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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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sillonné les eaux du même nom [26] , descendait gaiement le courant, sous un ciel lumineux. Les étoiles et les bandes du pavillon de la libre Amérique se déployaient et flottaient dans l’air. De belles dames, de beaux messieurs, se promenaient et causaient sur le pont, jouissant d’une radieuse journée. Tous étaient pleins de vie, dispos, joyeux ; tous, excepté la troupe de Haley, qui, emmagasinée avec d’autre fret dans l’entrepont, ne semblait pas apprécier ses divers privilèges : amassés en un tas, les nègres se parlaient à voix basse.
    « Hé ! enfants, dit Haley se frottant les mains, j’espère que vous vous tenez le cœur en joie ! Pas de sournoiseries ; je ne les aime pas, voyez-vous ! Le nez au vent, et la bouche riante, garçons ! Conduisez-vous bien avec moi, je me conduirai bien avec vous. »
    Les esclaves répondirent par l’invariable : « Oui, maître, » qui, de temps immémorial, est le mot d’ordre de la pauvre Afrique : mais ils n’en devinrent pas plus allègres. Ils avaient certains préjugés au sujet des mères, des femmes, des enfants, qu’ils avaient vus pour la dernière fois. Et, bien que ceux « qui les pressuraient exigeassent d’eux de la gaieté, » elle ne pouvait naître sur l’heure. « J’ai une femme ! dit l’ article inscrit sous le nom de « John, âgé de trente ans : » il posa sa main enchaînée sur le genou de Tom ; elle ne sait pas un mot de tout ceci, la pauvre créature !
    – Où demeure-t-elle ? demanda Tom.
    – Dans une taverne, ici près, au bas de la rivière. Si je pouvais seulement la voir encore une fois en ce monde ! »
    Pauvre John ! c’était un souhait bien naturel ; et ses larmes coulaient tout aussi naturellement que celles d’un blanc. Un profond soupir s’exhala du cœur navré de Tom, et il essaya, en son humble guise, de le réconforter.
    Dans la cabine au-dessus étaient assis des pères, des mères, des maris avec leurs femmes : de joyeux enfants couraient, sautaient, tourbillonnaient alentour, comme autant de gais papillons ! La vie coulait à pleins bords facile et douce.
    « Oh ! maman, dit un petit garçon qui remontait de l’étage inférieur, il y a un marchand de nègres à bord, et il a là-bas quatre ou cinq esclaves.
    – Pauvres créatures ! reprit la mère d’un ton moitié chagrin, moitié indigné.
    – Qu’est-ce qu’il y a ? dit une autre dame.
    – De pauvres esclaves dans l’entrepont.
    – Et ils sont enchaînés ! reprit l’enfant.
    – C’est une honte pour notre pays, qu’on y voie de telles choses ! s’écria une troisième femme.
    – Oh ! il y a beaucoup à dire pour et contre, reprit une belle dame occupée à coudre à la porte du salon, tandis que son petit garçon et sa petite fille jouaient devant elle. Je suis allée dans le Sud, et je dois dire que les nègres me paraissent plus heureux, sous tous les rapports, que s’ils étaient libres.
    – Quelques-uns peut-être, sous certains rapports ; reprit la personne qui avait provoqué cette réponse : selon moi, la plus terrible plaie de l’esclavage, c’est l’outrage fait aux sentiments et aux affections, la séparation des familles, par exemple.
    – C’est là une mauvaise chose, assurément, dit l’autre, élevant en l’air une petite robe d’enfant qu’elle venait d’achever, et examinant avec attention les garnitures, mais j’imagine que cela n’arrive pas souvent.
    – Très-souvent, au contraire, reprit la première avec vivacité ; j’ai vécu des années au Kentucky et dans la Virginie, et j’y ai vu des scènes à fendre le cœur. Supposons, madame, que vos deux enfants que voilà vous fussent enlevés et vendus ?
    – Nous ne pouvons comparer notre manière de sentir à celle de ces gens-là, dit la dame, assortissant des laines sur ses genoux.
    – Vous ne les connaissez pas, pour en parler ainsi, dit la première avec chaleur. Je suis née et j’ai été élevée parmi eux. Je sais qu’ils sentent aussi vivement, et peut-être plus vivement que nous.
    – En vérité ? bâilla la dame. Elle regarda par la fenêtre de la cabine, et répéta pour conclusion : Malgré tout, je les crois plus heureux que s’ils étaient libres.
    – L’intention de la Providence est sans aucun doute que la race africaine soit asservie, – tenue en état d’infériorité, reprit un membre du clergé, grave personnage, vêtu de noir, assis en dehors de la cabine :

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