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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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portera avec elle sa garantie et
mettra un terme à la funeste influence que la Russie a exercée
depuis cinquante ans sur les affaires de l'Europe. »

    La proclamation
est lue à tous les bivouacs de l'immense armée
européenne, un texte qui, pour l'Empereur, exalte le début
d'une épopée et, pour l'Histoire, le « commencement
d'une fin » qui comportera peut-être des heures
glorieuses et exaltantes, mais qui, à la suite de l'effroyable
retraite, n'en marquera pas moins le début de l'inexorable
déclin.

    *****

    Le mardi 23 juin,
à 2 heures du matin – le jour pointait déjà
– une scène inattendue se déroule sur les rives
polonaises hautes et abruptes du Niémen. Une berline attelée
à six chevaux, entourée par quelques chasseurs de la
Garde, s'arrête devant un avant-poste tenu depuis plusieurs
mois déjà car des lanciers polonais. Le chef
d'escadron, le comte Roman Soltyk, s'avance et reconnaît,
desccendant de sa voiture. Napoléon. accompagné par le
maréchal Berthier, prince de Neufchâtel, son chef
d'état-major. L'Empereur semble fatigué par son voyage,
mené comme d'habitude à grand train, et « ses
traits offrent l'empreinte de la préoccupation ».
Il pose quelques questions en regardant en contrebas la rive russe –
lituanienne plutôt – du neuve, une rive déserte,
basse et plate.

    Il n'y a pas trace
d'une armée, à part quelques rares éclaireurs
disparaissant aussi vite qu'ils sont venus.

    Napoléon
décide de se livrer lui-même à une
reconnaissance, non revêtu de son uniforme français,
mais en tenue polonaise, afin de ne pas être reconnu par
d'éventuels cavaliers ennemis. « Il met bas son
habit, nous rapporte le major Roman Soltyk, le prince de Neufchâtel
de même ; Suchorzewsky et moi suivîmes son exemple, ainsi
que le général Bruyères ; de sorte que nous nous
trouvâmes cinq ou six personnes en chemise au milieu du
bivouac. entourant l'Empereur, et chacun de nous tenant son uniforme
à la main... »

    Napoléon
fait son choix, mais refuse une coiffure d'officier de lanciers, la
trouvant trop lourde, et se coiffe d'un simple bonnet de police, puis
enfourche un cheval nommé Gonzalon. Berthier, Caulaincourt,
Duroc, Bessières et le général du génie
Haxo, tous déguisés en Polonais, l'accompagnent.
Lorsqu'il arrivent au bourg d'Alexoten. au bord du large neuve, un
chef de bataillon qui a traversé le fleuve à la nage
vient dire à l'Empereur que l'armée russe semble s'être
retirée. Il n'a trouvé aucun poste. aucun soldat, mais,
dans un hameau, il a pu interroger quelques habitants qui lui ont
confirmé le retrait des troupes tsaristes. À son retour
Napoléon paraît ravi de donner le lendemain aux Russes
la surprise de l'invasion. À son retour, les lanciers ont
préparé à son intention une collation « qu'il
mange au milieu de nous, sur la grand-route ; il semble prendre
plaisir à son travestissement, nous demande à deux
reprises si l'uniforme polonais lui va bien ». Après
le déjeuner l'Empereur lance en riant :

    – À
présent, il faut rendre ce qui n'est pas à nous.

    Puis il ôte
les vêtements qu'il avait empruntés, reprend son
uniforme de chasseur de la Garde et s'apprête à remonter
en voiture en compagnie de Berthier. Avant de partir, l'Empereur,
superstitieux comme bien des Corses, demande qu'on lui amène
de l'eau du Niémen dans un casque et en boit symboliquement
quelques gorgées...

    Ce même
jour, alors que le crépuscule s'achève, Napoléon
revient sur les bords du Niémen et suit le fleuve au galop,
devinant dans l'obscurité la rive russe. Soudain, dans un
champ de blé, son cheval, nommé Friedland, fait un
écart – un lièvre lui est passé entre les
jambes –, l'Empereur, vide les étriers, tombe et se
relève aussitôt.

    Berthier dit à
voix basse à Caulaincourt :

    – Ceci est
un mauvais présage, un Romain reculerait !

    Mais Napoléon
n'est pas homme à reculer...

    Au cours de la
nuit, trois cents voltigeurs passent le fleuve sur des batelets et
vont occuper la rive russe. Les troupes ont reçu l'ordre
d'agir en cachette :

    – Il faut,
avait recommandé l'Empereur, que le premier homme d'infanterie
que verra l'ennemi soit un pontonnier.

    *****

    Le matin, Napoléon
sort de sa tente en coutil à rayures bleues et blanches. Tout
heureux, il voit les équipages des pontons arriver sur le
terrain et « trancher » la pente le long de la
berge afin de rendre le fleuve accessible aux charrois.

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