu ? J’ignore aussi quel motif pousse l’ex-épouse de d’Artagnan à te poursuivre de sa vindicte, sinon qu’elle en veut à la terre entière et aux hommes en particulier.
    — Cela tient peut-être seulement aux circonstances de mon ambassade auprès d’elle au sujet de ses fils.
    — C’est possible… Et toi, qu’as-tu glané d’intéressant au long de ton périple normand ?
    — Rien qui ait un rapport quelconque avec ce que nous venons d’évoquer.
    Géraud s’assit et se fit un plaisir de narrer son odyssée à son ami, n’occultant pas cette fois, et la plaçant même en exergue, son aventure avec la dame de Villars.
    — Une marquise, superbe tableau de chasse !
    Tout à coup, Pistol fronça les sourcils et s’assombrit.
    — Il y a quelque chose qui t’indispose ? s’inquiéta le commissaire.
    — Répète-moi le nom du futur jeune cocu de ton entreprenante et frivole conquête ?
    — Auguste des Préaux, pourquoi ?
    Pistol bondit sur ses pieds, gesticula comme un illuminé frappé par la foudre. Il souleva presque Géraud par les épaules et le secoua.
    — Le voilà notre contact !
    — Explique-toi au lieu de m’ébranler la cervelle.
    — Maëstricht ! Retour en arrière ! Des Préaux est un jeune homme de bonne mine, élancé, cinq pieds et demi, les cheveux châtain clair, le nez droit, les lèvres ourlées presque féminines, avec une mouche naturelle sur la pommette gauche qui ravit les dames et les fait se pâmer ?
    — C’est à peu près cela. Tu devrais m’en dessiner le portrait. Mais encore, en quoi t’intéresse-t-il ?
    — Des Préaux a participé au siège de Maëstricht, je l’ai croisé à maintes reprises… Devine pourquoi ? Parce qu’il était sous les ordres du chevalier de Rohan !
    — Par Dieu ! Pistol, nous formons le meilleur duo de la police. Un jour, il faudra que je te fasse engager par monsieur de La Reynie.
    — Merci, mais juste comme extra. Mes mines et mes fusains me passionnent davantage.
    — Je ne sais pas ce qui se trame dans le royaume, mais nous tenons là un fil d’Ariane brûlant, à manier avec la

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