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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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Vilna, un prêtre lituanien
dit sa messe dans une petite église de campagne. Il n'y a
qu'un seul fidèle, un officier russe qui prie, la tête
entre ses mains. Intrigué, le prêtre s'avance,
l'officier relève la tête : c'est le tsar Alexandre.

    Et les deux
hommes, chacun de leur côté, quittent leur chapelle.
Peut-être avaient-ils senti, l'un et l'autre, qu'il fallait que
Dieu se mêlât de leurs affaires...

Le sort en est jeté !
    Le mardi 23 juin
1812, l'immense armée, une armée où l'on parle
douze langues différentes, s'avance vers le Niémen, à
la hauteur de Kowno. On n'aperçoit pas le fleuve : la forêt
de Pilwisky et les rives escarpées le cachent...

    Napoléon ne
se rend pas compte que l'on se trouve déjà au cœur
de l'été, alors que c'est au printemps qu'il eût
fallu attaquer. Il le reconnaîtra plus tard... trop tard ! Se
souvient-il encore de ce qu'il a dit au Conseil d'État avant
de quitter Paris ?

    – Je me
rendrai à Varsovie, j'y passerai l'hiver à m'y
organiser et à faire venir mes dépôts. Mon
attitude sera assez imposante pour que je puisse y espérer la
paix. Si elle ne se fait pas au printemps, j'assiégerai et je
prendrai Riga, puis j'irai faire une insulte à
Saint-Pétersbourg, je dis une insulte, car il ne faut pas
songer à s'arrêter en Russie.

    Aujourd'hui qu'il
s'apprête à traverser le Niémen, quel est le plan
de l'attaque impériale ? Sur un front de deux cents
kilomètres, plusieurs corps d'armée vont franchir la
frontière russe. Napoléon s'avancera au centre,
accompagné de sa garde formée de 21 000 fantassins, 7
000 cavaliers et 7 000 artilleurs, soit une force d'élite
composée de 35 000 hommes. Ils formeront le noyau de l'armée
française ayant à leur tête Ney, Davout et
Oudinot, soit 230 000 hommes. Ils franchiront tous le Niémen à
Kowno, puis se dirigeront vers Vilna.

    En face d'eux : la
principale armée russe commandée par Barclay de Tolly.
À la gauche française de ce corps central, face à
la droite russe, s'avanceront les 80 000 homme de l'armée
d'Italie, comportant Allemands et Bavarois, et commandée par
le vice-roi Eugène, le fils de Joséphine. Ils
traverseront le Niémen davantage en aval. Encore plus au nord,
à la gauche du vice-roi, 30 000 hommes ayant à leur
tête Macdonald, duc de Tarente, enjamberont le fleuve à
Tilsit et se dirigeront vers la Courlande, semblant ainsi menacer
Saint-Pétersbourg. Les Français sont ici moins nombreux
et se trouvent entourés par des régiments prussiens et
bavarois.

    Passons maintenant
à la droite de l'immense dispositif. Napoléon commettra
la grande erreur d'en confier le commandement à l'incapable
Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, qui s'imaginera
posséder le génie militaire de son frère en
ajoutant à son prénom celui de Napoléon. Et
Jérôme-Napoléon – le marin de la famille –
aura sous ses ordres le prince Poniatowski, avec ses 40 000 P0l0nais,
20 000 Westphaliens, et 24 000 Saxons, soit une armée de 84
000 hommes, groupée à cent cinquante kilomètres
au sud de Kowno. Sa direction : la Bérézina, puis le
Dniepr. Jérôme reçoit la mission de culbuter le
flanc de la seconde armée russe, celle du prince Bagration,
tandis que Davout attaquerait l'autre flanc. Prise entre deux
tenailles, ce serait alors l'écrasement de la gauche tsariste
– du moins on l'espérait...

    Toujours plus à
droite, il y avait encore les 30 000 Autrichiens de Schwarzenberg,
qui feront semblant de se battre. Quant au corps de réserve
d'Augereau, fort de 200 000 hommes, il devait attendre en Allemagne
pour combler éventuellement les vides de la Grande Armée.

    À
Wilkovichki, le mardi 23 juin, non loin des frontières de la
Russie, Napoléon lance à ses troupes cette proclamation
:

    « Soldats
!

    La seconde guerre
de la Pologne est commencée : la première s'est
terminée à Friedland et à Tilsit. À
Tilsit, la Russie a juré éternelle alliance à la
France et guerre à l'Angleterre. Elle viole aujourd'hui ce
serment... La Russie est entraînée par la fatalité.
Ses destins doivent s'accomplir. Nous croit-elle donc dégénérés,
ne serions-nous donc plus les soldats d'Austerlitz ? Elle nous place
entre le déshonneur et la guerre. Le choix ne saurait être
douteux. Marchons donc en avant ; passons le Niémen ; portons
la guerre sur son territoire. La seconde guerre de la Pologne sera
glorieuse aux armées françaises, comme la première
; mais la paix que nous conclurons

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