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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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commercerai alors de bon cœur avec vous, et vous y trouverez votre compte, dit-elle.
    – Sans doute, reprit le marchand ; vendre ou acheter, ça m’est tout un, pourvu que l’affaire soit bonne. Ce que je veux, c’est de gagner honnêtement ma vie, madame, et nous n’en faisons ni plus ni moins tous tant que nous sommes, je présume ! »
    Monsieur et madame Shelby, ennuyés l’un et l’autre, se sentaient en quelque sorte dégradés par l’impudente familiarité du marchand ; mais tous deux voyaient la nécessité de se contraindre. Plus l’homme se montrait insensible et sordide, plus madame Shelby craignait qu’il ne réussit à s’emparer d’Éliza et de Henri, et plus elle redoublait d’efforts et d’artifices féminins pour le retenir. Elle lui souriait gracieusement, causait avec aisance et familiarité, et mettait tout en œuvre pour faire couler le temps d’une façon imperceptible.
    À deux heures Sam et Andy amenèrent les chevaux rafraîchis, et tout gaillards de leur escapade du matin.
    Sam se tenait là, huilé à neuf par le dîner, officieux, et tout débordant de zèle. Il était en train de se vanter, en style fleuri, de la façon dont il ménagerait les affaires, maintenant qu’il s’y mettait tout de bon, lorsque Haley s’approcha.
    « Votre maître n’a pas de chiens, je le parierais ! dit Haley d’un air réfléchi, comme il se préparait à monter en selle.
    – Lui ! eh, en avoir des tas ! répliqua Sam d’un air superbe. V’la Bruno d’abord, un fameux braillard ! et puis, chacun de nous autres nèg’s a-t-il pas son roquet ?
    – Pouah ! dit Haley ; – et il ajouta quelques mots qui chatouillèrent la susceptibilité de Sam, lequel murmura.
    – Pas comprend’, moi, pourquoi jurer après pauv’bêtes !
    – Voyons, reprit Haley, ton maître a-t-il des chiens (je suis assez sûr d’avance que non) dressés à dépister les nègres ? »
    Sam savait à merveille ce que le marchand voulait dire ; mais il conserva l’air de la plus candide, de la plus désespérante simplicité.
    « Nos chiens avoir un flair qui compte. Eux être de la bonne race ! pas dressés, vrai ; mais fameux une fois lancés. Ici, Bruno ! » Et il siffla le grand terre-neuve, qui, la queue en l’air, accourut à lui en folâtrant.
    « Allez vous faire pendre ! s’écria Haley s’élançant sur son cheval. Enfourchez-moi vos bêtes, et en avant !
    Sam obéit, et sautant à cheval, trouva encore moyen de chatouiller son camarade. Andy partit aussitôt d’un éclat de rire immodéré, à la grande indignation de Haley, qui lui allongea un coup de cravache.
    « Mal à toi, Andy, fit observer Sam avec une imperturbable gravité. Chose sérieuse, Andy, et toi faire le farceur. Pas bon moyen d’aider massa !
    – J’irai à la rivière par le plus court, dit le marchand d’un ton déterminé, dès que les limites de la propriété furent dépassées. Je connais toutes leurs ruses, – ils se creuseraient des chemins sous terre !
    – Là ! s’écria Sam, voilà la bonne idée. Massa bouter tout de suite au blanc. Y a deux routes pour aller à grand’rivière, – route vieille d’en bas ; route neuve d’en haut. – Laquelle massa vouloir prendre ? »
    Andy ouvrit de grands yeux à cette révélation d’un nouveau fait géographique, mais ne s’en hâta pas moins de le confirmer avec véhémence.
    « À savoir, reprit Sam, Lizie, je le gagerais, avoir pris la route d’en bas, vu qu’elle est la moins fréquentée. »
    Quoique Haley fût un fin merle qui de loin flairait la glue, ce point de vue le frappa.
    « Si vous n’étiez pas tous deux de si damnés menteurs !… » dit-il en réfléchissant.
    Le ton dubitatif de la remarque parut amuser prodigieusement Andy qui se retira un peu en arrière, riant si fort qu’il faillit en tomber de cheval, tandis que Sam conservait la même gravité solennelle et dolente.
    « Massa ira par où massa voudra, c’est sûr, reprit-il : au plus court, route d’en haut, si massa pense être la meilleure. – Que nous fait ? même chose pour nous. À présent, j’y songe, route droite être déridément la plus courte.
    – Elle choisira nécessairement le chemin le plus solitaire, pensait tout haut le marchand, sans écouter Sam.
    – Pas sûr, reprit celui-ci. Filles avoir leurs caprices ! faire jamais comme on croit elles devoir faire, mais tout juste au rebours. Vous croire elles prendra un

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