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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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la plus grande dans le royaume qu’il élèvera, quand tous les autres royaumes auront été essayés et rejetés, car « les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers ! »
    Étaient-ce donc là les préoccupations de Marie Saint-Clair, tandis que debout, somptueusement parée sur la véranda, un dimanche matin, elle attachait à son poignet délié un riche bracelet de diamants ? Ce devait être cela, ou des pensées du même genre, car Marie avait le culte des belles choses ; et elle allait se rendre dans tout son éclat de diamants, de soie, de dentelles, de joyaux, à une église à la mode, pour y faire admirer sa toilette et sa piété. Marie s’était toujours fait une loi d’être très-religieuse les dimanches. À l’église, à genoux ou debout, souple, élégante, aérienne, flexible en tous ses mouvements, enveloppée de son écharpe de dentelle comme d’un nuage, c’était une gracieuse créature ; elle le sentait, et se savait bon gré d’être si distinguée et si pieuse. Miss Ophélia, à ses côtés, formait avec elle un parfait contraste : non qu’elle n’eût sa belle robe de soie, son riche cachemire, son beau mouchoir ; mais une raideur anguleuse et carrée lui prêtait je ne sais quoi d’indéfini, aussi sensible cependant que l’était la grâce de son élégante voisine ; – non la grâce de Dieu, entendez bien, – c’est tout autre chose.
    « Où est Éva ? dit Marie.
    – Elle s’est arrêtée sur l’escalier pour parler à Mamie.
    Que disait Éva à Mamie sur l’escalier ? Écoutez lecteurs, et vous l’entendrez, quoique Marie ne l’entendit pas.
    « Chère Mamie, je sais que ta tête te fait grand mal.
    – Le Seigneur vous bénisse, miss Éva ; ma tête me fait toujours mal, à présent, mais ne vous en tracassez pas.
    – Je suis bien aise de te voir sortir ; et la petite fille jeta ses deux bras autour d’elle. Tiens, prends mon flacon, Mamie.
    – Quoi ! votre belle affaire d’or, avec ses diamants ! Seigneur, miss Éva, ça être beaucoup trop beau pour moi !
    – Pourquoi ? tu en as besoin, et moi pas. Maman s’en sert toujours quand elle a mal à la tête, – cela te fera du bien. Prends-le, je t’en prie, pour l’amour de moi !
    – L’entendez-vous, la chère mignonne ! s’écria Mamie, comme Éva lui glissait le flacon dans son fichu, et, après l’avoir embrassée, courait rejoindre sa mère.
    – Pourquoi vous êtes-vous arrêtée ? demanda Marie.
    – Pour donner mon flacon à Mamie, afin qu’elle s’en serve à l’église.
    – Éva ! dit Marie, frappant du pied avec impatience, vous avez donné votre flacon d’or à Mamie ! Quand donc comprendrez-vous ce qui se fait, et ce qui ne se fait pas ? Allez, allez ! reprenez-le-lui tout de suite. »
    Éva, chagrine et déconcertée, se retourna avec lenteur.
    « Marie, laissez faire l’enfant ! qu’elle agisse comme elle l’entendra ! intervint Saint-Clair.
    – Comment se conduira-t-elle alors dans le monde ?
    – Dieu le sait ; mais elle se conduira certainement mieux, selon le ciel, que vous ou moi.
    – Ô papa ! chut ! dit Éva en lui touchant doucement le coude. Ne chagrinez pas maman.
    – Eh bien, cousin, êtes-vous prêt à nous accompagner ? demanda miss Ophélia, se tournant de son côté tout d’une pièce.
    – Je ne vais pas au prêche, je vous remercie, répondit Saint-Clair.
    – Je voudrais que Saint-Clair m’accompagnât quelquefois à l’église, dit Marie, mais il n’a pas un atome de religion. C’est vraiment inconvenant.
    – Je le sais, répondit Saint-Clair. Vous autres femmes, vous allez, je suppose, à l’église, pour apprendre à vous conduire dans le monde, et votre piété rejaillit sur nous, en considération. Si je faisais tant que d’y aller, moi, j’irais où va Mamie. Là, du moins, il y a chance de se tenir éveillé.
    – Quoi, parmi ces braillards de méthodistes ! fi ! l’horreur !
    – Tout ce que vous voudrez, Marie, excepté la mer morte de vos vénérables chapelles ! C’est trop exiger d’un homme. Est-ce que tu aimes à y aller, Éva ! Viens, reste à la maison ; tu joueras avec moi.
    – Merci, papa, j’aime mieux aller au sermon.
    – N’est-ce pas affreusement ennuyeux ?
    – Oui, un peu, quelquefois, dit Éva, et je m’y endors aussi ; mais je tâche de me tenir éveillée.
    – Alors, pourquoi y vas-tu ?
    – Voyez-vous, papa, lui murmura-t-elle

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