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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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homme ! – c’est à en mourir de honte ! »
    Miss Ophélia savait que l’usage général était d’envoyer aux maisons de châtiment, pour y être brutalement exposées et soumises à de honteuses corrections, des pauvres femmes, des jeunes filles, livrées ainsi aux derniers des hommes, – à des hommes assez vils pour faire un tel métier. Elle l’avait su ; mais elle n’en comprit l’odieuse réalité qu’en voyant la délicate jeune fille se tordre d’angoisse à ses genoux. Tout le sang de la pudeur féminine, le libre et vigoureux sang de la Nouvelle-Angleterre, empourpra ses joues, et reflua vers son cœur indigné. Mais, avec sa prudence et son habituelle fermeté, elle se domina, et, froissant le papier dans sa main, elle dit simplement à Rosa :
    « Asseyez-vous, enfant, tandis que j’irai parler à votre maîtresse.
    « C’est odieux, barbare, infâme ! » se disait-elle en traversant le salon.
    Elle trouva Marie assise dans sa bergère ; Mamie, debout derrière elle, lui démêlait les cheveux ; Jane, accroupie à terre, lui frottait les pieds.
    « Comment vous portez-vous aujourd’hui ? » demanda miss Ophélia.
    Marie poussa un profond soupir, ferma les yeux, et ne répondit pas. Enfin, au bout d’un moment, elle dit avec langueur : « En vérité, je n’en sais rien, cousine ; je suppose que je me porte aussi bien que je puis me porter désormais ! Elle s’essuya les yeux avec un mouchoir de batiste, encadré d’une large bordure noire.
    – Je venais, dit miss Ophélia, et elle fut prise de la petite toux sèche qui précède d’ordinaire un sujet difficile, – je venais vous parler de la pauvre Rosa. » Les yeux de Marie s’ouvrirent tout grands cette fois, et ses joues jaunes se teignirent de rouge, comme elle répondait aigrement :
    « Eh bien ! qu’avez-vous à m’en dire ?
    – Elle est très-fâchée de sa faute.
    – Vraiment ! Elle en sera encore plus fâchée avant que j’en aie fini avec elle. J’ai enduré trop longtemps son insolence : maintenant je prétends l’humilier, – la faire descendre dans la boue !
    – Mais ne pourriez-vous la punir de quelque autre façon, d’une façon moins honteuse ?
    – Je veux lui faire honte ; c’est précisément ce que je veux. Toute sa vie elle a tiré vanité de sa taille, de sa figure, de ses airs de dame, à ce point qu’elle en a oublié ce qu’elle est ; je lui donnerai une leçon qui le lui rappellera.
    – Mais, cousine, réfléchissez que si vous détruisez toute délicatesse, toute pudeur dans une jeune fille, vous la dépravez.
    – De la délicatesse ! dit Marie avec un rire de mépris ; un grand mot qui va bien à elle et à ses pareilles ! Je lui apprendrai que, malgré tous ses grands airs, elle ne vaut pas mieux que la dernière fille déguenillée qui court les rues. Elle ne s’avisera plus d’en prendre avec moi, des airs !
    – Vous aurez à répondre à Dieu d’une telle cruauté ! dit miss Ophélia.
    – De la cruauté ! je voudrais bien savoir en quoi je suis cruelle ? je n’ai écrit l’ordre que pour quinze coups, encore ai-je ajouté de ne pas les donner trop forts. Assurément il n’y a pas là de cruauté !
    – Pas de cruauté ! reprit miss Ophélia. Je suis sûre que toute jeune fille préférerait cent fois mourir !
    – Vous jugez cela de votre point de vue, mais toutes ces créatures y sont faites : c’est le seul moyen de les ranger à l’ordre. Laisser leur une fois se donner des airs de délicatesse, et tout ce qui s’en suit, elles vous grimperont bien vite sur le dos, et vous mangeront dans la main, comme ont toujours fait ici mes filles de service. J’ai commencé à les ramener sous ma férule ; et j’entends qu’elles sachent bien que je les enverrai fouetter, l’une comme l’autre, si elles bronchent ! » Et Marie regarda autour d’elle d’un air décidé.
    Jane baissa la tête et se courba davantage encore, car elle sentait que la menace était à son adresse.
    Miss Ophélia eut l’air un moment d’avoir avalé de la poudre à canon et d’être prête à sauter. Mais se rappelant l’inutilité de toute discussion avec une nature semblable, elle ferma résolument ses lèvres, se leva, et sortit de la chambre.
    Ce lui fut chose rude que d’annoncer à Rosa qu’elle avait échoué. Bientôt, un domestique vint dire que sa maîtresse lui avait donné ordre de conduire la jeune quarteronne à la maison de

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