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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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jours. »
    Haley marcha d’un air pensif jusqu’à l’autre bout du bateau.
    « Si je réalise d’assez beaux bénéfices sur une ou deux de mes prochaines opérations, pensa-t-il, je me retirerai cette année. Le métier devient dangereux. » Il tira son agenda, et se mit à additionner ses comptes ; spécifique très-efficace pour une conscience troublée, et à l’usage de beaucoup d’autres négociants que M. Haley.
    Le bateau s’écarta fièrement de la rive, et tout reprit son joyeux cours. Les hommes recommencèrent à causer, à lire, à fumer, les femmes à coudre, les enfants à jouer, et les roues à tourner de plus belle.
    Un jour que le bateau avait mis en panne devant une petite ville du Kentucky, Haley se rendit à terre pour affaire de négoce.
    Tom, à qui ses fers permettaient de se mouvoir dans un étroit circuit, s’était rapproché du bord, et regardait avec indifférence par-dessus le bastingage. Au bout d’un moment, il vit le marchand revenir d’un pas alerte, accompagné d’une femme de couleur, qui tenait un enfant dans ses bras. Elle était mise avec recherche ; un noir la suivait chargé d’une petite malle ; elle lui adressait la parole de temps à autre. Elle avança gaiement jusqu’à la planche, qu’elle franchit d’un pas rapide. La cloche tinta, la vapeur siffla, la machine gémit, haleta, et le bateau descendit la rivière.
    La femme se faufila entra les caisses et les ballots qui encombraient l’entrepont, et s’asseyant, elle se mit à gazouiller avec son nourrisson.
    Après avoir fait un tour ou deux dans le bateau, Haley s’approcha d’elle ; il lui dit quelques mots d’un ton indifférent.
    Tom vit un nuage sombre passer sur le front de la femme, comme elle répondait avec une grande véhémence :
    « Je ne le crois pas ; je ne veux pas le croire ! vous vous jouez de moi !
    – Si vous ne voulez pas le croire, regardez plutôt ! dit le marchand, tirant un papier. Voilà le contrat de vente, et en bas le nom de votre maître. Je l’ai payé en bel et bon argent, je puis vous le dire.
    – Je ne peux pas croire que maître ait voulu me tromper ainsi, reprit-elle, avec une agitation croissante.
    – Vous n’avez qu’à demander au premier venu qui sait lire l’écriture, Hé ! par ici ! dit Haley à un homme qui passait. Tenez ! lisez haut ce papier. Cette fille s’entête à ne pas me croire, quand je lui dis ce qui en est.
    – C’est un contrat de vente, signé par John Fosdick, dit l’homme, qui vous cède la fille Lucie et son enfant. C’est bien en règle, pour ce que j’y vois. »
    Les exclamations passionnées de la femme attirèrent autour d’elle une foule de curieux, et le marchand leur expliqua sommairement de quoi il s’agissait.
    « Il m’a dit qu’il m’envoyait à Louisville, pour me louer comme cuisinière dans la taverne où travaille mon mari, s’écria-t-elle. C’est là ce que maître m’a dit lui-même, de sa propre bouche, et je ne peux pas croire qu’il m’ait menti.
    – Il vous a vendue, ma pauvre femme ; pas moyen d’en douter, dit un homme à l’air bienveillant, après avoir examiné le papier : il l’a fait ; il n’y a pas à s’y méprendre.
    – Alors, ce n’est plus la peine d’en parler, dit-elle, se calmant tout à coup. Elle serra l’enfant plus étroitement contre elle, s’assit sur sa malle, le dos tourné aux passagers, et regarda vaguement la rivière.
    – Elle prend bien la chose, après tout, dit Haley. La voilà qui se tranquillise. Une fille fière, ma foi ! »
    La femme demeurait immobile pendant que marchait le bateau. Une brise d’été, tiède et douce, passait sur sa tête comme le souffle d’un esprit compatissant : brise du ciel, qui ne s’enquiert pas si le front qu’elle rafraîchit est blanc ou noir. Elle voyait le soleil étinceler sur l’eau en réseaux d’or ; elle entendait résonner alentour des voix joyeuses, animées par le plaisir ; mais un rocher lui était tombé sur le cœur. L’enfant, appuyé contre son sein, se dressa sur ses petits pieds, et de ses petites mains lui caressa les joues. Il sautait, se relevait, balbutiant et gazouillant, comme résolu de la tirer de sa torpeur. Tout à coup elle l’enlaça dans ses bras, et ses larmes tombèrent lentement, une à une, sur le petit visage étonné et riant ; puis elle sembla de nouveau se calmer, et s’absorber dans les soins à donner à l’enfant.
    C’était un petit

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