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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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contrastaient d’une étrange façon avec son chapeau à larges bords, et sa phraséologie méthodique.
    « Notre ami Phinéas, dit Siméon, à découvert quelque chose d’important pour toi et les tiens, Georges ; il est bon que tu l’entendes.
    – En effet, reprit Phinéas, et cela prouve, comme je l’ai toujours dit, qu’en certains endroits, un homme ne doit jamais dormir que d’une oreille. La nuit dernière je m’arrêtai dans une petite auberge isolée sur la route d’en bas ; tu te rappelles, Siméon, la même où nous vendîmes quelques pommes l’an passé à une grosse femme qui avait d’énormes pendants d’oreilles. Eh bien, j’étais las d’avoir longtemps roulé, et après souper je m’étendis sur un tas de sacs dans un coin, et je tirai sur moi une peau de buffle, en attendant que mon lit fût prêt. Voilà que je m’avise de m’endormir : oh mais, comme une souche !
    – D’une oreille, Phinéas ? dit tranquillement Siméon.
    – Non, des deux cette fois ! je dormis oreilles et tout, plus d’une bonne heure ; car j’étais furieusement fatigué. Quand je commençai à m’éveiller un peu, je m’aperçus qu’il y avait dans la chambre des hommes assis autour d’une table, qui buvaient et causaient. Je pensai, à part moi, qu’avant de bouger, je ferais bien de savoir un peu ce qui les amenait là, d’autant mieux qu’ils avaient marmotté quelque chose des quakers. « C’est sûr, dit l’un, ils sont dans la colonie, ça ne fait pas de doute. » Pour lors, j’écoutai de mes deux oreilles, et je compris qu’il s’agissait de vous autres. Je ne soufflai mot ; ils développèrent tous leurs plans. Le jeune homme doit être renvoyé au Kentucky, à son maître, qui en veut faire un exemple, pour dégoûter les nègres de s’enfuir. Deux d’entre eux doivent s’emparer de la femme et l’aller vendre pour leur compte à la Nouvelle-Orléans ; ils calculent qu’ils en auront de seize à dix-huit cents dollars. Quant au petit, il doit revenir au marchand qui l’a acheté. Restent encore Jim et sa vieille mère qu’on rendra tous deux à leur maître. Ils ont dit aussi qu’il y avait deux constables, dans une ville située un peu plus haut, qui viendraient avec eux arrêter les fugitifs. La jeune femme sera menée devant un juge ; et un des drôles, qui est petit et qui a la langue bien pendue, jurera qu’elle lui appartient, et se la fera adjuger pour la conduire au Sud. Ils savent au juste de quel côté nous allons cette nuit, et ils seront sur nos talons, en force, comme qui dirait six ou huit. Voilà ! Qu’y a-t-il à faire à présent ?
    Le groupe qui venait d’entendre cette communication restait pétrifié, dans des attitudes diverses. Rachel Halliday avait cessé de pétrir sa pâte pour écouter la nouvelle, et levait au ciel ses mains enfarinées, d’un air de détresse : Siméon paraissait profondément pensif ; Éliza entourait son mari de ses bras, et le regardait. Georges, debout, les poings serrés, les yeux étincelants, avait l’expression terrible d’un homme dont la femme doit être vendue à l’encan, et le fils livré à un marchand d’esclaves, le tout sous la protection des lois d’une nation chrétienne.
    « Que ferons-nous, Georges ? demanda Éliza d’une voix faible.
    – Je sais ce que j’ai à faire, moi , dit Georges ; et rentrant dans la petite chambre, il examina ses pistolets.
    – Aïe ! aïe ! dit Phinéas, faisant de la tête un signe au maître du logis ; tu vois, Siméon, comment cela va tourner.
    – Je vois, répliqua Siméon en soupirant ; et je prie Dieu qu’on n’en vienne pas là.
    – Je ne veux compromettre personne avec moi, ou pour moi, dit Georges. Si vous voulez seulement me prêter votre chariot, et m’indiquer la route, j’irai seul à la prochaine station. Jim est d’une force de géant, intrépide comme la mort et le désespoir, et moi, je suis résolu.
    – À merveille ! ami, reprit Phinéas, tu n’en auras pas moins besoin d’un guide. Tu es bien venu à te servir de tout ton savoir de bataille ; mais je sais, moi, une chose ou deux, concernant la route, que tu ne sais pas.
    – Je ne voudrais pas vous compromettre, dit Georges.
    – Me compromettre ! répéta Phinéas d’un air singulièrement pénétrant et rusé. Quand tu me compromettras, tu m’obligeras de m’en avertir.
    – Phinéas est sage et habile, dit Siméon. Tu feras bien, Georges, de t’en

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