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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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dépôt d’esclaves à la Nouvelle-Orléans est une maison bien tenue, qui ne diffère pas essentiellement des autres magasins, et où vous pouvez voir chaque jour, alignés sous une espèce de hangar, au dehors, des rangées d’hommes et de femmes, enseigne de la marchandise qui se vend au dedans.
    On vous priera, de la façon la plus courtoise, d’entrer, d’examiner, et vous trouverez abondance de maris, de femmes, de frères, de sœurs, de pères, de mères, de jeunes enfants, à vendre séparément ou par lots, selon la convenance de l’acquéreur. L’âme immortelle, rachetée jadis par le sang et les angoisses du Fils de Dieu fait homme, alors que « la terre trembla, que les pierres se fendirent, et que les sépulcres s’ouvrirent, » se vend là, s’y loue, s’hypothèque, se troque contre de l’épicerie ou tout autres denrées sèches, suivant les phases du commerce et la fantaisie de l’acheteur.
    Tom, Adolphe et leurs compagnons d’infortune avaient été confiés à la bienveillante sollicitude de M. Skeggs, gardien d’un dépôt dans la rue de ***, pour y attendre la vente du lendemain.
    Tom, ainsi que la plupart de ses camarades, apportait avec lui une malle remplie de vêtements. On les introduisit dans une longue salle où ils devaient passer la nuit, et où étaient déjà rassemblés des hommes de tout âge, de toute taille et de toutes nuances, qui, livrés à une gaieté factice, riaient aux éclats.
    « Ah ! ah ! voilà qui va bien ! Donnez-vous-en ! dit M. Skeggs le gardien. Mon monde est toujours si réjoui ! C’est Sambo, à ce que je vois, » dit-il d’un ton approbateur à un gros nègre, qui exécutait quelque ignoble bouffonnerie, cause des bruyants éclats de rires qui avaient accueillis les nouveaux venus.
    Tom, comme on l’imagine, n’était pas d’humeur à prendra part au divertissement. Il déposa donc sa malle le plus loin possible du bruyant groupe, et s’assit dessus, le visage tourné vers le mur.
    Les trafiquants d’articles humains font des efforts systématiques pour propager parmi leur marchandise une grossière et tapageuse gaieté, comme moyen d’étouffer la réflexion, et de rendre les esclaves insensibles à leur sort. Le régime auquel le nègre est soumis, du moment qu’il est acheté dans le Nord jusqu’à son arrivée au Sud, a pour but unique de tuer sa pensée, de l’abrutir. Le marchand d’esclaves recrute son troupeau dans la Virginie et le Kentucky ; il le conduit ensuite à quelque endroit bien situé et salubre, – souvent à des eaux thermales – pour y être engraissé. Là, les esclaves mangent à discrétion ; et, comme il s’en trouve toujours quelques-uns enclins à la mélancolie, on fait jouer du violon tout le jour, et on les oblige à danser. Celui qui se refuse à être gai, – dont l’âme est encore hantée du souvenir de sa femme, de ses enfants, de son logis, – est noté comme un être sournois, dangereux, et livré par suite à tous les maux que peut engendrer la malveillance d’un homme endurci et irresponsable. La vivacité, l’entrain, les apparences de la gaieté, surtout devant des regardants, leur sont constamment imposés, tant par l’espérance de trouver un bon maître, que par la crainte de tout ce que peut leur infliger la colère du marchand, s’il ne parvient pas à s’en défaire.
    « Quoi qu’ i fait là ce nèg’ ! » dit Sambo en s’approchant de Tom, après que M. Skeggs eut quitté la salle. Sambo était d’un noir foncé, de grande taille, vif, bavard et grand faiseur de tours et de grimaces.
    « Quoi que vous faire là ? ajouta Sambo lui allongeant facétieusement son poing dans les côtes. Vous ruminer, hein ?
    – Je dois être vendu demain à l’encan, répondit Tom d’un ton calme.
    – Vendu à l’encan. – Hé ! ho ! garçons ! c’est ça qui est amusant ! Je voudrais en être, moi ! – Comme je vous les ferais rire ! Dites donc, hé ! c’est-i là tout le lot qui s’en va demain ? ajouta-t-il en posant familièrement sa main sur l’épaule d’Adolphe.
    – Laissez-moi tranquille, s’il vous plaît ! dit Adolphe d’un ton farouche, en se redressant avec dégoût.
    – Eh là ! vous aut’s ! en v’là un de vos nèg’ blancs ! une façon de couleur de crème qui embaume ! Et, se rapprochant d’Adolphe, il le flaira. Seigneur ! bon pour un débit de tabac ; lui, embaumer toute la boutique ! faire venir grands chalands, –

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