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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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Rosa, et elle la saisit en même temps par le bras avec rudesse.
    – Voulez-vous bien me lâcher, miss Rosa ! dit Topsy se débattant ; ce sont pas vos affaires !
    – Ne t’avise pas d’être impertinente ! je t’ai vue cacher quelque chose ; – je connais tes tours. » Et Rosa essaya de la fouiller, tandis que Topsy, furieuse, défendait vaillamment, à coups de pieds et de poings, ce qu’elle regardait comme son droit. La clameur et la confusion de la bataille attirèrent miss Ophélia et Saint-Clair.
    « Elle a volé ! dit Rosa.
    – C’est pas vrai ! vociféra Topsy sanglotant avec passion.
    – Donnez-le-moi, n’importe ce que c’est ! » dit miss Ophélia d’un ton ferme.
    Topsy hésitait ; mais, sur un second ordre, elle tira de son sein un petit paquet roulé dans le pied d’un vieux bas.
    Miss Ophélia retourna le bas. Il s’y trouvait un petit livre donné à Topsy par Éva, contenant un verset de l’Écriture sainte pour chaque jour de l’année, et un papier renfermant la boucle de cheveux qu’elle avait reçue, au jour mémorable où Éva avait fait ses derniers adieux.
    Saint-Clair était profondément ému. Le petit livre avait été roulé dans une longue bande de crêpe noir, arrachée aux draperies mortuaires.
    « Pourquoi as-tu entouré ce livre de cela ? dit Saint-Clair en soulevant le crêpe.
    – Pa’ce que, – pa’ce que – ça venait de miss Éva. Oh ! ne l’ôtez pas ! dit-elle ; ne l’ôtez pas, s’il vous plaît ! » Elle s’assit à terre, et, se couvrant la figure de son tablier, elle sanglota de toutes ses forces.
    C’était un curieux mélange de pathétique et de grotesque : – ce vieux petit bas, – ce crêpe noir, – ce livre du saint texte, – cette blonde et soyeuse boucle, – Topsy et sa détresse.
    Saint-Clair sourit ; mais il y avait des larmes dans ses yeux, lorsqu’il dit : « Allons, allons, ne pleure pas ; on te les rendra. » Il rassembla les objets épars, les jeta sur les genoux de la petite fille, et entraîna miss Ophélia au salon.
    « Je crois réellement que vous pourrez en faire quelque chose, dit-il, désignant l’enfant du doigt par-dessus son épaule. Tout esprit capable de ressentir une douleur sincère est apte au bien. Essayez, tâchez d’en faire quelque chose.
    – L’enfant a beaucoup gagné, dit miss Ophélia, et j’en ai bonne espérance, mais, Augustin, – elle appuya sa main sur le bras de Saint-Clair, – il faut que je vous demande une chose : à qui appartient-elle ? – À vous, ou à moi ?
    – Eh, je vous l’ai donnée, répliqua Augustin.
    – Non pas légalement. Je veux l’avoir à moi de par la loi, dit miss Ophélia.
    – Fi donc, cousine ! que pensera la Société Abolitionniste ? Elle ordonnera au moins un jour de jeûne pour votre apostasie, si vous devenez propriétaire d’esclaves !
    – Folies ! je veux qu’elle soit à moi pour avoir le droit de la conduire dans un État libre, et de lui donner sa liberté. Alors tout ce que je m’efforce de faire ne sera pas perdu.
    – Ah ! cousine, que « de maux peut engendrer votre fureur de faire le bien ! » Impossible à moi de vous encourager.
    – Je vous demande de raisonner, non de plaisanter, dit miss Ophélia. Il est inutile que j’essaie de faire de cette enfant une chrétienne, si je ne la sauve de tous les hasards et de tous les revers de l’esclavage. Avez-vous réellement envie de me la donner ? Alors faites-moi un acte légal, une donation en forme.
    – Bien, bien, je le ferai, dit Saint-Clair. Il s’assit, et déploya le journal.
    – Mais je veux que la chose se fasse tout de suite.
    – Qu’est-ce qui vous presse tant ?
    – C’est qu’il n’y a que le présent pour agir, dit miss Ophélia. Allons ! voilà du papier, une plume, de l’encre, écrivez. »
    Saint-Clair, comme la plupart des gens de son humeur, haïssait cordialement le temps présent ; et la rectitude positive et pressante de miss Ophélia lui était insupportable.
    « Eh bien, qu’y a-t-il ? ne pouvez-vous donc vous en fier à ma parole ? On croirait que vous avez appris des juifs à harceler un pauvre hère.
    – Je veux être sûre de mon droit, dit miss Ophélia. Vous pouvez mourir ou faire faillite, et alors Topsy serait mise à l’encan, en dépit de tous mes efforts.
    – Vous êtes, en vérité, d’une merveilleuse prévoyance ! Eh bien, puisque je suis entre les mains d’une Yankee [41] , il

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