Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
Vom Netzwerk:
caleçons, tenait Pistol en respect à la pointe de son arme.
    — Alors, monsieur l’importun qui ameute tout le quartier, on joue moins le matamore, à présent ? Et si, dans un geste d’humeur incontrôlée, je vous embrochais telle une volaille, qu’en diriez-vous ?
    — Plus rien, à coup sûr, et j’en serais fort marri.
    Géraud relâcha son étreinte, relaxa son ami et, libérant un rire franc, le pria de s’asseoir.
    — Tu m’as causé une belle frayeur, bredouilla celui-ci en se massant la gorge. Sur l’instant, j’ai cru que tu ne me reconnaissais pas.
    — Tel est pris qui croyait confondre. À la chasse, il faut toujours se garder d’un revers désespéré de l’animal traqué. Où musardais-tu hier au soir et sans doute une partie de la nuit, que ton repaire était clos ? Chez des femmes de mauvaise vie car ta « cousine » ne t’avait point vu ?
    — Pas où tu imagines, médisant, mais en enquête pour le compte d’un ingrat qui ne paie ni de mine tel que je le vois, ni en monnaie sonnante et trébuchante.
    — Je ne sais pas de qui tu veux parler, miséreux.
    Géraud jeta sa dague sur la table et s’empara de ses vêtements entassés sur une autre chaise.
    — Ingrat auquel j’apporte en offrande les résultats de mes investigations.
    — Montre-moi !
    — Halte-là, monsieur, un peu de sang-froid car celui qui inonde mes veines a risqué, à plusieurs reprises, de le devenir, froid, pour mener à bien une périlleuse mission.
    — Rien d’étonnant à cela par la façon dont tu t’y prends pour arraisonner les gens aux aurores.
    — L’aube aux ailes de soie a pointé son petit nez rose au-dessus de l’horizon depuis trois belles heures.
    — Trêve de rodomontades, qu’as-tu découvert ?
    Mine réjouie, Pistol, pas mieux rasé que son compère, tira de sa veste un rouleau de papier qu’il étala sur la table et tint en place avec le poignard et le bougeoir encroûté de larmes figées et de dégoulinures de suif.
    — Monsieur le commissaire, arlequina encore le dessinateur, pourrait désormais s’offrir des bougies à la place de ces pauvres chandelles qui crachent plus de fumée qu’elles ne produisent de clarté.
    — Tu ne sauras donc jamais te taire !
    — Si, car « un dessin valant mieux que cinq mille mots » selon un proverbe chinois « pourvu qu’il soit de qualité » ajouterais-je, j’ai tracé à ton intention quelques rapides esquisses afin de répondre à tes attentes… s’il te souvient de celles-ci.
    Géraud eut le temps de passer sa chemise et se pencha sur les croquis. Les trois premiers représentaient les trognes couturées, grêlées, ravagées et sinistres de ses poursuivants, les hommes de main de Charlotte-Anne de Chancely, sous des angles différents et plus vrais que nature. Même couchés sur le papier, ils faisaient frémir. L’artiste n’en était pas innocent.
    — Ils ne se sont donc pas lassés. Que me veulent-ils réellement ?
    — J’ignore si tu es leur unique préoccupation, toutefois, depuis trois semaines, ils se sont distraits par quelques forfaits fracassants et sanguinolents. Apparemment, ces forbans se sont fixés à Paris où ils avaient été recrutés et ont repris leur ancien commerce. Jusqu’à ce jour, ils ont été assez habiles pour échapper aux archers du guet.
    Géraud grimaça et finit de se vêtir. Il lui faudrait au plus tôt en avoir le cœur net. Il examina les deux autres dessins, plus élaborés, représentant un cavalier (en pied et en buste), fier et dédaigneux sur un destrier aussi hautain que son maître, tous deux harnachés comme à la parade ; queue teintée de carmin et de noir sous un caparaçon agrémenté de dorures et de perles pour l’un, mèche de cheveux blancs au milieu d’une toison châtain pour l’autre : le célèbre « toupet de Rohan ». De son couvre-chef emplumé, il saluait vers les étages une personne invisible.
    — Pour une fois, tu as raison : pas besoin d’un long discours. Il est donc aussi de retour à Paris, profitant sans doute de l’absence de Sa Majesté rendue à Nancy, pour se pavaner avec toutes les audaces, comme s’il était rentré en grâce sans qu’on en sache rien.
    — Étonnant personnage, se heurtant sans cesse au roi, incapable de la moindre concession ni de s’éloigner de la cour, se brûlant sans cesse les ailes et l’âme, frôlant la mort pour revenir défier le pouvoir, narguer les ministres, transgresser

Weitere Kostenlose Bücher