La campagne de Russie de 1812
un
palliatif...
Après
l'échec de la mission donnée à Toutolmine puis
confiée à Lauriston, Napoléon fait rechercher
dans les hôpitaux, ou parmi les prisonniers russes, un officier
supérieur qui pourrait tenter une nouvelle mission auprès
du tsar. On lui amène Alexis Jakowlv, dont le frère est
un diplomate. Selon lui, tant que les Français occuperont
Moscou, il n'y a aucun espoir d'arrangement possible avec Alexandre.
On lui confie cependant une nouvelle lettre destinée au tsar
et, on le devine, la démarche qu'il accepte d'accomplir n'ait
aucun succès.
Demeuré
sans réponse de Saint-Pétersbourg, l'Empereur est de
fort méchante humeur. Des nuits entières, il arpente
les salles du Kremlin. En se penchant sur les carnets de
Caulaincourt, on s'aperçoit que certains jours l'Empereur ne
sort même pas du palais ! Il travaille et administre de Moscou
son vaste Empire. Le reste du temps s'écoule en faisant des
promenades à cheval où à passer des revues sur
la place Rouge.
*****
Pendant ce temps,
Murat a poursuivi Koutouzov sur la route de Wladimir et de Kajan.
– Murat est
leur dupe ! s'exclame l'Empereur. Il n'est pas possible que
Koutouzov reste sur cette route. Il ne couvre ni Pétersbourg
ni les provinces méridionales !
L'Empereur a
raison. Arrivé à Bronitsoui, sur les bords de la
Moskova Sébastiani fait savoir au roi de Naples qu'il n'a
devant lui qu'un rideau de Cosaques. Le gros des troupes tzaristes a
pris la route de Kalouga, au sud de Moscou. En attendant de les
rejoindre et de reprendre sa poursuite, Murat entretient de nombreux
contacts avec certains officiers cosaques. Un colonel aurait même
déclaré au roi de Naples :
– Nous ne
sommes plus vos ennemis, nous voulons la paix ; on attend les
réponses de Pétersbourg.
Assurément,
il s'agit là d'un piège dans lequel Murat est tombé
avec une totale naïveté.
« Le
roi insistait-il, nous dit Caulaincourt, le colonel lui demandait
jusqu'où il voulait aller enfin qu'on se réglât
sur son mouvement. On lui demandait où il voulait placer son
quartier général. Attaquions-nous ? Les Russes se
retiraient sans riposter. Les deux derniers jours, on convint même
de ne pas détruire, de ne point emmener ce qu'il y avait dans
les villages que le roi devait occuper »
Cependant,
l'Empereur désapprouvait ces tentation de quasi-armistice :
– Tous ces parlementages , dit-il à Berthier, n'ont d'utilité
que pour celui qui les provoque et tournent toujours à notre
désavantage.
En dépit de
l'Empereur, Murat, dont les avant-poste, sont situés à
soixante-dix kilomètres de Moscou, donne rendez-vous au
général Bennigsen. Dès le début de
l'entretien, le beau-frère de Napoléon lui déclare
:
– La paix
est nécessaire. Je la souhaite comme roi de Naples, car j'ai
un pays à gouverner.
– Vous
pouvez souhaiter la paix tant que vous voudrez, lui répond
Bennigsen, nous préférons la guerre. Même si
notre empereur le souhaitait, les Russes ne l'admettraient pas... Et
tueraient instantanément tout homme qui parlerait de
négociations.
Ce même
jour, de son côté, le général Korff
rencontre le général Armand aux avant-postes.
– Nous en
avons vraiment assez de cette guerre. lui déclare ce dernier.
Délivrez-nous un passeport, nous allons partir.
– Général,
lui répond Korff, vous êtes venu chez nous sans être
invité : il vous faudra partir à la française...
M. de Noailles,
aide de camp du maréchal Berthier, raconte à sa femme
quel fut son étonnement quand il vit Murat traverser à
cheval les avant-postes en se promenant tout à son aise entre
ceux-ci et les premières lignes cosaques. « Sans
riposter, ils le voyaient passer, aller et venir tantôt au pas,
tantôt au galop, le plus tranquillement du monde... Notez,
précise Noailles, que l'espace compris entre ces deux lignes
françaises et ennemies était que de cent cinquante
pas. » Ce qui n'empêche pas certains cosaques de
venir voler les chevaux de Murat et d'intercepter les convois de
vivres destinés à l'avant-garde impériale.
Pendant ce temps,
à Moscou, on se rend au Théâtre-Français
qui affiche :
Les comédiens
français auront l'honneur de donner
mercredi 7 octobre 1812 :
Une première
représentation du
JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD JEU
Comédie en trois actes et
en prose de Marivaux
suivie de
L'AMANT AUTEUR ET VALET
Comédie en un acte et en
prose de Céron.
Dans le Jeu de l'Amour et du Hasard
:
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