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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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nature d’un cœur juste, honnête et noble, un grand cœur dans un corps de géant, il avait pendant quelques années supporté, avec un malaise croissant, le jeu d’un système également funeste à l’oppresseur et à l’opprimé. Un jour enfin son noble cœur se gonflant de façon à rompre sa chaîne, il avait pris son portefeuille, et traversant l’Ohio, acheté dans cet État bon nombre d’hectares d’un terrain riche et productif. Après quoi, affranchissant tout son monde, hommes, femmes, enfants, il les expédia dans des charrettes à ces nouvelles terres pour s’y établir ; et l’honnête Jean, se retirant sur une ferme isolée au bord d’une baie, jouissait en paix, dans cette profonde retraite, de sa conscience et de ses réflexions.
    « Êtes-vous homme à protéger une pauvre femme et son enfant contre ces traqueurs d’esclaves ? demanda nettement le sénateur.
    – Je suppose que oui ! répondit Van Trompe avec quelque emphase.
    – J’en étais sûr.
    – Qu’ils y viennent ! reprit le brave homme, développant dans toute leur étendue ses membres musculeux. Qu’ils y viennent ! j’ai sept fils, chacun de six pieds de haut, tous à leurs ordres. Présentez-leur nos humbles respects ! poursuivit le facétieux Jean Van Trompe, dites-leur que nous sommes prêts ! que le plus tôt sera le mieux ! » Le géant passa sa main puissante à travers le chaume épais qui formait sa chevelure, et éclata d’un rire homérique.
    Fatiguée, exténuée, abattue, la pauvre Éliza se traîna vers la porte, son enfant profondément endormi dans ses bras. L’ourson approcha la lumière de sa figure, et, laissant échapper un grognement de compassion, ouvrit la porte d’une petite chambre attenant à la vaste cuisine où ils se trouvaient ; il lui fit signe d’y entrer, alluma une chandelle, posa le flambeau sur la table, et s’adressant alors à Éliza :
    « Maintenant, je vous le dis, jeune fille, ne vous avisez pas d’avoir peur. Qu’ils y viennent ! je ne vous dis que ça ; je suis prêt ! et il montra deux ou trois bonnes carabines rangées au-dessus de la cheminée. Ceux qui me connaissent, un brin seulement, savent assez qu’il ne serait pas sain du tout d’essayer d’enlever quelqu’un de chez moi, malgré moi ! Or donc, dormez maintenant sur les deux oreilles, comme si votre mère vous berçait. » Ayant parlé, il referma la porte.
    « C’est qu’elle est des plus jolies, dit-il au sénateur ; et en pareil cas les plus belles ont les meilleures raisons de se sauver, pour peu qu’elles aient quelques sentiments ; je suis au fait !
    Le sénateur raconta en peu de mots les aventures d’Éliza.
    – Oh ! – ah ! – ouf. – Allons ! – demandez-moi un peu ! – Hé là là ! – elle ! oh ! elle ! – une mère ! Eh ! c’est la nature même ! et chassée comme un daim, pour avoir des sentiments naturels, pour avoir agi comme doit agir une mère ! Ces choses-là me feraient jurer ! dit l’honnête Jean, essuyant ses yeux du revers de sa main rugueuse. Voyez-vous, monsieur, c’est pourquoi j’ai passé des années et des années sans me joindre à aucune Église : les ministres de nos côtés prêchaient que la Bible autorise ces rafles d’hommes. Je ne pouvais leur tenir tête, moi, avec leur grec et leur hébreu ! je les plantai donc là, eux et leurs livres. Ce n’est que lorsque j’ai trouvé un ministre qui pouvait leur river leur clou, en grec et en toutes langues, et qui prêchait juste le contraire, que j’ai dit : Voilà mon homme ! et j’ai mordu à la chose et joint sa chapelle, – C’est là l’histoire ! Et Jean qui s’était empressé, tout en parlant, de déboucher quelques bouteilles d’un cidre mousseux, le servit à son hôte.
    – Vous ferez bien, voyez-vous, de nous rester jusqu’au jour, poursuivit-il cordialement. J’appellerai la vieille, et votre lit sera fait en un clin d’œil.
    – Merci, mon bon ami, je devrais être parti déjà. Il faut que je prenne la diligence pour Colombus.
    – Ah ! s’il le faut, alors je fais un bout de chemin avec vous, et je vous montrerai une traverse qui vaut mieux que la détestable route par laquelle vous êtes venu. »
    Jean s’équipa, prit une lanterne, et guida la voiture par un chemin qui descendait vers le bas de la ferme. En le quittant le sénateur lui mit dans la main un billet de dix dollars.
    « C’est pour elle, dit-il.
    – Oui, oui,

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