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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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à l’oreille, cousine dit que Dieu désire cela de nous, et il nous donne tant ! s’il le désire ? au fond ce n’est pas grand’chose ; puis ce n’est pas si ennuyeux après tout.
    – Tu es une douce et bienveillante petite âme, dit Saint-Clair en l’embrassant. Va, ma chère fillette, va, et prie pour moi.
    – Certes oui ; je n’y manque jamais, » répondit l’enfant, comme elle s’élançait après sa mère dans la voiture.
    Saint-Clair resta debout sur le perron, et de la main lui envoya un baiser, tandis que la voiture s’éloignait ; de grosses larmes roulaient dans ses yeux.
    « Ô Évangeline, la bien nommée ! Dieu ne t’a-t-il pas donnée à moi comme un Évangile vivant ! »
    Il pensa et sentit ainsi une seconde ; puis il alluma son cigare, lut le journal et oublia son petit Évangile. Différait-il en cela de beaucoup d’autres gens ?
    « Faites attention, Évangeline, dit Marie ; il est toujours bien et convenable d’être bon envers les domestiques ; mais il est inconvenant de les traiter comme nous traiterions des parents, ou des gens de notre caste. Si Mamie était malade, vous ne la mettriez pas dans votre lit, n’est-ce pas ?
    – Si fait, maman, répondit Éva, parce que ce serait plus commode pour la soigner, et puis aussi parce que mon lit est beaucoup meilleur que le sien, vous savez. »
    Le manque complet de sens moral que dénotait cette réponse, jeta Marie dans le plus profond désespoir.
    « Que faire pour être comprise de cette enfant ? s’écria-t-elle.
    – Rien, » répondit miss Ophélia d’un ton péremptoire.
    Éva fut un moment chagrine et déconcertée ; mais par bonheur les impressions des enfants sont fugitives, et peu de minutes après, Éva riait gaiement à chaque objet nouveau qu’elle apercevait à travers les portières de la voiture.

    *

    * *
    « Eh bien, mesdames, demanda Saint-Clair au dîner, quand ils furent commodément assis, que vous a-t-on servi aujourd’hui à l’église ?
    – Le docteur G… a fait un magnifique sermon, répondit Marie, juste un sermon comme il vous le faudrait ; il exprimait précisément toutes mes idées.
    – En ce cas, il devait être des plus édifiants, dit Saint-Clair, et d’un point de vue large !
    – Oh ! simplement mes idées sur la société et ses différentes classes. Le texte était : « Dieu fit toute chose belle en sa saison. » Le prédicateur a démontré que tous les rangs et toutes les distinctions sociales venaient en droite ligne de Dieu ; qu’il était admirablement juste que les uns fussent placés au sommet et les autres à la base, plusieurs étant nés pour commander, et plusieurs pour obéir ; et ainsi de suite. Enfin il a parfaitement appliqué ces paroles au jargon ridicule qu’on débite sur l’esclavage ; il a prouvé clair comme le jour que la Bible était pour nous, et soutenait nos institutions. Je souhaiterais que vous l’eussiez entendu !
    – Grand merci, je n’en ai que faire ; j’en apprendrai tout autant dans le Picayune [31] , et, de plus, je fumerai mon cigare, ce que je ne pourrais faire à l’église.
    – Vous ne partagez donc pas ces vues ? demanda miss Ophélia.
    – Qui, moi ! je suis un si mauvais sujet que ce pieux aspect de la question ne m’édifie pas du tout. Si j’étais appelé à définir l’esclavage, je dirais bel et bien : « Nous l’avons, nous en jouissons et nous le gardons, dans notre intérêt et pour notre bien-être. » C’est là le fort et le faible, et, en somme, tout le fond de ce bavardage hypocrite. Je crois qu’en parlant ainsi, je serais compris de tous et partout.
    – Vraiment, Augustin, c’est par trop irrévérent, s’écria Marie. C’est chose choquante que de vous entendre !
    – Choquante est le mot. Pourquoi vos beaux parleurs religieux ne poussent-ils pas la complaisance un peu plus loin ? Que ne démontrent-ils la beauté – en sa saison – d’un coup de vin de trop ? des veilles passées au jeu ? de plusieurs autres accidents providentiels de même nature, auxquels nous sommes sujets, nous autres jeunes gens ? Nous nous accommoderions fort de cette sanction humaine et divine.
    – Enfin, dit miss Ophélia, croyez-vous l’esclavage un bien ou un mal ?
    – Je déteste l’horrible logique de votre Nouvelle-Angleterre, cousine, dit gaiement Saint-Clair ; si je réponds à cette question, vous m’en poserez une demi-douzaine, toutes plus ardues les unes

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