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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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répliqua Van Trompe aussi brièvement. » Ils échangèrent une poignée de mains, et se séparèrent.

CHAPITRE XI

Prise de possession.

Le jour apparaît gris et brumeux à travers la fenêtre de la case de l’oncle Tom. Il éclaire des visages abattus, reflets de cœurs plus tristes encore. Une ou deux chemises grossières, mais propres, fraîchement repassées, sont posées sur le dos d’une chaise devant le feu, et sur la petite table à côté, tante Chloé en étale une troisième. Elle unit et aplatit d’un coup de fer chaque pli, chaque ourlet, avec la plus scrupuleuse exactitude : de temps à autre elle porte sa main à son visage pour essuyer les pleurs qui coulent le long de ses joues.
    Tom est assis, sa Bible ouverte sur ses genoux, la tête appuyée sur sa main : tous deux se taisent. Il est de bonne heure, et les marmots dorment ensemble dans le coffre à roulettes.
    Tom possédait au plus haut degré la tendresse de cœur, les affections de famille qui, pour le malheur de sa race infortunée, sont un de ses caractères distinctifs. Il se leva, et alla en silence regarder ses enfants.
    « Pour la dernière fois, » dit-il.
    Tante Chloé ne parla pas, mais elle passa et repassa le fer avec énergie sur la grosse chemise, déjà aussi lisse que possible ; puis, s’arrêtant tout à coup avec un mouvement désespéré, elle s’assit, éleva la voix et pleura.
    « Je suppose qu’il faut se résigner ; mais, ô seigneur bon Dieu ! comment pouvoir ?… Si je savais tant seulement où on va te mener, mon pauvre homme, et comment tu seras traité ! Maîtresse dit qu’elle tâchera, qu’elle te rachètera dans un an ou deux ; mais, seigneur ! personne ne revient de ceux qui s’en vont là-bas ! on les y tue, pour sûr ! Ai-je pas entendu conter comme on les écrase de travail sur les plantations !
    – Il y a le même Dieu là-bas qu’ici, Chloé.
    – Ça se peut bien ; mais le bon Dieu laisse arriver des choses terribles quelquefois. Je n’ai pas grande consolation à attendre de ce côté.
    – Je suis entre les mains du Seigneur, dit Tom. Rien ne peut aller plus loin qu’il ne veut, et il y a toujours une chose dont je le remercie : c’est que ce n’est ni toi, ni les petits qui sont vendus, mais moi . Vous resterez ici en sûreté ; ce qui aura à tomber ne tombera que sur moi, et le Seigneur me viendra en aide… je le sais. »
    Ah ! brave et mâle cœur, tu étouffes ta douleur pour réconforter tes bien-aimés ! Tom parlait avec peine, quelque chose le tenait à la gorge ; mais sa volonté était ferme et vaillante.
    « Pensons aux grâces que nous avons reçues, ajouta-t-il d’une voix brisée, comme s’il lui eût fallu en effet un grand effort de courage pour y penser en ce moment.
    – Des grâces ! dit tante Chloé, je n’en vois guère. C’est pas juste, non, c’est pas juste ! le maître n’aurait jamais dû en venir à te laisser prendre, toi, pour payer ses dettes. Lui as-tu pas gagné deux fois plus qu’on ne lui donne de toi ? Il te devait ta liberté ; il te la devait depuis des années. Il est peut-être bien empêché, je ne dis pas non ; mais ce qu’il fait là est mal, je le sens. Rien ne me l’ôterait de l’idée. Une créature si fidèle, qui a toujours mis l’intérêt du maître avant le sien, qui comptait plus sur lui que sur femme et enfants ! Ah ! ceux qui vendent l’amour du cœur, le sang du cœur pour se tirer d’embarras, auront à régler un jour avec le bon Dieu !…
    – Chloé, si tu m’aimes, faut pas parler ainsi, pendant la dernière heure, peut-être, que nous aurons jamais à passer ensemble. Vrai, je peux pas entendre un mot contre le maître. A-t-il pas été mis dans mes bras tout petit ? C’est de nature , vois-tu, que j’en pense toutes sortes de biens ; mais, lui, pourquoi se préoccuperait-il du pauvre Tom ? Les maîtres sont accoutumés à ce que tout se fasse au doigt et à l’œil, et ils n’y attachent pas d’importance. On ne peut pas s’y attendre, vois-tu ! compare seulement notre maître aux autres. – Qu’est-ce qui a été mieux traité, mieux nourri, mieux logé que Tom ? Jamais le maître n’aurait laissé arriver ce mauvais sort s’il avait pu le prévoir, – je le sais ; j’en suis sûr.
    – C’est égal, – il y a quelque chose de mal au fond , dit la tante Chloé, dont le trait prédominant était un sentiment têtu de justice ; je ne saurais au juste dire

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