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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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assurément, allait
tomber de son haut. Après avoir peint dans sa lettre « le
grand désarroi » de l'armée, et estimé
que l'on ne trouverait « aucune position où l'on
pourrait attendre avec confiance l'agresseur », Koutouzov
donnait les raisons de sa décision : « Je ne puis
donc pas risquer une bataille dont les suites défavorables
eussent pour conséquences non seulement l'anéantissement
des derniers débris de l'armée, mais encore la
destruction de Moscou, menacée d'être réduite en
un monceau de cendres. Dans cette position extrêmement
critique, et après en avoir délibéré avec
nos principaux généraux dont quelques-uns,
reconnaît-il, sont d'un avis contraire, Je dois me résoudre
à laisser libre à ennemi l'entrée de Moscou,
d'où tous les trésors, l'arsenal, tout ce qui
appartenait à la Couronne, et même les biens des
particuliers auront préalablement été emportés,
et où pas un seul gentilhomme ne sera resté. »

    Et Koutouzov
conclut :

    « Je
voudrais, Très Gracieux Seigneur et Souverain, vous
représenter humblement que l'entrée de l'ennemi à
Moscou est encore loin d'équivaloir la soumission de la
Russie. Au contraire, avec les troupes que vous m'aviez ordonné
de conserver, je vais accomplir un mouvement vers la route de Toula,
ce qui m'assurera des ressources préparées de nos plus
riches gouvernements. Dans toute autre direction, j'en serais coupé
comme je le serais de Tormassov et de Tchitchagov... Aussi longtemps
qu'existera l'armée de votre Majesté Impériale,
animée de sa valeur connue et de l'ardeur dont nous brûlons,
la perte de Moscou est réparable et n'implique pas celle de la
partie. »

    Après avoir
écrit son rapport, Koutouzov se couche dans la pauvre isba de
Fili et, au cours de la nuit, on l'entend longuement sangloter...

    *****

    Les rescapés
russes de Borodino, « aux visages hâlés et poussiéreux », traversent
maintenant une ville muette de stupeur. 'est la consternation ! Les
habitants offrent au malheureux
combattants du vin et des fruits. Des popes les aspergent à
leur passage d'eau bénite. « La marche, dira un
témoin, avait plutôt l'air d'une pompe funèbre
que d'une marche militaire... Des officiers et des soldats pleuraient
de rage et de désespoir. »

    On voit deux
bataillons sortir du Kremlin, musique en tête. Un colonel les
précède, caracolant noblement.

    – Quelle est
la canaille qui vous a ordonné de jouer de la musique ? lui
demande le général Miloradovitch, commandant
l'arrière-garde.

    – Selon le
code militaire de Pierre le Grand, répond le colonel, la
garnison doit abandonner la forteresse au son de la musique.

    – Est-ce que
le code militaire de Pierre le Grand prévoit la reddition de
Moscou ?

    On entend
maintenant se répéter de sourdes détonations :
ce sont les dépôts de poudre constitués près
du couvent de Simonov que l'on fait sauter. Puis de nombreux sacs de
poudre et de blé sont chargés dans des barques et
coulés dans la Moskova.

    En pénétrant
à pied dans Moscou, Koutouzov se tourne vers sa suite :

    – Qui de
vous connaît bien la ville ?

    Le prince
Galitzine s'avance et s'incline.

    – Conduis-moi
de façon à ce que nous ne rencontrions personne, lui
demande le maréchal.

    Koutouzov remonte
à cheval et se dirige vers la porte d'Arbat, il emprunte
ensuite les boulevards jusqu'au pont de la Yourza. Là, le
menteur et bavard comte Rostopchine, en redingote militaire, une nagaïka à la main, regarde le spectacle. Lui qui
avait fait placarder ce texte sur les murs de la ville : « Je
mets ma vie en gage que le scélérat n'entre pas dans
Moscou ! Et voici pourquoi : nous avons cent trente mille glorieux
soldats et mille huit cents canons dans nos armées, commandés
par le sérénissime prince Koutouzov, chef et capitaine
des forces russes, élu par l'empereur ; et derrière
l'ennemi se tiennent les généraux Tormassov, et
Tchitchagov, avec quatre-vingt-cinq mille de leurs vaillantes
troupes, et puis le général Miloradovitch et, venus de
Mojaïsk et de Kalouga avec trente-cinq mille fantassins, trois
mille huit cents cavaliers et quatre-vingt-quatre canons. Et si tout
cela ne suffit pas pour anéantir le scélérat, je
dirai : Eh bien ! miliciens moscovites, c'est notre tour ! Nous irons
avec cent mille gaillards, nous prendrons l'icône sainte de
Notre-Dame d'Iversk et cent cinquante canons, et nous finirons cette
affaire tous ensemble. »

    En voyant
s'avancer

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