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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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innombrables méandres
parallèlement à la route avant d'aller se jeter dans la
Moskova. Elle coule dans une petite vallée encaissée
dont les rives abruptes constituaient pour l'aile gauche française
un sérieux obstacle. La route remonte et voici Borodino, un
village composé d'une vingtaine d'isbas pouilleuses et qui n'a
guère changé depuis 1812. La coupoule verte de la
petite église est toujours là, coiffant une colline
boisée. Un peu au-delà, se trouvaient les position de
Barclay de Tolly et de l'aile droite russe.

    Ce n'est cependant
pas à Borodino qu'il faut se ternir pour revivre la bataille,
mais à gauche du village. à cent mètres de la
route. D'ici, après la vallée de la Kolocza ou Kolotcha
on voit se profiler la colline de Kourganskaïa. C'est sur elle,
au centre même du dispositif russe, que Koutouzov, acceptant
l'idée du colonel Toll, a fait construire un gros fortin d'une
soixantaine de mètres de largeur – la Grande Redoute –
occupée par les terribles batteries du général
Raïevski, une redoute dont on devine encore aujourd'hui le
tracé 8 .

    Plus à
gauche, on aperçoit un hameau formé d'une douzaine
d'isbas : le village de Semenovskaïa qui a donné son nom
à un petit affluent de la Kolocza serpentant à ses
pieds, dans une faille escarpée du terrain. Toujours plus à
gauche, un triple ouvrage défensif, élevé sur un
sol sablonneux, les Trois Flèches dont l'une d'elles, devant
le couvent de Stasso Borodino, demeure presque intacte, avec sa
courtine, son escarre, ses redans, ses traverses et même ses
embrasures destinées aux canons.

    À quinze
cents mètres en avant des trois redoutes de Bagration, on voit
également, coiffant une butte, la redoute de Schwardino, fort
bien conservée, le blockhaus avancé du dispositif
russe. C'est cette position que, le samedi 5 septembre 1812, Napoléon
venant de Ghridnewo, donne l'ordre au général Compans
d'enlever à l'ennemi.

    Ses défenseurs
accueillent les Français par des hourras. Pas un ne recule
sous la terrible charge et les artilleurs se font tuer au pied même
de leurs pièces. L'opération coûte cinq mille
hommes à l'Empereur et plus de six mille défenseurs à
l'ennemi. Napoléon installe son poste de commandement en haut
de l'ouvrage. « Nous passâmes la nuit en carré,
nous dit le sergent Corniquet, les quatre bouches à feu aux
quatre coins, le premier rang veillait une heure debout pendant que
le second et le troisième étaient assis sur les
sacs... »

    Napoléon
s'est retiré sous sa tente, à deux pas de l'ouvrage et
se réjouit d'avoir pu enlever ce « beau mamelon »
dès son arrivée. La « position couvre tout »
et, selon son expression, il pourra attaquer le champ de bataille en
le prenant « par les cornes ».

    À 2 heures
du matin, il se relève, monte à cheval et parcourt au
pas toutes les positions. Il bruine mais l'Empereur n'y prend pas
garde : il est heureux d'avoir vu les lueurs du bivouac ennemi à
travers le crachin. Les Russes acceptent donc la bataille ! Il en est
de même lorsqu'il quitte son petit lit de fer à l'aube
du dimanche 6 septembre. Il est fort satisfait d'apprendre que
l'armée russe occupe bien ses retranchements. Comme la veille,
les baïonnettes brillent sur les collines et on entend
l'Empereur répéter presque avec gourmandise :

    – J'ai
besoin d'une grande bataille !

    Cette fois, il n'y
a plus à craindre que l'ennemi se dérobe. c'est « une
joie générale » – le mot est de Ségur
– alors que demain, combien survivront parmi tous ces
combattants venus à pied depuis la France, les
Pays-Bas, l'Allemagne ou l'Italie ? Sans parler de l'Espagne ! De
l'autre côté on trouve le même enthousiasme ; les
Russes travaillent toujours avec ardeur et passion – pour ne
pas dire avec amour – afin de fortifier la Grande Redoute
bardée de vingt et un canons, entourée de talus, de
fossés profonds et de palissades. Et ce n'est pas tout :

    – Comme
l'espace ouvert devant nous peut être facilement attaqué
par la cavalerie, ajoute le général Raïevski le
chef des pionniers m'a conseillé d'étendre devant les
batteries, sur une étendue de cent cinquante mètres,
une chaîne de pièges à loup, ce qui a été
fait. Maintenant. il nous reste l'essentiel : attendre l'ennemi.

    Le dispositif
russe a une forme convexe, alors que les troupes françaises
ont pris une forme concave. Ce jour-là les reconnaissances
sont nombreuses et déclenchent de vives

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