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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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des
combats.
Tremblez, ennemis de la France
!...

    Sa joie est
communicative.

    « Je
n'ai pas vu, écrit le 1er juin le conseiller d'État
Méjean, un seul soldat français ou italien, pas un
officier, pas un général qui ne soit impatient d'en
venir aux mains et qui ne soit sûr de la victoire ! »

    Pourtant l'affaire
est loin d'être facile. Le gigantisme de l'armée, cette
Babel en marche, va compliquer terriblement les opérations.
L'intendance suivra mal. On est loin des précédentes
campagnes napoléoniennes. « Faute de pouvoir
compter sur les magasins, remarque Louis Madelin, on a chargé
à l'excès le soldat – cinquante-cinq à
soixante livres –, charge qui le fait plier et sans cesse gémir
et contribuera à l'éreinter. Il faut pour des millier
de canons charrier des milliers de caissons, mais aussi, pour nourrir
et vêtir d'énormes armées, des milliers de
voitures et, quand des centaines de milliers d'hommes étaient
traînés sous un climat éprouvant, des milliers
d'ambulances. Et tout ce train se grossit de tous les équipages
parasites, allant des berlines de certains chefs, qui jadis fussent
restés à cheval, aux misérables charrettes des
juifs qui, pour trafiquer, vont se mêler par troupes à
l'armée. L'encombrement était fatal... »

    Les routes
polonaises ne sont que des chemins de terre poussiéreux et la
berline impériale ne fait que onze kilomètres à
l'heure, presque moitié moins que sur les routes pavées
françaises. Aussi Napoléon atteint-il seulement le soir
du dimanche 7 juin la belle vie ancienne de Dantzig –
aujourd'hui Gdansk – qui est déjà à cette
époque une cité industrielle comportant des usines et
des fonderies qui seront fort utiles à la Grande Armée.
Avant de se diriger vers Königsberg, l'Empereur y demeure quatre
jours au cours desquels il passera la revue du deuxième corps.
Mais certaines recrues lui paraissent trop jeunes :

    – Il me faut
du monde en état de supporter les fatigues, fait-il remarquer,
des gens trop jeunes ne feront que remplir les hôpitaux !

    Cependant, la
tenue des hommes fait l'admiration – et la jalousie des
Prussiens. La liste de ce que la Prusse doit fournir à la
Grande Armée – le roi Frédéric-Guillaume
n'ayant pas acquitté sa « contribution de guerre »
à la suite de sa défaite – est interminable : 400
000 quintaux de froment, 200 000 de seigle. 12 500 de riz, 10 000 de
légumes secs, 2 000 000 de quintaux de viande, 2 000 000 de
bouteilles d'eau-de-vie. 150 000 quintaux de foin, 350 000 quintaux
de paille. 10 000 boisseaux d'avoine, 6 000 chevaux de cavalerie
légère. 3 600 pour les cuirassiers, 6 000 destinés
à l'artillerie ou aux équipages, et enfin plus de 3 600
voitures attelées. Enfin des hôpitaux pour 15 000
malades.

    On le devine, les
Français sont détestés tout le long de leur
traversée du territoire prussiens. Il est bien dangereux pour
les soldats de s'aventurer hors des villes. Ils sont alors injuriés
et violemment frappés.

    C'est à
Dantzig que Napoléon se réconcilie avec Murat. Il lui a
souvent reproché ses intrigues et l'Empereur n'a pas voulu le
laisser venir à Dresde.

    – Sa tête
lui tournerait, explique-t-il, si l'empereur François lui
adressait quelques paroles aimables.

    Cette fois,
Napoléon a besoin du magnifique sabreur qui aura à se
battre contre les cosaques. Napoléon est si amical que le roi
de Naples en a les larmes aux yeux :

    – Au fond,
s'attendrit Napoléon, c'est un bon cœur, il m'aime
encore plus que ses lazzaroni , quand il me voit, il' m a
m'appartient.

    Murat part en
campagne accompagné d'un train de satrape. Il a emmené
avec lui ses cuisiniers et plusieurs fourgons contenant ses uniformes
et sa vaisselle plate.

    – Je
voudrais bien, explique-t-il au général Belliard, ne
pas me coucher sans souper, comme cela m'est arrivé à
la dernière campagne.

    Face à
l'obstacle, le moral de Napoléon est parfois moins bon.

    – Celui qui
m'avait évité cette guerre, avoue-t-il à Savary,
m'aurait rendu un grand service, mais enfin la voilà, et il
faut bien s'en tirer.

    Lui a-t-on
rapporté le mot de Sémonville qui, voyant passer les
troupes de la Grande Armée, avait osé prédire :

    – Pas un
n'en reviendra, ils vont à la boucherie !

    Un soir,
l'Empereur s'arrête devant une chapelle, y pénètre
seul et médite longuement. A-t-il retrouvé à cet
instant les prières de son enfance ? À la même
époque, un matin, non loin de

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